Le Drian recadre sèchement une élue sur la situation politique en Algérie
Par Mohamed K. – Le Premier ministre français se rendra «bientôt à Alger pour un comité interministériel de haut niveau qui devait avoir il y a quelques jours mais qui a été repoussé en raison de la pandémie», a annoncé ce mercredi Jean-Yves Le Drian. Répondant à une question de Laurence Rossignol, présidente du groupe socialiste, écologiste et républicain, le chef de la diplomatie française a affirmé que «nos deux pays sont liés par des liens humains ancrés dans l’histoire, des liens tout à fait essentiels, et notre volonté est de renforcer notre relation». «Cette volonté s’exprime au plus haut niveau puisque les président Tebboune et Macron se parlent régulièrement», a-t-il poursuivi, en ajoutant que «nous entretenons des relations régulières au niveau des ministres des Affaires étrangères».
«Les autorités algériennes ont exprimé l’ambition de réformer l’Algérie en profondeur dans un esprit de dialogue et d’ouverture qui correspondent aux attentes qui ont été exprimées dans le Hirak de manière pacifique et avec dignité par les Algériens», a souligné Jean-Yves Le Drian, qui a formulé le souhait que les réformes «réussissent au bénéfice de l’Algérie et des Algériens».
Recadrant la députée qui appelle le gouvernement français à s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie, le ministre a répondu, sur un ton ferme, que «c’est aux Algériens et à eux seuls de déterminer la voie de ce chemin, c’est aux Algériens et à eux seuls de fixer les modalités de ce destin dans le respect des libertés publiques, dans le respect de la liberté d’expression, dans le respect de la liberté de la presse auxquels la France est attachée partout dans le monde».
«Je trouve le moment de votre question singulier, puisqu’il y a des élections législatives dans quelques jours en Algérie et que la campagne est ouverte depuis quinze jours», a ajouté le membre du gouvernement français qui s’est abstenu de faire des «commentaires supplémentaires», «par respect à la souveraineté du peuple algérien», a-t-il conclu.
Prévue début avril dernier, la visite de Jean Castex avait dû être annulée à la demande de la partie algérienne après un geste provocateur de membres du parti d’Emmanuel Macron qui avait affirmé, par la voix d’une de ses députées, que «La République En Marche se réjouit tout particulièrement de la création d’un comité à Dakhla, précisant que ce comité se situe dans les provinces du Sud marocain». Les représentants du parti au pouvoir en France avaient promis «de faire le déplacement à Dakhla pour inaugurer formellement ce nouveau comité dès que les conditions sanitaires le permettront». Cet acte politique majeur qui engage le parti présidentiel français faisait suite à de nombreux appels de personnalités politiques françaises appelant la France à emboîter le pas aux Etats-Unis et reconnaître la «souveraineté pleine et entière du Maroc» sur le Sahara Occidental.
Ce faux pas, qui avait irrité Alger, intervenait à la veille de la visite du Premier ministre français en Algérie, flanqué de pas moins de dix ministres pour signer un certain nombre de contrats et d’accords, après que son déplacement fut reporté par deux fois en raison de l’absence du président Tebboune. Les députés de LREM engageaient, par leur geste, l’Elysée, Matignon et le Quai d’Orsay dont il était attendu des explications sur cette violation des lois internationales.
Dans une interview à Canal Algérie, l’ambassadeur d’Algérie à Paris avait dénoncé des lobbies qui «travaillent contre une entente cordiale entre l’Algérie et la France». «C’est une action qui consiste à contrecarrer tout effort de développement entre les deux pays», avait-il expliqué, tout en affirmant qu’«aujourd’hui, l’Algérie et la France entament une nouvelle période». «Nous sommes certains d’un côté comme de l’autre, a-t-il dit, que des lendemains meilleurs nous attendent, que nous avons besoin de travailler ensemble, que nous avons besoin de nous comprendre.»
Jean-Yves Le Drian a abondé dans le même sens, aujourd’hui, dans sa réponse sèche à la députée adepte du droit d’ingérence.
M. K.
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