Intellectuels «zombies» et faux «iconoclastes»
Contribution de Mourad Benachenhou – «Il y a des mots aussi meurtriers qu’une chambre à gaz.» (Simone de Beauvoir). «Les idées ne sont pas des jouets. Elles blessent et souvent elles tuent.» (Edouard Helsey, journal Le Figaro du 20 janvier 1945). «Le talent est un titre de responsabilité.» (Charles de Gaulle).
Bien avant la fin officielle de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement provisoire de la République française, libérée de l’occupation nazie humiliante, a lancé une vaste opération d’épuration qui a touché tant les personnes engagées militairement aux côtés de l’armée allemande et de ses services de sécurité que les intellectuels qui avaient pris parti, exclusivement par la plume, pour l’idéologie du IIIe Reich. Le nombre des victimes de ces épurations se comptent par dizaines de milliers dont au moins trente-six mille ont été exécutées sommairement et sans jugement. D’autres, une faible minorité, plus chanceux, ont été traduits devant des juridictions d’exception créées pour la circonstance, et dont les membres étaient plus portés à la revanche, si ce n’est à la vengeance et aux règlements de comptes qu’à la froide reddition de la justice sur la base de principes humanitaires propres aux civilisations avancées.
Une épuration qui a durement frappé les intellectuels français «collabos» des nazis
On aurait pu penser que les intellectuels qui s’étaient fourvoyés dans l’idéologie nazie uniquement et exclusivement par l’écrit, et n’avaient pas pris part à la lutte armée contre les résistants français, auraient été épargnés par cette épuration – à la fois impitoyable et totale, n’épargnant personne parmi les collaborateurs de l’ennemi – parce que le seul crime dont ils pouvaient avoir été chargés ressortit de la sacro-sainte liberté d’expression, un des droits reconnus dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans le pays où elle a été conçue.
Or, il apparaît bien, à travers ces poursuites judiciaires – engagées dans un pays qui se targue des plus hautes valeurs de la civilisation «occidentale» – qu’aucune liberté n’est absolue, et que l’Etat a le droit de sanctionner l’abus des libertés les plus sacrées, si leur exercice porte préjudice aux intérêts supérieurs de la nation ou si elles sont employées pour appuyer un ennemi.
Selon ce que rappelle la citation qui suit, on peut trahir son pays sans avoir participé physiquement et/ou par les armes à aucune action soutenant directement et sans ambiguïté les forces armées ennemies, mais simplement en incitant, par la parole et par l’écrit, des puissances étrangères à intervenir militairement contre son propre pays et son propre peuple ou à réprimer sa résistance : «Le crime pour lequel ces intellectuels furent poursuivis à la libération était la trahison. L’arsenal répressif en la matière se composait des articles 75 et suivant, d’intelligence avec l’ennemi, de la peine de mort sans circonstances atténuantes, de l’article 83 réprimant les actes de nature à nuire à la défense nationale et de l’ordonnance du 26 août 1944 instituant le délit d’indignité nationale… Plus que toute autre catégorie sociale, les porte-plumes de la collaboration symbolisaient le crime d’intelligence avec l’ennemi : ils semblaient l’incarner.» (dans Giszèle Sapiro : Punir la violence des mots, le procès des intellectuels français au sortir de la Seconde Guerre mondiale, revue L’Esprit créateur, Vichy, France, vol. 50, num. 4, 2010, p. 4).
Parmi les 767 condamnés à mort et exécutés pour collaboration avec l’ennemi allemand se trouve un intellectuel, critique littéraire, romancier et écrivain célèbre, Robert Brazillac, fusillé le 6 février 1945, à l’âge de 35 ans, après que le général Charles de Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire français, a refusé de le gracier et de commuer sa peine. C’était, suivant la description qu’a faite de lui Maurice Bardèche, son beau-frère, «un Catalan brun, à demi-espagnol, un peu maure du temps de Saladin, par son ascendance maternelle, très indifférent à l’apologie du grand Aryen blond» (dans : Peter D. Tame : La Mystique du fascisme dans l’œuvre de Robert Brazillac, éditions Palatines, Paris, 1986, p. 11).
Certains de ces auteurs «collabos» parmi «les mieux doués de leur génération», selon le même auteur cité précédemment, n’ont pas reçu le châtiment suprême, mais avaient été interdits de publier, sinon d’écrire, par le Comité national des écrivains (Bardèche ; op. cit. p. 8).
La liberté d’expression n’est pas un absolu
L’objet de cette évocation de la grande purge qui a frappé les intellectuels français ayant embrassé, par leurs seuls écrits, la cause nazie, n’est évidemment pas un appel à leur réhabilitation, mais seulement un rappel de ce qui pourrait apparaître comme une banalité : toute liberté n’est jamais absolue ; elle est limitée par les intérêts supérieurs de la nation en temps de crise, qu’elle soit pacifique ou armée.
Le gouvernement français devait-il recourir à la criminalisation de la collaboration, de caractère essentiellement intellectuel, apportée aux nazis dans la France occupée ? Si le principe de liberté d’expression ne souffre d’aucune limite et d’aucun autre frein que l’imagination et le talent de l’écrivain, comme on le laisse croire actuellement, le général De Gaulle a violé ce principe absolu en décidant de poursuivre ceux qui étaient opposés à sa propre vision de l’Histoire de la France. Et tous ces écrivains, condamnés à mort, proscrits, exécutés, devraient – selon la logique du respect absolu de la liberté d’expression, telle qu’on tente de le vendre et de l’imposer aux «pays arriérés» – bénéficier d’une mesure de grâce à titre rétroactif, et rétablis, même de manière posthume, dans tous leurs droits de citoyens français.
On continue même à poursuivre de la vindicte officielle Louis Ferdinand Céline, un romancier, mort il y a 60 années de cela, mais encore frappé d’une interdiction partielle de publication, quelque 76 années après la fin de la Seconde Guerre mondiale !
On pourrait longtemps attendre de la part des autorités françaises un geste qui ne fera que rétablir ces «honnis de l’histoire» dans leur droit d’exprimer, sans crainte, leurs propres opinions, qu’elles choquent ou non, car le principe de la liberté d’expression ne souffrirait d’aucune exception, quelle qu’en soit la nature. Le traître, qui prendrait position pour les ennemis extérieurs de la nation, devrait, sur ce plan, bénéficier de la même liberté d’expression que ceux qui refusent de mettre leurs plumes au service de ses ennemis.
L’étalon de la liberté d’expression établi par les pratiques de la patrie des droits de l’Homme
La France se présente comme un Etat démocratique exemplaire. Qu’elle n’ait pas fait preuve d’exemplarité dans le respect des droits de l’Homme et des libertés républicaines lors de son occupation de notre pays, occupation qui a duré cent trente-deux années, pourrait entrer en ligne de compte pour juger de la perfection de son régime politique.
Il n’en reste pas moins que l’étalon de la liberté d’expression est établi par la propre pratique de la France dans ce domaine, car c’est elle qui en a fait un des éléments essentiels, non seulement des droits de l’Homme, mais également de la définition de la démocratie.
La France n’est ni une république bananière, soumise à un dictateur à vie, ni un Etat neuf qui se cherche encore, et qui n’aurait pas définitivement établi ses règles de fonctionnement. Donc, quand un gouvernement français décide que la liberté d’expression ne saurait être considérée comme le droit de dire n’importe quoi, n’importe quand, contre n’importe qui, quelles que soient les circonstances, et qu’elle ne saurait englober la collaboration avec une force d’occupation ou un ennemi déclaré, elle établit un précédent fort qui guide les autres nations dans leurs propres définitions de cette liberté fondamentale.
On ne se souvient pas que les différents gouvernements français, qui se sont succédé depuis 1945, aient jamais décidé, au nom du sacro-saint principe de la liberté d’expression – si souvent évoqué dans les campagnes arabophobes et islamophobes en cours actuellement dans l’Hexagone – de réviser les procès intentés contre les intellectuels «collabos» (voir Gérard Loiseaux : La Littérature de la défaite et de la collaboration, éditions Fayard, Paris, 1984) et les peines infamantes qui leur ont été infligées. Donc, l’épuration qui a suivi la fin de l’occupation nazie constitue une jurisprudence encore valide.
L’écrivain est aussi membre d’une communauté dont il ne peut divorcer unilatéralement
Il ne s’agit nullement ici de rouvrir un débat de caractère exclusivement franco-français sur la culpabilité ou l’innocence des intellectuels «collaborateurs» de l’occupation nazie, mais simplement de constater, à travers l’exemple tiré de l’histoire de la «patrie des droits de l’Homme» que, si talentueux qu’il soit, l’écrivain ne peut pas s’autoproclamer, au nom de son droit à s’exprimer comme il l’entend, au-dessus de son peuple, et donc, échappant, dans ses écrits comme dans ses actes, à tout type de règles politiques ou morales l’attachant à son peuple.
Un créateur intellectuel ne peut justifier ses prises de position contre son peuple comme ne devant, du fait de son talent, s’inscrire que dans une grille d’analyse portant sur sa créativité et son talent littéraire.
Ce n’est pas parce qu’on a atteint la célébrité qu’on a le droit absolu d’insulter et de trahir sa patrie ou son peuple, sous prétexte de liberté de création littéraire.
Le droit sacré à la dissension politique n’est pas le droit à la trahison de sa nation
Il ne s’agit pas ici de récuser le droit à la dissension politique. Et tout un chacun doit rester libre de porter des jugements tant positifs que négatifs sur le mode de gouvernance de son pays, sans être inquiété ou menacé de perdre sa liberté ou sa vie. Mais, lorsque, dans ses écrits, l’intellectuel dénigre systématiquement son peuple, ses croyances, son histoire, et va jusqu’à lui refuser le droit d’exister comme nation, il entre dans un terrain miné qui peut le conduire à des actes hostiles à ce peuple, et donc être légitimement et même légalement classé dans la catégorie des traîtres.
On constate un grave glissement de certains auteurs algériens connus par une hostilité sans limite à leur propre peuple, qu’ils ont pris comme profession de dénigrer systématiquement dans les tribunes internationales comme, d’ailleurs, dans leurs créations romanesques. Ils ont gagné, dans les milieux d’outre-mer qui font profession d’arabophobie et d’islamophobie, une réputation qui leur vaut une couverture médiatique assurée et une audience abondante. Restent-ils, à ce compte, vraiment dans l’espace sacro-saint de la liberté d’expression ? Ou sont-ils devenus de simples commerçants vendant les idées et les opinions à la mode à un auditoire plein de haine pour tout ce qui est arabe ou musulman, donc acquis d’avance ?
Le peuple algérien a-t-il vraiment besoin de pasticheurs, d’Eric Zemmour, de Finkielkraut et de Bernard-Henry Lévy ? Ces écrivains confondent la dissension politique, qui est le droit de chaque citoyen, avec le rejet de leur peuple, qui est le premier pas vers la trahison. Aleksandr Issaïevitch Soljenitsyne (1918-2008), le célèbre dissident anti-soviétique, qui a révélé l’ampleur du système des goulags sibériens où étaient exilés les opposants au régime communiste, et a été célébré comme un héros dans le monde capitaliste, n’en a pas moins exalté le peuple russe et la religion orthodoxe et n’a jamais mis «dans le même panier» son peuple et les dirigeants communistes. On ne trouvera dans ses écrits puissants aucun mot de mépris, ni d’insulte contre le peuple russe et l’Eglise orthodoxe qui, pourtant, n’a pas été pour peu dans l’oppression et l’arbitraire du système tsariste dont les excès ont débouché sur la Révolution d’Octobre.
On peut être contre son gouvernement et l’accabler de toutes les critiques possibles et imaginables, mais on ne doit pas envelopper dans le même mépris ses propres concitoyens, en ne ratant aucune occasion de les insulter «urbi et orbi», et donc d’accroire l’hostilité des milieux racistes, xénophobes, arabophobes et islamophobes, qui ont redoublé de férocité au cours de ces deux dernières années.
Les Algériennes et les Algériens n’ont pas besoin d’intellectuels qui ne font que reproduire, sous une signature à consonance algérienne, et en les plagiant plus ou moins, les écrits haineux des BHL, Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Caroline Fourest et autre Michel Houellebecq. Si l’islamophobie serait – comme le prétendent ces écrivains «laïcs» mais néanmoins adeptes d’une idéologie qui prend sa source dans la Bible et qui ont en commun un appui sans réserve à la dernière colonie de peuplement occidentale en terre arabe – un terme dont l’objectif viserait seulement à faire taire les critiques contre l’islam, que serait-ce alors de l’accusation d’antisémitisme qui bloque toute critique du régime d’apartheid sioniste en Palestine historique, comme du fanatisme religieux et du racisme génocidaire de l’idéologie sioniste ?
Nos intellectuels sont supposés refléter nos valeurs et défendre notre société, tout en révélant ses travers, non se mettre au service stipendié d’idéologies qui font de la haine de l’Arabe et de l’islam leur seule raison d’être, leur titre de gloire, comme leur trace dans l’histoire intellectuelle et politique de ce siècle.
Les génocides commencent toujours par la déshumanisation de leurs victimes
De l’agression verbale à l’agression physique, le pas est vite franchi, et tous les génocides commencent par la déshumanisation de ceux que l’on veut effacer de la surface de la terre ! Ceux qui prêtent main forte par la plume et la parole aux ennemis de notre peuple et de notre culture ancestrale ne sont – malgré leur affirmation de leur «libération» des tabous ancestraux – que des «zombies» intellectuels, incapables de penser par eux-mêmes et totalement pris en charge par les idéologies hostiles à leur propre peuple. Ceux qui pastichent, en guise de production littéraire les sionistes islamophobes, racistes et fanatiques religieux, qui dominent les médias et les milieux de la «haute culture» dans l’ancienne métropole, peuvent-ils vraiment être considérés comme des porte-parole d’une partie de l’élite intellectuelle algérienne ou comme reflétant des valeurs universelles dignes d’être embrassées ?
Depuis quand attiser la haine contre son propre peuple et sa culture peut-il être considéré comme un apport positif à son progrès ?
Se faire l’écho d’une bande de fanatiques religieux et de racistes extrémistes, remplis de haine pour l’islam et les peuples arabes et déguisés en «iconoclastes post-modernistes», mais qui ne font que remettre en circulation, pour leur propre cause, les théories nazies condamnées par l’Histoire, ne saurait passer pour de la créativité intellectuelle et ne contribue ni à enrichir la littérature mondiale, ni à rehausser l’originalité de la culture nationale, ni à placer ceux qui suivent ce chemin parmi les bienfaiteurs de la nation algérienne, dignes d’être respectés et émulés.
En conclusion
A l’exemple de la France, cette patrie reconnue des droits de l’Homme, tout pays, dont des intellectuels sont considérés, du fait de leurs écrits, comme des menaces à la sécurité de l’Etat et comme des traîtres à la nation, devrait avoir le droit de les traiter comme cette «démocratie avancée» a traité ses citoyens qui ont eu la mauvaise idée de proclamer leur adhésion politique aux ennemis déclarés de leur pays, et/ou aux forces d’occupation étrangères, et de leur prêter, par leur plume, main forte.
A moins qu’il existe une hiérarchie des nations, certaines présentant des caractéristiques leur donnant le droit de se battre pour survivre et de considérer comme traîtres tous ceux qui, par leurs écrits et leurs pensées, menacent la survie de ces nations, et appuient les ennemis extérieurs, et d’autres nations «inférieures» n’ayant le droit ni d’exister ni même de défendre leur existence, et donc laissent à leurs intellectuels embrassant des causes ennemies le droit d’aller jusqu’au bout de l’expression du rejet de ces nations auxquelles ils appartiennent. Sur la base de quels critères classera-t-on les nations dignes de survivre et celles condamnées à disparaître ? La richesse matérielle ? La puissance militaire ? Le régime politique ? Ou simplement la volonté de puissances extérieures défendant leurs «intérêts vitaux», quel que soit le contenu de ces intérêts ou leur légitimité ?
De plus, les intellectuels de chaque pays ont leurs propres centres d’intérêts, leurs propres préoccupations et leurs propres finalités suivant les spécificités historiques et culturelles de leur peuple. Ils ne peuvent pas prétendre jouer leur rôle de phare de leur pays, s’ils se contentent d’emprunter des prises de position, des analyses, des idéologies aux penseurs et polémistes d’autres nations. Dans le contexte actuel et dans les pays occidentaux, il faut reconnaître que l’islamophobie et le racisme anti-Arabe, suscités en quasi-totalité par des milieux intellectuels appartenant aux franges extrémistes de l’idéologie religieuse et raciale sioniste, connaissent une popularité certaine dans ces pays. Ces prises de position qui heurtent la sensibilité des Algériennes et Algériens sont adoptées dans leur entièreté, et sans nuances, par des intellectuels algériens, au nom de la «liberté d’expression» et au nom du «non-conformisme iconoclaste». Mais, à y voir de plus près, on constate que ces positions ressortissent plus du mimétisme intellectuel que de la libre réflexion, qu’elles s’expliquent par la domination intellectuelle qu’exercent sur eux certains milieux de l’ex-métropole coloniale, et que, donc, malgré la liberté dont ils se réclament, ils ne sont que des «zombies» et de «faux-iconoclastes» sans originalité, et sans rien de positif à offrir à leur peuple, et asservis à des idéologies qui, par définition, rejettent même le droit à l’existence de leur propre nation et de sa culture.
On ne peut prétendre «faire la révolution» et «embrasser le hirak» tout en reprenant, quasiment à la virgule près, les thèses de l’extrême-droite occidentale pro-sioniste et nostalgique du système colonial ! C’est un acte d’indécence, si ce n’est de «délinquance» morale que d’exploiter le mouvement spontané et sincère du «hirak» pour se donner des justifications à sa trahison, et se parer d’une nouvelle virginité intellectuelle et politique.
Le hirak peut se passer du soutien de ceux qui s’associent avec les ennemis du peuple algérien, s’en glorifient et en tirent des bénéfices financiers !
Le temps où les Algériennes et les Algériens trouvaient leurs maîtres à penser dans les pages des publications et dans les colonnes littéraires étrangères est dépassé !
Il faut choisir son camps de manière non ambiguë : soit être avec son peuple jusqu’au bout, quelles qu’en soient les conséquences, soit reconnaître, comme le héros du roman policier de Boris Vian (1920-1959) : J’irai cracher sur vos tombes qu’on a «franchi la ligne» et qu’on ne se reconnaît plus ni dans le peuple algérien, ni dans sa culture, ni dans son histoire millénaire.
M. B.
Ancien ministre de l’Economie
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