Visas : un maire explique pourquoi Paris ne peut pas faire pression sur l’Algérie
Par Nabil D. – C’est LE sujet de l’heure. Les Français ont saisi à la volée l’information révélée par Europe 1 sur les propos tenus par le président Emmanuel Macron au sujet de l’immigration maghrébine et des mesures envisagées pour mettre en branle un plan d’expulsion d’envergure dans les semaines et les mois à venir. Les partisans d’une telle démarche mettent en avant la nécessité d’imposer des restrictions à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie dans le cas où les gouvernements de ces trois pays refuseraient d’accueillir les individus renvoyés.
Ces milieux, généralement proches de la droite et de l’extrême-droite, reprochent aux dirigeants politiques français de faire preuve de «manque de courage» pour exécuter une opération d’expulsions massives «alors que les Français sont de plus en plus nombreux à croire qu’il y a bel et bien un lien entre les problèmes de sécurité et l’immigration». «La France dispose de deux leviers pour contraindre les trois pays maghrébins concernés à accepter d’accueillir leurs ressortissants indésirables sur le territoire français», insistent ces milieux.
Or, à gauche, on rétorque que cela n’est pas aussi facile à réaliser et que les amalgames et la généralisation produiront l’effet inverse et rendront inefficaces les mesures que le locataire actuel de l’Elysée compte mettre en branle «à des fins électoralistes» à quelques encablures de la présidentielle de 2022. Le maire socialiste de Boussy-Saint-Antoine, au sud-est de Paris, a affirmé sur CNews, ce samedi, qu’«on ne peut pas faire pression sur l’Algérie» en ce sens que la France «a besoin de ce pays dans la lutte antiterroriste dans le Sahel». Romain Colas répondait à un ancien gendarme aux positions radicales, selon lequel la restriction des visas serait une solution «idoine».
Europe 1 a indiqué que le Président français avait instruit les services concernés de restreindre le nombre de visas pour les demandeurs algériens, tunisiens et marocains. Selon le média français, le tour de vis serait motivé par les attaques dont il ferait l’objet de la part de la droite et de l’extrême-droite «sur sa politique migratoire».
Aussi Emmanuel Macron «a l’intention d’être plus efficace, notamment sur les expulsions des étrangers en situation irrégulière», a expliqué Europe 1, en affirmant que les flux migratoires «sont en train de repartir» et que «le chef de l’Etat [français] veut montrer qu’il agit». Une réunion «exceptionnelle» s’est tenue mercredi dernier pour «faire le point sur les questions migratoires et, surtout, pour accélérer sa politique», a précisé Europe 1, qui a souligné que trois membres du gouvernement Castex y ont pris part, en l’occurrence, les ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères.
Toujours selon Europe 1, sur les 1 080 étrangers en situation irrégulière inscrits au fichier de prévention de la radicalisation à caractère terroriste, 600 ont été expulsés, dont 538 séjournaient en prison, tandis que près de 20 000 titres de séjour ont été refusés ou retirés à des étrangers présents sur le territoire français pour des «troubles à l’ordre public». «Les rapports des services des renseignements français prédisent un afflux migratoire important dans les prochains mois», a relevé Europe 1.
N. D.
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