Rabat appâte ses émigrés en baissant le prix du billet pour mieux les racketter
Par Kamel M. – Conséquence directe de la [trop] longue fermeture des frontières, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) n’ont pu rentrer au pays. Du coup, leur part de la dîme due au régime monarchique n’a pas été honorée et les caisses de la famille régnante prédatrice n’ont pas été renflouées pour permettre à Mohammed VI de renouveler sa garde-robe et se payer un ou deux nouveaux châteaux. Aussi la compagnie aérienne royale RAM a été instruite par le roi en personne d’opérer une forte baisse des prix sur ses billets en faveur de la diaspora marocaine.
L’autre objectif sournois de cette mesure est d’attiser la colère – pour le moins justifiée – des Algériens auxquels Air Algérie applique des tarifs astronomiques, sans que les responsables de la compagnie nationale n’en fournissent des explications objectives. Le régime de Rabat mise sur une médiatisation extrêmement bien orchestrée à destination de notre communauté à l’étranger pour que le message lui parvienne cinq sur cinq, au lendemain de manifestations houleuses devant l’ambassade d’Algérie à Paris et les consulats disséminés à travers les grandes villes françaises. L’action est donc essentiellement double, même si un troisième facteur vient s’y greffer.
En effet, avec l’éviction retentissante de l’inamovible Benyamin Netanyahou et son remplacement par un nouveau Premier ministre dont il n’est pas dit qu’il suivra la voie tracée par son prédécesseur, les accords passés avec l’entité sioniste sous les auspices de l’ex-président américain Donald Trump risquent de voler en éclats. Si bien, d’ailleurs, que les nouvelles qui parviennent de Washington ne sont pas du tout rassurantes pour les Marocains, puisque le très influent Congrès américain vient de bloquer la promesse de l’ancien locataire de la Maison-Blanche d’ouvrir un consulat dans la ville sahraouie occupée de Dakhla.
Sur ces entrefaites, la crise profonde qui émaille les relations entre le Maroc et l’Espagne a démontré à quel point l’Union européenne est soudée quand il s’agit de défendre un de ses Etats membres en cas d’agression externe. Le lâcher de 10 000 migrants marocains à Ceuta est considéré comme tel. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, aura réussi, notent des observateurs marocains, à se mettre à dos toute l’Europe occidentale liguée contre notre très turbulent voisin de l’Ouest, les pays frontaliers que sont l’Algérie et la Mauritanie, mais aussi les deux géants russe et chinois qui ont réitéré leur condamnation ferme de la violation des résolutions onusiennes par l’administration Trump s’agissant du dossier sahraoui.
Ce n’est pas en baissant le prix du billet de quelques euros que Mohammed VI pourra camoufler ses multiples échecs diplomatiques ou calmer la colère des Marocains de l’intérieur, laminés par la misère qui fait des ravages dans le Maroc profond, inaccessible aux caméras des flagorneuses chaînes de télévision françaises, cependant que le Makhzen est mis au ban par la communauté internationale à cause de sa politique étrangère vétilleuse.
K. M.
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