Le probable futur Premier ministre selon un ancien conseiller à la Présidence
Par Mohamed K. – L’ancien conseiller à la présidence de la République du temps du Haut Comité d’Etat (HCE), Bachir Medjahed, explique que le président Tebboune «peut désigner qui il veut» et «n’est pas obligé de nommer un chef de gouvernement à partir de la chambre basse du Parlement». «C’est lui qui est responsable des résultats de tout l’Exécutif, c’est lui qui a prêté serment et [c’est donc] lui qui est responsable des grandes orientations que traduit le gouvernement en choix stratégiques», explique-t-il.
«Tebboune peut décider de reconduire Abdelaziz Djerad, comme il peut décider de nommer Abdelaziz Khellaf qu’il a préparé depuis au moins une année», révèle l’ancien analyste à l’Institut national des études stratégiques globales (INESG). «Celui-ci, poursuit-il, a été aux commandes du secteur des Finances puis secrétaire général à la présidence de la République, poste auquel lui avait succédé Djerad», rappelle Bachir Medjahed, qui fait remarquer que «la majorité ne sera pas au pouvoir, mais en dehors de l’actuelle APN» qui est «pire que celle qui a été dissoute», soutient-il.
«On ne regarde plus du côté des deux chambres du Parlement, ni du côté des partis politiques», fait savoir l’ancien conseiller, persuadé que «cela fait longtemps qu’on a renoncé à attendre quelque chose de ces côtés-là». «Il ne nous reste, bien malgré nous, qu’à diriger le regard vers la seule armée», croit le géopoliticien qui rappelle, toutefois, que feu le chef d’état-major de l’ANP Mohamed Lamari «avait bien déclaré avec force que, désormais, l’armée n’a plus à soutenir un quelconque candidat». «La suite a montré combien il est difficile de faire une rupture brutale avec l’incursion de l’armée non pas dans le champ politique mais dans le choix du candidat à faire élire, c’est-à-dire à faire pression sur le choix des grandes orientations», ajoute-t-il.
Pour Bachir Medjahed, «l’armée n’a aucun intérêt à soutenir une idéologie, ce qui, dans le cas du soutien, l’amènerait fatalement à flirter avec les risques de la perte de son unité». «Dans le champ politique, les stratèges connus ou non identifiés cherchent à briser aussi bien le pouvoir que l’opposition et également l’armée, en investissant aussi bien dans les positions radicales que les éclaircies conditionnelles», explique-t-il, en précisant que «toutes les armées du monde veillent à ne pas laisser les idéologies gagner du terrain dans leurs rangs». «Ne dit-on pas : exécutez d’abord, discutez ensuite ?» argue-t-il, en estimant qu’«on a peine à imaginer des militaires discuter avant d’exécuter un plan opérationnel ou des ordres».
Enfin, le conseiller, aujourd’hui à la retraite mais qui surveille l’actualité avec beaucoup d’attention, prône «un nouveau mode de gouvernance basé sur des formes devant donner, cette fois, un contenu concret au concept de décentralisation». «Pourquoi ne pas centrer le système de gouvernance sur des régions dotées d’un pouvoir légiférant ?» suggère-t-il.
M. K.
Comment (24)