Le frère de Farid Rockeur : «Mon frère a été tué par la médiocrité ambiante !»
Par Farida O. – Emotion et affliction devant le modeste domicile du grand comédien algérien Farid Kessaissia, plus connu sous le nom artistique de Farid Rockeur. Son frère cadet a raconté les circonstances de son décès, «suite à des pressions d’ordre professionnel». «Mon frère qui travaille à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja a voulu lui faire une série d’analyses, il est passé ce matin et, en voulant le réveiller, il l’a trouvé inanimé dans son lit, suite à une mort subite», a-t-il indiqué.
Le frère de l’humoriste a expliqué que le défunt se sentait psychologiquement très mal à cause de la médiocrité ambiante dans le milieu artistique. «Je l’entendais tout le temps se plaindre au téléphone de la qualité médiocre des programmes de divertissement diffusés par les chaînes de télévision algérienne», a-t-il révélé, en ajoutant que malgré sa grande colère à l’égard du niveau bas des productions nationales et en dépit de ses critiques acerbes, il ne nourrissait aucune animosité, ni rancune à l’égard des jeunes acteurs dont il estimait qu’ils avaient encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau requis.
Farid Kessaissia vivait au domicile parental, dans une cité populaire d’Aïn Naâdja. Malgré sa longue expérience et les nombreuses séries et émissions à succès auxquelles il a apporté un plus grâce à ses grandes qualités et à son sens de l’humour légendaire, il n’a pu s’assurer une situation sociale décente, comme l’écrasante majorité des artistes algériens.
En 2010, il se plaignait déjà, dans un entretien au quotidien francophone El-Watan, de l’absence de perspectives dans son domaine. «Nous, les artistes, voulons travailler sur une longue durée. C’est malheureux que le comédien travaille uniquement durant le Ramadhan. Nous en avons marre d’être sollicités occasionnellement. Pour ma part, je suis dégoûté.» Le défunt avait, alors, lancé un appel à la tutelle «afin qu’elle se penche sérieusement sur le statut de l’artiste».
Il s’en est allé vingt et un an plus tard sans que la situation ait évolué d’un iota. Au contraire, elle s’est dégradée, les belles séries humoristiques des années 1990, en plein terrorisme – Bila Houdoud, Qabsa chemma, Aâssab oua awtar, etc. – ont laissé place à des ersatz de créations télévisuelles où les cris et les jérémiades le disputent aux imitations grotesques des feuilletons turcs et syriens. Le grand acteur que fut Farid Rockeur ne se retrouvait plus dans ce magma d’indigence culturelle et de sécheresse intellectuelle.
«Bien qu’il fût mon aîné, mon père, avant de décéder l’année dernière, m’avait demandé de prendre soin de Farid car il l’aimait plus que tout», a raconté le frère du défunt artiste, en séchant ses larmes.
Adieu, Farid ! Toute l’Algérie te pleure.
F. O.
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