La commission de l’éducation entre les mains du MSP : école en grand danger
Par Abdelkader S. – C’est donc à un député du parti islamiste d’Abderrazak Mokri qu’est revenue la présidence de la commission de l’éducation au sein de l’Assemblée populaire nationale. Les Frères musulmans algériens ont ainsi atteint leur objectif : celui de noyauter l’institution pédagogique déjà fortement soumise à leur influence néfaste. Contrairement aux salafistes, qui privilégient la confrontation directe avec le pouvoir, l’équivalent algérien d’Ennahdha tunisienne et du PJD marocain adopte une attitude fourbe qui consiste à phagocyter la société à travers l’école, la mosquée et le travail associatif de proximité.
On se souvient de la campagne enragée qui avait visé l’ancienne ministre de l’Education nationale, Nouria Benghabrit. Cette pédagogue était venue réformer l’école en tentant de l’extirper du joug islamiste, mais ses efforts se sont fracassés contre l’acharnement de cette mouvance qui a eu recours à toutes les basses manœuvres possibles et imaginables pour saboter son travail. C’est ainsi qu’en juin 2019 l’Organisation nationale des parents d’élèves, proche des milieux conservateurs, avait annoncé avoir déposé plainte à la Cour d’appel d’Alger contre elle.
Dans leur requête instiguée par les islamistes du MSP notamment, les plaignants avaient énuméré vingt-deux accusations dont la «propagation de la corruption morale», la «mauvaise gestion», la «haute trahison» et la «malveillance». Pour ces extrémistes, l’ancienne ministre aurait commis de «graves dépassements qui ont touché le système éducatif et tout le secteur». Cette organisation cherchait, en fait, à faire le procès de l’action audacieuse entreprise par l’ex-ministre pour réformer le système éducatif et arrimer le contenu des programmes scolaires aux valeurs universelles et à la modernité, en tentant d’y imprimer l’enseignement des langues vivantes et, surtout, en luttant contre une salafisation rampante de l’école.
Cette obstination lui a valu, à plusieurs reprises, d’être la cible des syndicats, des associations, à l’image de l’Association des oulémas et même des partis islamistes qui l’accusaient de vouloir «occidentaliser» et «dépersonnaliser» l’école algérienne et de la dévier de ses «valeurs authentiques». Ce combat, Mme Benghebrit l’a mené souvent seule, puisque ceux qui étaient censés défendre le projet moderniste et qui se plaignaient de la mainmise des islamo-conservateurs sur l’école, rechignaient à assumer leur position en public. Ceux-là continuent d’ailleurs à se claquemurer dans un silence coupable dont la conséquence est l’aboutissement de la longue et patiente action des islamistes, désormais libres d’imposer leur programme qui achèvera de miner une école déjà sinistrée.
A. S.
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