L’Algérie est une ligne rouge
Une contribution de Nacer Achour – «Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre.» (Karl Marx, Manifeste du parti communiste). «Une psychose s’est abattue sur la Kabylie, il faut que nous nous ressaisissions, il faut que la fraternité règne car si la Kabylie est instable, c’est toute l’Algérie qui le sera, il faut que le pouvoir comprenne ceci une bonne fois pour toutes.» Je tiens à saluer la libération de l’auteur de ces propos (in AP, 4 septembre 2021), Nordine Aït Hamouda, en l’occurrence, président de la Fondation Amirouche, ancien député et membre fondateur du RCD, parti auquel j’ai appartenu entre 2005 et 2014.
Par la même occasion, je voudrais rendre hommage à tous les autres militants qui avaient cru sincèrement au combat démocratique au sein de la structure et qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour asseoir une certaine culture de gestion à travers les assemblées élues.
Permettez-moi aussi de rendre un vibrant hommage à trois d’entre ces militants qui nous ont quittés, qui nous manquent énormément et qui continueront à nous manquer et qui furent plus que des camarades du parti mais des amis. Je voudrais nommer ici les défunts Ouahmi Lhadj, Ferhat Aït Mohand et Mohammed Saïd Lhadj qui furent une grande perte non seulement pour le parti et la région mais pour le pays tout entier.
Le pays du colonel Amirouche et de Mohand Ouelhadj, d’Ali Mellah et des autres valeureux guerriers qui avaient tout donné pour la Révolution et l’indépendance est encore une fois livré à toutes sortes d’agressions. La région kabyle, quant à elle, est encore une fois victime de l’aventurisme, de l’inconscience, de la trahison et de l’ignorance, terreau propice à «ces soi-disant opposants qui se pavanent dans les salons de l’Occident» pour reprendre le chanteur et militant feu Matoub Lounès dont l’affaire d’enlèvement et d’assassinat vient de connaître des rebondissements suite au témoignage qu’aurait apporté une source bien au fait du dossier.
Le désespoir fait pousser sa jeunesse à l’exil pour celles et ceux qui le pouvaient jusqu’ici et dans les bras du MAK et Rachad pour les autres. Ces jeunes innocents, victimes de leur ignorance avant tout, sont entraînés, malgré eux, dans une guerre qui n’est pas la leur, contre l’Etat et ses institutions, sous prétexte de s’opposer au «régime dictatorial d’Alger». Et ils sont légion. Ces jeunes ne comprennent pas qu’en ces moments pénibles que traverse le pays nous puissions être aux côtés de l’Etat dont les courageuses positions de principe sur certaines questions nous honorent.
L’Etat algérien ne serait pas contre le principe de l’autonomie d’une région si son promoteur n’était pas sponsorisé par l’ennemi. Ferhat Mehenni est non seulement appuyé par le Maroc, même s’il s’en défend, et par voie de conséquence par Israël mais il a appelé du pied la France à faire alliance avec la Kabylie en disant, je cite : «Si la France perd la Kabylie, elle ne perdrait pas que la Kabylie, elle ne perdrait pas que l’Algérie ; elle perdrait toute l’Afrique du Nord dont elle est le moteur essentiel et je dirais même pratiquement toute l’Afrique… Si la France veut garder un semblant ou un minimum de présence et de rayonnement culturel, il faut absolument qu’elle s’allie avec la Kabylie. La Kabylie est son seul canot de sauvetage ; ou il monte dedans ou il va sombrer.»
Ce dont les partisans et sympathisants de ces deux organisations classées comme «terroristes» par la justice algérienne et parrainées publiquement par le Makhzen et l’entité sioniste ne sont pas conscients, c’est le fait qu’elles constituent un danger permanent pour le présent et l’avenir de notre pays. Et pour cause : leurs agissements, en plus du fait qu’ils pompent l’énergie de nos compatriotes et de nos institutions, pourraient, à la longue, entraîner l’effet incontestablement recherché, à savoir la déstabilisation du pays et l’intervention étrangère. Question : l’Etat algérien et, partant, les patriotes accepteront-ils que le pays soit amputé d’une partie de son territoire ? La réponse est bien évidemment non !
Certains compatriotes parlent, que dis-je, applaudissent déjà la condamnation de l’Etat algérien par ceux que l’on sait. Feignent-ils d’ignorer ou ignorent-ils que cette coalition cherche seulement un prétexte pour faire de notre pays un Afghanistan, un Irak, une Libye ou une Syrie, que cela s’appelle de l’ingérence dans nos affaires internes et que l’Algérie est une ligne rouge à ne pas tenter de franchir ?
Ce jour-là que certains appellent de leurs vœux et qui ne viendra jamais, au grand dam de ces charlatans politiques ridicules, incompétents, sans honneur, mesquins et qui ont vendu leur âme au diable, ils applaudiront l’intervention atlantiste qui achèvera l’œuvre entamée par leurs agents infiltrés et, à ce jour, dans les rouages de l’Etat. Et, comme ce fut le cas pour le Kurdistan irakien, la Kabylie sera autonome mais sous influence israélienne. Ce qui n’arrivera bien entendu jamais.
Car «avec l’abandon de l’Afghanistan aux talibans, Joe Biden vient de relancer, comme Barack Obama, la guerre sans fin», selon la doctrine du tandem Rumsfeld-Cebrowski. Après le 11 septembre 2001, la coalition occidentale s’en est allée «combattre le terrorisme islamiste» et exporter sa «démocratie» : l’Afghanistan, l’Irak qu’il prévoyait diviser en trois, un Etat sunnite, un Etat chiite et un Etat kurde. Puis la Tunisie et l’Egypte où les Frères musulmans furent portés au pouvoir. La Libye, dont le chef d’Etat fut abattu à bout portant. La Syrie où plusieurs tentatives d’assassinat du président élu Bachar El-Assad aurait été organisées, le Yémen et, enfin, le Liban qui traverse une situation socio-économique catastrophique qui a succédé à la destruction d’un entrepôt d’armes du Hezbollah à Beyrouth, provoquant des dégâts considérables et faisant plus d’une centaine de morts, 5 000 blessés et détruisant de nombreux immeubles. On avait, à juste titre, considéré que les chefs de ces Etats étaient des «dictateurs» alors même que Mouammar El-Kadhafi et le général Michel Aoun étaient en ce moment-là des alliés des Etats-Unis. Une médaille manque toutefois au palmarès : l’Algérie et sur la question de l’amputation du pays de la région kabyle, tous les citoyens algériens (gouvernants et gouvernés) sont interpellés et plus précisément l’élite patriotique à l’intérieur et dans la diaspora.
Mon soutien indéfectible à la politique menée par l’équipe dirigeante même si, faut-il le rappeler, beaucoup reste à faire pour assainir la situation léguée par vingt ans de règne sans partage du président Abdelaziz Bouteflika et sa fratrie, a choqué plus d’un. Ceux qui ont tout simplement du mal à comprendre que l’Algérie a elle-même changé depuis l’élection présidentielle de décembre 2019 que nous avons cautionnée aux seules fins de la stabilité politique du pays.
Cependant, il est du devoir du président de la République et du gouvernement de donner des gages de bonne volonté. La région kabyle doit être inscrite parmi les questions les plus urgentes dans leur agenda et l’affaire liée aux derniers incendies et au crime commis à Larbâa Nath Irathen doit être élucidée au plus vite par la justice, avec les preuves tangibles de l’implication de telle ou telle partie ; faute de quoi, aucun citoyen, aucun Etat dans le monde n’accordera plus aucun crédit à nos dirigeants.
Vive l’Algérie une et indivisible !
Gloire à nos martyrs !
N. A.
Ecrivain
(Essonne, France)
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