La fille du chahid Ben Boulaïd appelle à éjecter Baadji de la direction du FLN
Par Mohamed K. – La fille du chahid Mostefa Ben Boulaïd fait partie des membres du FLN qui appellent à éjecter Abou El-Fadhl Baadji de la direction du parti. La voix de la députée de Batna vaut son pesant d’or au regard du passé héroïque de son père, un des principaux acteurs du déclenchement de la Guerre de libération nationale, et confirme la tendance générale au sein de l’ancien parti unique, favorable à l’éviction de celui qui doit sa cooptation à Wassini Bouazza, jugé et condamné dans une première affaire d’enrichissement illicite, en attendant un autre procès durant lequel il devra répondre d’actes de haute trahison.
Le remplaçant de Mohamed Djemaï a tenté une contre-offensive en faisant manifester quelques dizaines de personnes auxquelles il a été dit de faire accroire à une volonté de déstabilisation du parti par d’anciens oligarques que Baadji «combattrait férocement et courageusement» et subirait une campagne de dénigrement à cause de sa lutte contre l’argent sale. «Des sornettes», commente un membre du mouvement de redressement qui se demande comment un secrétaire général de parti «parachuté par un ripou peut se targuer de mener une guerre contre des ripoux».
Le maintien du secrétaire général du FLN à son poste bien qu’il n’ait pas pu se présenter à la dernière élection législative est en soi une aberration. L’enquête d’habilitation a recalé Abou El-Fadhl Baadji en raison de sa proximité avec le Makhzen, à travers sa belle-famille – son épouse est marocaine et son beau-père et son beau-frère sont des officiers dans l’armée de Mohammed VI. Une information qui avait été révélée dès sa désignation à la hussarde par l’ex-patron du renseignement intérieur.
Dès sa succession à Mohamed Djemaï à la tête du pilier du règne bidécennal de Bouteflika, des voix s’étaient élevées pour dénoncer sa cooptation sur instigation d’Amar Saïdani dont il est l’avocat au Maroc, où ce dernier serait propriétaire d’une briqueterie. Des intérêts d’ordre financier lieraient donc les deux hommes.
Dans une déclaration rendue publique en juin 2020, Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement d’authenticité et de redressement du FLN, s’était vivement attaqué au nouveau chef du parti, plébiscité lors d’un congrès taillé sur mesure au Club des Pins, sur la côte ouest algéroise. Ce doyen du FLN s’en était pris violemment à Abou El-Fadhl Baadji. «Celui qui a été désigné à la tête du FLN ne répond pas aux conditions d’éligibilité pour le poste de secrétaire général et n’a pas le strict minimum de conditions pour pouvoir militer au sein du parti», avait asséné Abada qui avait parlé de son passé «douteux». «Lui, plus que les autres membres, sait de quoi il s’agit», avait-il laissé entendre, en rappelant comment le nouveau patron bombardé à la tête du FLN avait été «écarté» d’un poste de chargé de mission il y a quelques années au ministère de la Justice, après une enquête d’habilitation négative et, par la suite, du poste de conseiller d’Amar Saïdani à l’APN, en raison, avait souligné Abada, «de soupçons de liens avec des cercles constituant une menace pour la stabilité et la sécurité du pays».
M. K.
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