Lazhar Soualem dénonce une «sournoise et latente déclaration de guerre» par le Maroc
Nous publions les deux droits de réponse adressés par Lazhar Soualem à la présidente du Conseil des droits de l’Homme au sujet des «stratégies subversives [marocaines] visant la déstabilisation de l’Algérie et de la «dualité du discours» du régime de Rabat, qui «ne trompe personne».
«Madame la Présidente,
Fondant sa croyance sur une présumée vulnérabilité de mon pays, le royaume du Maroc, encouragé par ses tuteurs historiques et agissant par procuration pour le compte de ses cycliques parrains, ne s’est jamais départi de sa légendaire félonie et cela bien avant l’indépendance de l’Algérie.
Cultivant en permanence l’animosité sans limite, la duplicité des propos et l’art de l’hypocrisie qui sont ses inoxydables marques de fabrique, le royaume du Maroc n’a pas cessé, depuis plus de six décennies, de planifier des stratégies subversives visant la déstabilisation de mon pays.
Mon pays, qui a subi cette agressivité ininterrompue, a fait preuve d’une infinie sagesse et pris son mal en patience devant ces inqualifiables provocations qui constituaient les ingrédients d’une sournoise et latente déclaration de guerre.
Il vous souviendra, lors de deux dernières sessions du Conseil, l’immorale jouissance et l’inqualifiable hystérie dont faisaient preuve les plénipotentiaires du royaume du Maroc dans leurs «droits de réponse» en évoquant, avec une inhumanité qui dépasse celle des bourreaux, le désastre humain subi par mon peuple face à la criminalité terroriste durant la décennie 90.
La monarchie marocaine a un incompressible besoin d’adversité pour se maintenir et sauvegarder le trône, et même lorsque ce dernier était en perdition, et cela à plusieurs reprises, l’Algérie ne s’en est ni réjoui et encore moins tenté de peser sur le cours des événements, motivée par sa profonde conviction et son intangible principe de ne jamais interférer dans les affaires intérieures d’un autre Etat.
La décision de l’Etat algérien de rompre ses relations diplomatiques n’est pas un caprice de ses institutions, ni une passagère saute d’humeur. Elle est la réponse appropriée, réfléchie et mesurée à une entreprise de déstabilisation initiée et cautionnée par la monarchie qui s’est investie dans une veule mission fondée sur des compromissions attentatoires, d’abord à la dignité de ses propres citoyens et, ensuite, dans ses prolongements aux causes justes des peuples victimes de déni de leurs droits légitimes, historiques et d’un infamant arbitraire.
Madame la Présidente,
Le contenu provocateur et les appréciations spéculatives de la délégation du royaume du Maroc sont affligeants. Cette dernière, dont la dualité du discours ne trompe personne, tant il est inscrit dans les gènes de ses serviteurs, appelle à la non-politisation du Conseil mais consacre son énergie et ses interventions à attaquer mon pays. Et je lui dirais que le discours de haine et de propagande ne saurait constituer une feuille de route.
La délégation marocaine n’a pas dit mot de sa crise avec l’Espagne ou l’Allemagne et, de façon générale, avec l’UE, ni consacré un passage sur les défis auxquels l’Afrique, en particulier, et le Sahel sont confrontés. Mais, par contre, on retiendra que Rabat s’est désolidarisé du Groupe africain à Abidjan, lors du congrès de l’Union postale universelle sur le vote au sujet de l’archipel de Chagos, et je ne parlerai pas du scandale Pegasus qui aurait, selon des premières indiscrétions, contaminé aussi, ici à Genève, les Etats signataires de sa déclaration sur l’hypothétique autonomie d’un territoire qui ne lui appartient pas.
Ce bref rappel met en évidence la déconnexion des plénipotentiaires marocains dont le pays, et au plus haut niveau de la monarchie, a porté aux Nations unies, depuis 1963, avec la Mauritanie et mon pays la question du Sahara espagnol dit Occidental. Je rappellerai également que c’est à Rabat et à l’initiative du royaume du Maroc, en juin 1972, qu’une résolution avait été adoptée par l’OUA au sujet de la lenteur de la décolonisation du territoire espagnol du Sahara Occidental et de l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
Je pourrais, Madame la Présidente, citer à l’infini les déclarations de feu le roi Hassan II, de ses nombreux Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères pour mettre en exergue le déni historique, la perte de sens et les faux semblants du royaume du Maroc qui, aujourd’hui, revendique un territoire que la Cour internationale de justice et la Cour de justice européenne du Luxembourg ne lui ont pas, et de manière non équivoque, reconnu. Puisqu’il me donne l’occasion sur ce chapitre, ni les Nations unies, ni l’Union africaine n’ont envoyé de mission d’observation des élections législatives au Maroc du 8 septembre 2021 pour une simple raison : ne pas cautionner l’occupation du territoire du Sahara Occidental.
Enfin, le rapport du SG au titre du point 74 relatif à l’autodétermination, soumis à la prochaine Assemblée générale, ne laisse aucune équivoque sur le statut du territoire du Sahara Occidental et dans lequel il déplore les entraves que pose le royaume du Maroc au déploiement du HC dans la dernière colonie d’Afrique.
Je vous remercie.»
R. N.
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