Des Algériens contestent à Zemmour le droit de porter un nom d’origine algérienne
Par Houari A. – Des Algériens contestent au candidat raciste à la présidentielle française Eric Zemmour le droit de porter un nom berbère, donc d’origine algérienne, et appellent à lancer une campagne dans ce sens à travers les médias algériens, y compris officiels. Le chroniqueur interdit d’antenne par le CSA veut interdire les prénoms qui ne sont pas «tirés du calendrier saint ou de l’histoire de France» s’il était élu en 2022. «Il peut y avoir confusion entre un vrai algérien et Eric Zemmour, la star des médias», commente une concitoyenne qui fait remarquer que «l’Algérie s’invitera ainsi dans le débat politique pour les présidentielles françaises».
«Ce sera une première et tellement inédit qu’elle laissera des traces même dans les annales de la politique en France», souligne-t-elle, en estimant que «le sujet perturbera le débat et déstabilisera Eric Zemmour». «Si le sujet est pris au sérieux, ajoute-t-elle, ce sera du pain béni pour ses nombreux détracteurs.» «Il faut réagir car Eric Zemmour cible la communauté algérienne en France», alerte-t-elle. Et d’ironiser : «Vous voulez un débat sur l’identité, alors vous serez servi !»
De son côté, l’écrivain Salah Guemriche a rédigé un pamphlet dans lequel il dénie, sur un ton sarcastique, au candidat à l’Elysée le droit d’interdire des prénoms qui ne seraient pas issus de la culture gauloise. «Vous, président, vous crieriez haro sur les prénoms à consonance arabe ou islamique, à commencer par celui de Mohamed, pardi ! Vous, président, stopperiez le déclin de la France, lequel se mesurerait à l’aune des prénoms exogènes qui polluent l’état-civil du pays de Marianne ! L’argument de poids que vous avancez consiste à dire que plus le prénom est étranger à l’identité française, moins celui ou celle qui le porte a de chances de réussir son intégration.»
«Si la vue d’un Karim sur la première page d’un CV est susceptible de réduire la chance de décrocher un emploi, je vous l’accorde. Cependant, ce qui est un non-dit dans votre argumentaire se révèle dans une autre de vos envolées. Ainsi, le 6 mars 2010, chez Thierry Ardisson (Salut les terriens), à propos des contrôles au faciès, vous aviez répondu : mais pourquoi on est contrôlé dix-sept fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait», écrit l’auteur d’Israël et son prochain, d’après la Bible.
«Le même jour (!), sur France-Info, rappelle-t-il au journaliste natif du quartier arabe de Montreuil, à Paris, vous aviez décrété que les employeurs ont le droit de refuser des Arabes ou des Noirs. Et c’est précisément là que votre argument révèle le fond de votre pensée, car le corollaire de votre décret est clair : tout jeune Français issu de l’immigration aura beau se prénommer Pierre ou Paul, il ne sera pas à l’abri d’une discrimination. Et l’employeur qui refusera de l’embaucher sera donc dans ses droits !»
Dans sa tribune parue dans Arabnews, Salah Guemriche assène à l’endroit du faux Gaulois : «Votre fidélité à la France est justifiable : d’origine judéo-berbère, vous n’oubliez pas le décret Crémieux dont bénéficièrent vos grands-parents dans l’Algérie française. Et l’on comprend que, toute votre vie, vous n’aurez cessé de clamer plus Français que moi, tu meurs !» «Ainsi, contrairement à l’écolier indigène de l’Algérie française qui devait ânonner de force nos ancêtres, les Gaulois, vous, Eric Zemmour, trouvez dans cette généalogie factice votre raison d’être : une identité qui ferait de vous, au mieux, un Gaulois caché qui s’ignorait, au pire un Marrane de la République», écrit encore l’essayiste.
H. A.
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