L’Italie en guerre contre les trafiquants de corail rouge

La pêche au corail sera plus réglementée. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Découvert du temps de l’Egypte antique, le corail rouge fut successivement remède contre le mauvais sort et ornement des notables égyptiens et rois phéniciens et numides. De nos jours, la pêche du corallium rubrum, légale mais surtout illégale, est une activité ayant connu une forte expansion au cours des dernières années. Et ce, bien que s’agissant d’une tradition solidement établie, tant pour les littoraux d’Afrique du Nord que pour ceux de Corse, de Sicile et de Sardaigne.

Mais voilà, les récentes dérives de trafiquants sans scrupules, y compris, hélas, en Algérie et les risques encourus par l’écosystème marin de la Méditerranée centrale ont hâté une intervention des institutions régionales et notamment la Commission générale des pêches en Méditerranée (CGPM) qui a fait récemment adopter nombre de recommandations contraignantes face à l’urgence de stopper l’exploitation excessive des ressources halieutiques de la région.

En particulier, les experts saluent le nouveau plan de gestion pluriannuel pour l’exploitation durable des populations de corail rouge, désormais classées comme espèces en danger en Méditerranée.

Dès 2022, date du début de la mise en œuvre formelle du plan, les chalutiers italiens, maltais, grecs, tunisiens et algériens devront donc réduire leur effort de pêche. De plus, chaque pays devra garantir certains points : l’identification et la mise en place de zones de pêche restreinte (FRA), garantie que la capacité de pêche n’augmente pas, la gestion durable de l’effort de pêche et la mise en place et le contrôle des tailles minimales de débarquement.

De même, le point de vue des pêcheurs, des chercheurs et des associations environnementales sera pris en compte pour mettre en place une zone protégée fermée à la pêche pour sauvegarder les «nurseries»  de poissons et aider les stocks à se reconstituer plus rapidement.

Quant aux organisations criminelles qui gèrent le trafic du Corallium rubrum dans des zones de marine protégées relevant des zones de protection spéciale, ils encourent dorénavant douze ans de prison ferme, avec l’amendement introduit dans la législation, de dommages environnementaux et écologiques considérables, tant au niveau de l’espèce qu’au niveau de l’habitat niveau.

Une décision tant attendue, vu que le Corallium rubrum est considéré comme une espèce importante de l’habitat coralligène et classé comme «priorité de conservation» et inscrit sur la liste de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme «espèce en danger d’extinction» et d’intérêt primaire de la région de la Méditerranée dans son ensemble.

Et par conséquent, la Cour suprême italienne a disposé qu’en la circonstance s’appliquera le délit de pollution de l’environnement, qui punit quiconque cause illégalement une atteinte ou une détérioration significative et mesurable d’un écosystème, de la biodiversité, notamment agraire, floristique ou faunistique.

Avec pour conséquence que, si le fait se produit dans un espace naturel protégé ou soumis à des contraintes paysagères, environnementales, historiques, artistiques, architecturales ou archéologiques ou au détriment d’espèces animales ou végétales protégées, la peine peut atteindre un maximum de 12 ans d’emprisonnement.

Une réponse qui s’est fait attendre devant l’avidité et l’entrée en lice du crime organisé gérant des filières transnationales faisant le choix de la destruction des ressources et de la biodiversité au profit de quelques-uns.

Devenant aujourd’hui le reflet d’une tragédie de plus en plus imminente et nécessitant ce recadrage contre les pires espèces de criminels, ceux qui, en définitive, sont en train de voler l’avenir des générations futures.

M. R.