Quand Zemmour et Bernard-Henri Lévy s’écorchent sur le perron de l’Elysée
Par Kamel M. – C’est la guerre entre deux obédiences politiques au sein de la très influente communauté juive de France, représentée par le candidat à la présidentielle de 2022, Eric Zemmour, et au théoricien de l’interventionnisme, Bernard-Henri Lévy. Ce dernier a lancé une attaque frontale contre le très médiatique chroniqueur qui a vu sa popularité grimper dans les milieux extrémistes, au point de ravir la vedette à la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, à laquelle il a emprunté le discours antimusulman et hostile à l’immigration maghrébine tout particulièrement.
L’aile représentée par l’artisan du «printemps arabe» dénie à Eric Zemmour de parler au nom des juifs français. Elle l’accuse de velléités fascisantes et le compare à Mussolini. C’est que tous les parangons du sionisme, faiseurs de présidents en France, ne sont pas d’accord sur le candidat à adouber pour succéder à un Emmanuel Macron qui aura exécuté la feuille de route des Rothschild à la lettre, jusqu’à griller ses propres cartes pour la prochaine échéance. Les conséquences de la politique de l’actuel gardien du temple élyséen sont telles que son maintien au pouvoir risque de provoquer un séisme en France.
Cette aile-là estime qu’Eric Zemmour a «trahi le peuple juif au nom de ses petits intérêts». Non que Bernard-Henri Lévy fasse preuve de compassion à l’égard d’une immigration malmenée aussi bien par l’extrême-droite que par toutes les autres familles politiques qui s’en servent comme courte-échelle pour les unes et comme souffre-douleur pour les autres. Face à ces attaques, le Berbère qui se dit fier de ses origines algériennes a trouvé à ses côtés une frange de la société française connue pour son animosité viscérale à l’égard des immigrés et des musulmans. Ils tirent sur tout juif qui gênerait leur candidat dans sa course folle à la fonction suprême. «Le problème, c’est que voulant s’approprier la parole des juifs de France, Bernard-Henri Lévy oublie que comme beaucoup de nos coreligionnaires, Zemmour se veut d’abord et avant tout français de confession juive. Venant du Front national, des Républicains, du Parti communiste, en réalité de tout l’échiquier idéologique du peuple français, Eric Zemmour se place du côté du peuple contre les mondialistes, comme monsieur Lévy qui fait profession de judaïsme comme on fait profession d’horticulteur», lui rétorquent-ils.
Le clan Lévy va jusqu’à accabler Zemmour de la plus grave des proférations en France, celle de l’antisémitisme. Autrement dit, le juif Zemmour est accusé de renier sa religion, une sorte d’apostat à flageller. En face, les partisans du candidat à la présidentielle rappellent à leurs adversaires que Bernard-Henri Lévy est un opportuniste vorace qui «court les conseils d’administration, les cocktails et les vieilles dames riches». Pour eux, le philosophe de salon est complexé par le chroniqueur qui «les gêne, les dérange [et] enlève toute légitimité à leurs prébendes et leurs discours de vieilles baudruches». Ils refusent, expliquent-ils, que Zemmour soit «enfermé dans son judaïsme» et applaudissent des deux mains son discours qui vise à «mettre l’immigration légale et illégale au centre de son action, car cette immigration en majorité musulmane […] nous étouffe», crient-ils.
A l’adresse de «l’hypersensibilité surjouée» et «l’émotion à la tonne» du «prétendu coreligionnaire au faible niveau» qu’est Bernard-Henri Lévy, les défenseurs de son rival tout aussi juif répondent que lui, l’«inquisiteur», le «minable» et le «traître à la démocratie», «va très prochainement installer le bûcher rédempteur après avoir remis à l’ordre du jour la torture», pour le compte des «principaux membres de l’oligarchie financière mondialisée» dont il est l’obligé.
Quel que soit le futur président français, on sait, grâce à cette guerre sans merci pour l’Elysée entre deux clans de la religion qui domine les sphères politique, économique, médiatique et financière françaises, qu’il sera issu de cette bataille que se livre le lobby sioniste partagé sur la forme mais pas sur le fond.
K. M.
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