L’ambassadeur d’Algérie à Paris appelle à une conférence «urgente» de la diaspora
Par Houari A. – «La redéfinition de la cartographie consulaire, répondant aux exigences de la cohérence pour ce qui est de la couverture territoriale, s’impose tant les contraintes générées par l’éloignement et la charge pesant sur certaines représentations consulaires représentent des facteurs contrariant la mise en œuvre d’une politique proactive en direction de notre communauté», a indiqué l’ambassadeur d’Algérie à Paris, lors de son intervention à la réunion des chefs de postes diplomatiques et consulaires. «A cet égard, une réflexion doit être engagée, par notre ministère, en vue d’une redéfinition du schéma de couverture consulaire, en prenant en compte les paramètres liés au nombre d’immatriculés, leur répartition, la distance entre les chefs-lieux des départements et le siège des représentations consulaires, l’adaptation des locaux, etc.», a-t-il ajouté.
Mohamed-Antar Daoud a appelé à la mise en place d’une structure de représentation «à l’échelle globale, à l’image du Conseil consultatif de la communauté nationale à l’étranger». «Cadre prévu par les textes mais jamais mis en œuvre», a-t-il affirmé. Cette instance «est de nature à concourir à la participation la plus large des membres de notre communauté dans la réflexion, l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques initiées en leur direction», a-t-il estimé, en soulignant qu’«une stratégie visant à créer une véritable synergie entre les différentes associations et favoriser des activités pérennes doit être pensée et mise en œuvre, tant la situation qui caractérise le mouvement associatif révèle une dispersion des énergies et renseigne sur l’absence d’une véritable vision d’ensemble et unitaire».
L’ambassadeur a pointé «l’étiolement des associations communautaires, les luttes intestines de leurs dirigeants et l’absence d’un objectif commun qui ont induit un manque d’influence de notre communauté», en faisant remarquer que «le cadre associatif censé porter ses préoccupations et servir d’outil pour sa mobilisation et la réalisation de ses ambitions s’est avéré inopérant et réduit à une coquille vide». La meilleure approche susceptible de permettre l’adhésion des membres de notre communauté à des opérations de structuration, selon lui, serait celle favorisant son organisation par catégories socioprofessionnelles. «Autrement dit, il s’agira de fédérer, en premier lieu, les médecins au nombre de 15 000, dont la plupart formés en Algérie et qui ont été mis devant l’obligation de repasser leurs équivalences pour s’imposer dans la sphère médicale française, les chirurgiens-dentistes et pharmaciens, les informaticiens, les auteurs et artistes du monde du théâtre et du cinéma, les sportifs de haut niveau, les hommes d’affaires, les patrons des PME-PMI et les élus d’origine algérienne soutenant les principes cardinaux de notre politique extérieure».
«A tous ceux-là, il ne faudra pas omettre d’ajouter les héritiers des porteurs de valises du réseau Jeanson, pétris des valeurs de paix, de liberté et de justice que leur ont inculqué leurs parents», a encore affirmé Mohamed-Antar Daoud qui a été rappelé à Alger pour consultations suite à la crise diplomatique provoquée par le président français Emmanuel Macron. «L’intérêt affiché à l’égard des élites de la diaspora, resté au stade de vœux, et les initiatives parcellaires conduites çà et là n’ont pas produit, jusqu’ici, d’effets probants», a regretté l’ambassadeur, pour lequel «la réussite de cette politique de mobilisation des compétences expatriées au profit du développement national nécessite la mise en place d’une stratégie, exige l’identification et la réalisation d’un ensemble de conditions rationnelles […] et dépend de l’existence de bases de données sur les compétences expatriées».
«Cet objectif de mobilisation des compétences algériennes ne peut être atteint sans la bonne coordination entre l’ensemble des départements ministériels et institutions nationales avec le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger comme cadre pivot», a noté l’ambassadeur qui a appelé à l’organisation «urgente» d’une «grande conférence réunissant de larges pans de notre communauté à l’effet d’adopter des recommandations réalistes et consensuelles en vue d’une réelle mobilisation de nos ressortissants à l’étranger». Daoud n’a pas manqué de signaler, par ailleurs, «l’état de délabrement» des édifices abritant certaines des représentations algériennes en France et leur exiguïté, ce qui, a-t-il dit, «porte préjudice à l’image de marque de notre pays» et nécessite une révision «en profondeur» du dossier du patrimoine immobilier de l’Etat à l’étranger.
H. A.
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