Election présidentielle française : en Algérie, «nous voterons Macron»
Une contribution d’Aziz Ghedia – Un ami virtuel, journaliste de son état es géopolitique, vient de rédiger sur son blog et sa page Facebook un article concernant la prochaine élection présidentielle française. D’emblée, il suggère à l’Algérie de voter Macron. Et cela, «malgré la crise qui agite les relations algéro-françaises». Sauf qu’il ne précise pas de quelle Algérie il s’agit. Celle de la diaspora algérienne en France qui, effectivement, devrait prendre en considération ces élections et s’entendre sur le «candidat le moins mauvais» ou celle qui représente le microcosme algérois et qui suit assidument ce qui se passe dans l’Hexagone.
Car, il faut bien le dire, le peuple, le petit peuple qui se trouve à l’intérieur du pays, lui, est à mille lieues de ces considérations géopolitiques. Il s’en fiche éperdument de qui sera le prochain Président français. Il n’en a rien à cirer d’autant plus que depuis l’apparition de la crise sanitaire Covid-19 et la fermeture des frontières, il n’espère plus se déplacer en France. Ou en tous les cas tant que la délivrance du fameux sésame, le visa, se fait avec parcimonie, son rêve touristique est reporté aux calendes grecques.
En vérité, quel que soit le Président qui sera élu, lors des prochaines élections présidentielles françaises de 2022 (Macron, Zemmour ou Le Pen), les relations algéro-françaises continueront à évoluer en dents de scie. Ce sera pendant longtemps encore une histoire de «je t’aime moi non plus». Nous sommes plus qu’habitués à ces scènes de ménage dans ce couple infernal qui n’a pas encore digéré son divorce, divorce survenu dans des conditions dramatiques et dans le fracas des armes. Près de soixante ans après, les rancœurs, de part et d’autre, ne se sont pas dissipées. Les ressentiments sont encore tenaces.
Mais il est temps, me semble-t-il, de dénoncer, chez nous, en Algérie, cette forme d’hypocrisie de certains de nos responsables politiques qui, en public, lors de meetings électoraux par exemple, feignent vouer une haine viscérale à la France, et en privé font de mains et des pieds, qui pour inscrire son enfant au lycée français, qui pour obtenir un visa de séjour de longue durée et qui encore pour d’autres avantages plus importants. Sincèrement, qui, parmi ces gens-là, ne caresse pas le rêve fou de s’établir dans la banlieue parisienne et d’y finir ses jours ? Combien sont-ils, vivant en France, actuellement, les hauts responsables algériens qui avaient présidé aux destinées du pays pendant de longues années ? C’est un secret de Polichinelle.
Il n’y a pas si longtemps, j’avais lu, quelque part, dans la presse algérienne, un article où il était fait mention d’un chiffre effarant : 500, entre ex-ministres, ex-ambassadeurs et hauts cadres de l’Etat, etc. Dommage que je n’aie pas gardé la source pour pouvoir l’étaler, aujourd’hui, comme pièce à conviction. Il y était dit texto que presque tout le personnel politique algérien finit, une fois hors service, hors système, pour une raison ou pour une autre, par s’établir chez l’ancienne puissance coloniale.
Voilà pourquoi les Algériens devraient bien réfléchir avant de mettre le bulletin dans l’urne française, au sens propre et au sens figuré.
C’est décidé, nous voterons Macron, donc, car il est le seul, parmi les probables candidats qui n’a pas, à proprement parler, une dent contre les Algériens même si ses déclarations récentes avaient choqué quelque peu de ce côté-ci de la Méditerranée.
Un argument de taille en faveur de ce candidat : il est de la génération qui n’a pas connu les affres de la guerre. Il ignore peut-être une partie de l’histoire de l’Algérie, c’est ce qui l’a amené à dire que «l’Algérie n’existait pas avant la colonisation française». Mais, ce ne sont là que des paroles. Autrement dit, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Après tout, nous autres Algériens aussi, nous ne connaissons pas sur le bout des doigts l’histoire de «nos» ancêtres les Gaulois.
A. G.
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