Zemmour «président» aux Algériens : «Reniez-vous sinon je vous expulse !»
Par Abdelkader S. – Le candidat à la présidentielle française Eric Zemmour ne pouvait contourner la communauté algérienne dans son meeting de ce dimanche, à Villepinte, dans le nord de Paris. Accueilli par des manifestations à l’entrée de la salle où s’est tenu son rassemblement, qui a réuni une dizaine de milliers de partisans, dont un grand nombre de jeunes membres d’une organisation identitaire extrémiste, le prétendant à la succession d’Emmanuel Macron, qui promet d’éjecter les socialistes et les républicains du pouvoir, où qu’ils soient, a fait mine de tendre la main aux musulmans de France auxquels il offre la «protection» contre leur «assimilation».
Eric Zemmour, chauffé à blanc par une assistance surexcitée, n’a pas manqué de glisser le mot «Algériens» entre deux ou trois autres nationalités pour ne pas paraître comme étant particulièrement remonté contre une seule catégorie de binationaux qu’il menace de déchoir de leur nationalité française au cas où ils ne rentreraient pas dans les rangs. C’est clairement à un reniement de leurs origines et de leur culture que l’ancien chroniqueur de CNews, la chaîne qui l’a propulsé jusqu’à se sentir pousser des ailes pour répondre «enfin» à la «demande de son fils» de «passer de la parole à l’acte», a appelé sur un ton martial. «Soit vous agissez comme les juifs et les chrétiens, soit la porte de la France est ouverte» a-t-il dit, en substance.
«Casser de l’Algérien est l’unique projet de société que propose Eric Zemmour aux Français», résume une source algérienne qui fustige un «acharnement prévisible de celui qui porte une haine incommensurable à l’égard de l’immigration, toute l’immigration sans distinction aucune, quand bien même il a tenté de montrer qu’il distinguait bien entre les bons et les mauvais étrangers». «La France qui doit son essor aux centaines de milliers de Maghrébins, d’Algériens notamment, qui ont contribué à la reconstruction d’une France à genoux au sortir d’un conflit planétaire dans lequel elle a joué un rôle secondaire, qui lui ont servi de chair à canon durant les Première et Seconde Guerres mondiales, doit répondre à cet apport par la sueur et par le sang par un déni total, selon Eric Zemmour», dénonce-t-elle.
Les médias français se sont focalisés sur le discours du politicien novice, reléguant au second plan le meeting que le vieux routier de la politique Jean-Luc Mélenchon venait d’animer entre celui de son rival d’extrême-droite dans la course à l’Elysée et l’annonce de la victoire de Valérie Pécresse à la primaire de droite, bien qu’il ait fait carton plein à la Défense, dans l’ouest de la capitale. Il y a comme une complicité quelque part avec ce nervi qui veut nettoyer la France au Karcher, comme l’avait voulu Nicolas Sarkozy et la droite qu’il incarnait avant lui, si bien d’ailleurs qu’il s’est étonné de la coïncidence entre le lieu de son rassemblement à Villepinte et celui, trente ans plutôt, du RPR de Jacques Chirac qui tenait «exactement» le même discours «anti-immigration» prôné par les ténors de cette obédience «qui étaient tous présents ce jour-là».
C’est un «prends 10 000 balles et casse-toi» qu’Eric Zemmour veut remettre au goût du jour, quatre décennies après la tentative ratée de Giscard d’Estaing de «foutre dehors» les immigrés devenus encombrants une fois la France reconstruite et placée dans l’orbite des puissances économiques mondiales. Mais c’est surtout des millions de voix qu’il a offertes au candidat sortant, Emmanuel Macron, qui apparaît de plus en plus comme proche d’un second mandat face à des adversaires englués dans un électoralisme vain.
A. S.
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