Ben Jelloun : «La dispute entre le Maroc et la France, c’est la faute à l’Algérie»
Par Abdelkader S. – Tahar Ben Jelloun se sent plus français que marocain. Il vient de le prouver via un nouvel écrit dans lequel il veut jouer l’intermédiaire entre Emmanuel Macron et Mohammed VI. «Je ne sais pas si les deux chefs d’Etat se sont parlé» s’inquiète-t-il, en regrettant que «la politique de la France à l’égard du Maroc [ait] changé». «Disons que ce pays [le Maroc, ndlr], qui a toujours bénéficié de relations privilégiées, se trouve aujourd’hui traité avec une certaine tiédeur, surtout depuis les Accords d’Abraham où la France n’a joué aucun rôle», se lamente l’écrivain pro-sioniste qui rattache cette tiédeur dans les amours historiques entre le Makhzen et l’Elysée au fait que la France soit «incapable de faire quoi que ce soit qui puisse chagriner les dirigeants algériens».
Ce qui chagrine Tahar Ben Jelloun, ce n’est donc pas tant que Paris serre la vis aux Marocains et remet le régime monarchique de Rabat à sa juste place, celle du colonisé qu’il n’a jamais cessé d’être, mais que l’Algérie fasse preuve d’autant de détermination face à la fois à un Maroc nuisible et à une France arrogante. «La junte militaire algérienne appelle à la guerre et refuse toute main tendue de la part du Maroc», se plaint le chouchou d’André Azoulay. Il ajoute : «Elle pense qu’en attaquant le Maroc elle résoudra les graves problèmes que posent les manifestants depuis plus de deux ans.» L’écrivain à la plume tout juste passable, cependant adulé par les éditeurs français, moins pour la forme limite niveau terminale que le contenu courtisanesque, se désole que «la politique française dans la région [soit] dominée par la culpabilité exercée par le régime algérien sur la France».
Croyant savoir que l’ambassadeur d’Algérie à Paris «va probablement reprendre son poste très bientôt», Tahar Ben Jelloun tente de minimiser la scène de ménage entre ses pays d’accueil et d’origine. «L’histoire des visas n’est qu’un aspect de la mauvaise humeur de l’Elysée», pense-t-il, en mettant en garde la France sur un Maroc qui «a commencé à regarder ailleurs et à diversifier ses relations commerciales». «Apparemment, le royaume commence à ne plus être focalisé sur la France et la francophonie. Des émissions sur des radios privées ont relevé cette tendance en organisant des débats pour essayer de comprendre pourquoi des Marocains se détachent peu à peu de la sphère française. Ceci est un signe non négligeable», avertit-il, sans que l’on comprenne ce qui, réellement, lui fait peur dans ce «divorce» annoncé : que son président compromette son statut de colon ou que son roi perde ses châteaux.
A. S.
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