Pourquoi l’ambassadeur d’Algérie en France n’est pas encore retourné à Paris
Par Abdelkader S. – L’annonce du retour «imminent» de l’ambassadeur d’Algérie à Paris était quelque peu précipitée. Nous indiquions dans un précédent article que Mohamed-Antar Daoud allait effectivement regagner son poste en France pour «amorcer» le dialogue dont avait fait part le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite éclair à Alger. Or, la coïncidence entre la déclaration du chef de la diplomatie française et la «révélation» faite à un site algérien proche du Quai d’Orsay semble avoir faussé le programme.
Des sources autorisées algériennes avaient dû réagir pour assurer qu’il n’y avait aucun lien entre le déplacement de Le Drian en Algérie et la décision souveraine de mettre fin au vide laissé par le rappel de notre ambassadeur en France. Nos sources ont expliqué que le retour de ce dernier à son poste entrait dans le cadre des discussions qui allaient être entamées avec la partie française pour aplanir les nombreux différends qui minent les relations entre les deux pays. Mais rien n’est venu du côté français qui indique que Paris ferait preuve de bonne foi dans sa main tendue aux autorités algériennes pour, assure-t-on à l’Elysée, dissiper les malentendus et corriger les erreurs d’Emmanuel Macron que ce dernier a lui-même avouées lors de son dernier entretien à la chaîne française TF1.
Sur fond de campagne électorale axée sur un discours raciste, xénophobe et islamophobe, les attaques contre l’Algérie et l’armée algérienne à partir du sol français ont redoublé de férocité. Actionnés par les services marocains, des youtubeurs algériens sont missionnés pour tirer à boulets rouges sur l’armée algérienne, héritant ainsi d’un travail de sape qui, durant toute la décennie noire, visait à parasiter la lutte antiterroriste et à adouber les groupes islamistes armés en les absolvant de leurs crimes. Dans le même temps, aucun changement notoire dans l’attitude française n’est venu conforter l’idée que le gouvernement français compte faire correspondre ses discours lénifiants aux décisions qu’il prend. Il en est ainsi de la question des visas qui demeure pendante, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’étant pas revenu sur ses propos qui ont provoqué l’ire des autorités algériennes et élargi le fossé qui sépare Paris et Alger sur les nombreuses autres questions liées à la politique étrangère de la France jugée inacceptable par l’Algérie, que ce soit en Libye, en Syrie ou au Sahel.
Rien n’indique pour le moment que les choses tendent à la normalisation dans les semaines à venir. Des sources diplomatiques avaient révélé à notre site qu’il ne pouvait pas y avoir de grands changements dans la brouille actuelle entre l’Algérie et la France avant l’échéance électorale cruciale d’avril prochain. Acculé par la montée fulgurante de l’extrême-droite, Alger n’a d’autre choix que de soutenir le candidat à sa propre succession pour éviter qu’un bouleversement dans la politique intérieure de la France ne crée un séisme dans la région et provoque une situation ingérable dans le cas où Eric Zemmour ou Marine Le Pen, soutenus par une droite qui se radicalise chaque jour un peu plus, venait à dégommer Emmanuel Macron et à présider aux destinées d’une France à l’économie vacillante.
Le contexte n’est donc pas propice à un retour immédiat de Mohamed-Antar Daoud à Paris.
A. S.
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