Antar Daoud regagne la France ce jeudi : retour sur une brouille diplomatique
Par Mohamed K. – La présidence de la République annonce le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris ce jeudi. Mohamed-Antar Daoud a été reçu par le président Tebboune, indique un message officiel posté sur Twitter. Nous indiquions dans un précédent article que le diplomate, rappelé à Alger le 2 octobre 2021, allait effectivement regagner son poste en France pour «amorcer» le dialogue dont avait fait part le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite-éclair à Alger. Cependant, des sources autorisées algériennes avaient assuré qu’il n’y avait aucun lien entre le déplacement de Le Drian en Algérie et la décision souveraine de mettre fin au vide laissé par le rappel de notre ambassadeur en France.
Nos sources avaient expliqué que le retour de ce dernier à son poste entrait dans le cadre des discussions qui vont être entamées avec la partie française pour aplanir les nombreux différends qui minent les relations entre les deux pays. Aucun changement notoire dans l’attitude française n’est venu conforter l’idée que le gouvernement français compte faire correspondre ses discours lénifiants à ses décisions sur le terrain. Il en est ainsi de la question des visas qui demeure pendante, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’étant pas revenu sur ses propos qui ont provoqué l’ire des autorités algériennes et élargi le fossé qui sépare Paris et Alger sur les nombreuses autres questions liées à la politique étrangère de la France jugée inacceptable par l’Algérie, que ce soit en Libye, en Syrie ou au Sahel.
Rien n’indique pour le moment que les choses tendront à la normalisation à court terme. Aussi le retour de Mohamed-Antar Daoud en France ne signifie-t-il pas que tout est rentré dans l’ordre. Des sources proches du dossier ont, en effet, indiqué à Algeriepatriotique que l’amorce d’un dialogue sur lequel Alger et Paris se sont mis d’accord nécessitait qu’un représentant officiel algérien du rang d’ambassadeur soit la courroie de transmission entre les autorités des deux pays. Or, il n’est pas possible d’entamer cette démarche, annoncée par Jean-Yves Le Drian lors de sa visite-éclair à Alger, en maintenant les canaux de communication entre les deux capitales au niveau actuel. Des sources autorisées avaient, à ce propos, démenti, il y a quelques semaines, que ceux-ci aient été complètement rompus, en soulignant que l’ambassadeur de France à Alger était toujours en poste et qu’un chargé d’affaires avait été maintenu à l’ambassade d’Algérie à Paris.
L’Algérie, premier partenaire commercial et économique de la France dans la région, comptant quelque six millions de ressortissants dans l’Hexagone et liée à la France par un lourd litige historique, est directement impactée par la course à l’Elysée. La montée de l’extrême-droite, qui montre ses crocs à quelques encablures de la présidentielle de 2022, et l’avancée spectaculaire réalisée par le candidat Eric Zemmour, particulièrement remonté contre les Algériens envers lesquels il nourrit une haine viscérale, contraignent l’Algérie au principe de réalité qui se doit donc d’adopter la realpolitik qui dicte qu’une victoire d’Emmanuel Macron soit considérée comme un moindre mal.
«Il n’y a pas de candidat en dehors d’Emmanuel Macron pour aller plus loin dans la consolidation de nos relations avec la France, y compris sur le contentieux mémoriel», précisaient des sources informées. «Eric Zemmour, Marine Le Pen et l’extrême-droitisation de la droite patriotique poussent Alger au pragmatisme», ajoutaient nos sources, qui expliquaient que Mohamed-Antar Daoud allait reprendre «bientôt» ses fonctions «car il est concerné au premier chef par la mise en œuvre du processus graduel de normalisation qui devrait s’achever après les élections présidentielles» françaises. «Les Français ont fait le premier pas et ils ont donné des garanties quant au respect absolu de la souveraineté de l’Algérie», poursuivaient nos sources.
«Le retour de notre ambassadeur à Paris ne veut pas du tout dire que l’Algérie ait répondu à une demande française, c’est une décision souveraine en phase avec ce que nous voulons comme perspective de nos relations incontournables avec la France», insistaient, enfin, nos sources.
M. K.
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