Oxfam alerte sur les inégalités sur le marché du travail au Maroc
Les femmes et les jeunes sont victimes d’extrêmes inégalités sur le marché du travail au Maroc, où le secteur est fortement dominé par la précarité et l’informel, rapporte l’APS selon l’organisation Oxfam.
Une étude menée par la branche marocaine de l’ONG, publiée mercredi, montre que «la jeunesse marocaine souffre d’un chômage généralisé, en particulier dans les zones urbaines, et les chiffres sont en augmentation ces dernières années, compte tenu de l’insuffisance d’emplois créés par rapport au nombre de demandes».
L’étude dévoile que «le taux de chômage parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans a atteint 24% en 2019, et la tendance est à la hausse. Le taux de chômage parmi cette tranche d’âge dans les zones urbaines est 3 à 4 fois supérieur par rapport au reste de la population marocaine».
La situation n’est pas meilleure chez les jeunes de 25 à 34 ans qui connaissent un taux de chômage plus élevé que le reste de la population. L’ONG parle de 15%, un taux qui monte à 20% en zones urbaines.
La responsable du Programme justice économique et environnementale, Heba El Khammal, a souligné que «l’impact immédiat de la pandémie du Covid-19 sur le marché du travail marocain a exacerbé ses faiblesses préexistantes. Le secteur de l’emploi, et par ricochet les conditions de vie d’un grand nombre de Marocains, s’est détérioré».
Oxfam estime que les emplois créés ne suffisent pas pour couvrir le nombre croissant de demandes parmi la population en âge de travailler, ce qui donne lieu à une augmentation du nombre de chômeurs chaque année au cours des deux dernières décennies.
L’étude indique en outre que «l’absorption de l’ensemble de la population en âge de travailler et sans instruction, entre 2000 et 2020, était censée créer environ 280 000 emplois en moyenne annuellement, mais seulement 900 000 emplois ont été créés sur deux décennies».
Concernant l’accès des femmes au marché du travail, l’étude constate que les Marocaines «connaissant des conditions de travail précaires et difficiles, notamment dans l’agriculture, le travail domestique, le tissage et l’économie informelle en général». Selon la source, les femmes, quel que soit leur niveau d’instruction, ont plus de difficultés à obtenir un emploi par rapport aux hommes ayant un niveau d’éducation similaire.
Pour sa part, Abdeljalil Laaroussi, responsable du plaidoyer et des campagnes auprès d’Oxfam, a déclaré : «Au Maroc, les lacunes du marché du travail sont si importantes qu’elles ne peuvent pas conduire à une croissance rapide et durable du PIB par habitant.»
L’étude souligne enfin «la nécessité de prendre des mesures fortes et urgentes qui s’imposent pour faire face à la crise des inégalités et de l’injustice sociale». Elle recommande notamment de «protéger le travail, les moyennes, petites et micro- entreprises, à travers un dispositif qui cible en priorité les jeunes et les femmes».
R. I.
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