Attaque terroriste au Maroc : Rabat et Paris camouflent l’attentat en fait divers
Par Nabil D. – Les autorités marocaines et les médias français tentent de déguiser l’acte terroriste en fait divers. Une Française a été tuée dans une attaque à l’arme blanche à Agadir, dans le sud-ouest du royaume. Devant l’impossibilité d’occulter cet acte terroriste commis dans un marché, Rabat et Paris sont convenus d’en atténuer la gravité pour éviter d’écorner l’image d’un Maroc prospère où tout baigne, quitte à mettre la vie des ressortissants français, qui semblent être particulièrement ciblés, en danger. La relation entre la France officielle et le régime monarchique hérité d’Hubert Lyautey est fusionnelle au point où les intérêts – souvent personnels – priment sur la sécurité.
Ce n’est pas la première fois que des assassinats contre des étrangers sont commis au Maroc. Des assassinats jamais qualifiés d’entreprises terroristes. On se souvient des deux étudiantes scandinaves, Louisa Vesterager Jespersen, 24 ans, et Maren Ueland, 28 ans, sauvagement égorgées en décembre 2018, soulevant l’indignation de l’opinion publique internationale. Là aussi, dans un premier temps, le Makhzen avait cherché à déguiser l’acte terroriste en lui donnant une coloration politique. Ainsi, si les deux jeunes femmes danoise et norvégienne avaient été tuées, c’est parce qu’elles viendraient de deux pays qui soutiendraient la cause sahraouie et ne reconnaissent pas au Maroc une quelconque souveraineté sur le Sahara Occidental.
«Le Danemark, la Norvège, aux côtés de deux autres pays scandinaves, la Suède et la Finlande, constituent le noyau dur au sein de l’Union européenne qui se sont opposés à la signature des accords de pêche et agricole incluant le territoire sahraoui», lisait-on dans des articles publiés dans les médias marocains dont les commanditaires étaient en quête d’un mobile qui écarterait la piste terroriste islamiste. Par ailleurs, dans un article considéré comme «exclusif», Maghreb Intelligence, dirigé directement par le patron de la DGED, Yassine Mansouri, contraint de reconnaître que le double meurtre «était bel et bien le fait d’un groupe terroriste», affirmait que Daech n’avait pas revendiqué l’attentat «pour marquer son désaveu pour une cellule terroriste marocaine de la part de la franchise internationale du terrorisme qui ne cautionne pas de montrer des femmes nues ou à visage découvert». Les Marocains s’étaient appuyés sur des «spécialistes» français des mouvements terroristes qui alléguaient que «la non-revendication par Daech de l’assassinat commis dans le haut Atlas marocain ne permet pas aux loups solitaires marocains de franchir un nouveau pallier en expiant la validation de leurs actions par la nébuleuse terroriste».
Le message que Yassine Mansouri voulait faire passer à travers cette approche est clair. Après avoir échoué à faire avaler la pilule du fait divers et de la colère des Marocains attachés à la marocanité du Sahara Occidental au point d’égorger et de décapiter deux jeunes femmes, en filmant et en diffusant les scènes d’horreur, la DGED inventait l’acte terroriste, certes, mais isolé. Daech n’aurait donc aucune emprise sur les terroristes marocains.
L’argument ne tient pas la route lorsqu’on sait que l’écrasante majorité des terroristes ayant commis des attentats en Europe est d’origine marocaine. Preuve que le ver est dans le fruit et que les cellules dormantes affiliées à Daech guettent le moment propice pour entrer en action à travers des opérations d’envergure.
N. D.
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