Eric Zemmour veut supprimer l’accord algéro-français du 27 décembre 1968
De Paris, Ramdane Ahemouth – L’association de la presse étrangère (APE) a invité, hier lundi, le candidat d’extrême droite Eric Zemmour. Lors de cette rencontre – un non-événement puisque la dépêche de l’AFP n’a été reprise que par le magazine Le Point –, le candidat, plusieurs fois condamné par la justice française, a évoqué l’Algérie, affirmant vouloir parler «entre hommes» avec les dirigeants algériens.
S’il venait à être élu, une chose peu probable au regard des sondages qui dévissent au fil des jours et, surtout, vu le jugement que portent les Français depuis quelques semaines sur les conséquences de son élection qui, selon ceux-ci, ferait peser une réelle menace sur la cohésion nationale, si leurs suffrages lui seraient donc accordés, le Trissotin qui nourrit l’espoir d’être président avertit qu’il supprimerait l’accord algéro-français du 27 décembre 1968, relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles. Avant d’ajouter sur le ton de la menace à deux sous : «C’est notre faiblesse qui rend les dirigeants algériens arrogants, mais ils respecteront des gens qui se respectent.».
Le francisé par la grâce de la défaite de Sedan, elle-même à l’origine du décret Crémieux qui a permis aux parents de Zemmour de devenir français, ne s’est pas arrêté là, rappelant dans une sorte de cours d’histoire dispensé au cycle primaire : «Si nous avons colonisé l’Algérie pendant 130 ans, nous n’avons été ni les premiers ni les seuls, l’Algérie a toujours été une terre de colonisation, par les Romains, les Arabes, les Turcs, les Espagnols.».
Le nostalgique de cette colonisation qui a, a-t-il dit, permis la construction «des routes, les instituts de santé que la France a laissés, le pétrole que la France a trouvé et qui permet de nourrir 40 millions d’Algériens», n’a pas nié les massacres. Il est aussi revenu aux fondamentaux de sa fangeuse littérature, lançant presque avec un certain contentement à l’idée de parler de son sujet favori : «Il faudra que l’Algérie arrête de considérer que la France est le déversoir de son excès démographique.»
Le businessman, qui a bâti sa fortune sur l’énorme commerce de la provocation, de la haine et du rejet de l’autre – pour rappel, en 1981, Eric Zemmour a voté Mitterrand, l’homme qui a régularisé 130 000 sans-papiers dans la foulée de son élection –, reconnaît que «l’Algérie et la France avaient des choses à faire ensemble et des intérêts communs, comme la sécurisation du Mali» (sic), mais «la repentance ne sera même pas un sujet de discussion», a-t-il éructé pour conclure.
Le candidat national-raciste n’a pas pipé un seul mot sur les accords bilatéraux concernant les ressortissants des pays voisins de l’Algérie. Notamment l’accord franco-marocain du 9 octobre 1987 régissant de manière exclusive la situation des Marocains qui souhaitent bénéficier d’une carte de séjour temporaire portant la mention «salarié». Cet accord est quasiment un fac-similé de celui signé avec l’Algérie en 1968.
On sait pourquoi Zemmour ne souhaite pas revenir sur l’accord avec le Maroc. Il n’a échappé à personne qu’il y a toujours une différence entre un pays jaloux de sa souveraineté et un autre pays serviteur affidé. En tout cas, le porte-parole de la petite minorité de racistes français le sait mieux que quiconque.
R. A.
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