Un Sommet Europe-Afrique sous le signe du néocolonialisme français
Une contribution de Mohsen Abdelmoumen – Sous la présidence française de l’Union européenne et selon les vœux d’Emmanuel Macron, le sixième Sommet Union européenne-Union africaine, réunissant les dirigeants de l’UE et de l’UA, ainsi que ceux de leurs Etats membres, se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 février prochains. L’ambition de ce projet serait de «jeter les bases d’un partenariat renouvelé et approfondi entre l’UA et l’UE bénéficiant d’un engagement politique au plus haut niveau fondé sur la confiance et une compréhension claire de nos intérêts mutuels. Les dirigeants devraient débattre de la manière dont les deux continents peuvent renforcer la prospérité. L’objectif est de lancer un ambitieux paquet d’investissements Afrique-Europe en tenant compte des défis mondiaux tels que le changement climatique et la crise sanitaire actuelle. Ils devraient également discuter des outils et solutions permettant de promouvoir la stabilité et la sécurité grâce à une architecture renouvelée pour la paix et la sécurité.» Nous avons laissé le texte tel qu’il est affiché sur le site du Conseil européen avec les mots en gras pour bien attirer l’attention sur les priorités de ce sommet. Reprenons-les donc un à un.
Le premier terme est «partenariat», et celui-ci serait, soi-disant, renouvelé et approfondi entre l’UE et l’UA. Quel programme ! Y a-t-il jamais eu un partenariat entre un pays européen et un pays africain ? L’histoire nous montre, au contraire, que les Occidentaux n’ont jamais cessé de piller les richesses africaines. Et ils espèrent donc approfondir ce pillage ? Il s’agirait aussi de «renforcer la prospérité». Quelle prospérité ? Celle des membres des conseils d’administration et des actionnaires des multinationales, bien sûr, et aussi de quelques dirigeants africains corrompus qui s’enrichissent en accueillant ces mêmes multinationales sur leur sol, au détriment de leurs peuples et de l’environnement. Concernant «l’ambitieux paquet d’investissements», nous devinons que les retours sur investissements promettent d’être juteux à tel point que certains sont déjà en train de saliver. Et au diable le changement climatique quand il s’agit de faire du profit ! Depuis quand le capitalisme se préoccupe-t-il de l’environnement et du changement climatique ? Les forêts primaires sont dévastées par les incendies au profit de l’industrie minière, de l’agriculture intensive, de l’expansion du réseau routier, les mines dans lesquelles travaillent des esclaves dont de nombreux enfants éventrent la terre et les déchets toxiques sont déversés dans les rivières, les détritus électroniques (vieux frigos, téléviseurs, ordinateurs, machines à laver, portables, etc.) d’Europe sont évacués en Afrique, et ils osent parler d’environnement et de changement climatique !
Pour ce qui est de la crise sanitaire, il est fort à parier que l’Europe va se faire un plaisir de vendre ses pseudo-«vaccins» anti-Covid aux Africains. Ceux-ci ont d’ailleurs déjà servi de cobayes à plusieurs reprises au mépris de leur santé, voire de leur vie, comme nous l’a montré la condamnation de Pfizer pour ses essais du Trovan Floxacin sur des enfants au Nigeria ou encore les essais du Tenofovir du laboratoire américain Gilead Sciences, expériences financées par le gouvernement américain et par la Fondation Bill et Melinda Gates. A propos de ces derniers, au cours de la conférence de presse du 7 février dernier organisée en présence du Premier ministre belge, Alexander De Croo, pour l’inauguration d’Exothera, filiale d’Univercells, entreprise belge spécialisée dans l’optimisation des procédés de développement et la production de thérapies géniques et de vaccins à base de vecteurs viraux, financée par la Banque européenne d’investissement et la Fondation Bill et Melinda Gates (encore eux !) et Georges Soros, les deux patrons d’Univercells ont clairement évoqué l’idée d’investir en Afrique, notamment au Sénégal et au Ghana pour ouvrir des unités de productions là-bas. L’un des patrons d’Univercells n’a pas caché que le coût de production serait avantageux et donc permettrait un profit conséquent.
Quant aux outils de la stabilité et de la sécurité en Afrique, on a vu au cours de l’histoire la façon dont les Occidentaux «stabilisaient» et «sécurisaient» l’Afrique, notamment en envoyant des mercenaires et autres chiens de guerre. Le modèle de la Libye «stabilisée» par l’OTAN sous l’impulsion de Sarkozy a démontré l’efficience des outils occidentaux en matière de sécurisation. Ne parlons pas de l’Opération Barkhane au Sahel qui est un vrai fiasco malgré leur «fameuse» task force Takuba qui signifie «sabre» en touareg. On peut se poser la question concernant le choix de ce terme pour nommer une armée d’occupation qui prétend lutter contre le terrorisme alors qu’elle est là pour les richesses, notamment en or, du Nord-Mali.
Il est clair que l’Europe, sous l’égide d’une France plus gourmande que jamais, entend recoloniser l’Afrique. Chacun aura sa part de gâteau mais c’est la France qui vise le plus haut et cherche à retrouver sa domination perdue. Emmanuel Macron n’hésite pas à afficher son ambition de «reforger un new deal économique et financier avec l’Afrique», d’«établir un véritable système de paix et de prospérité pour renforcer les investissements dans les économies africaines». Rien que ça ! Il s’agit surtout de contrer l’influence de la Chine et de la Russie qui s’investissent sur le continent africain en pratiquant un vrai partenariat avec des projets de développement, un soutien financier et une aide pour combattre efficacement le terrorisme islamiste, alors que celui-ci est toujours manipulé par les Occidentaux pour leur unique profit. Soit les terroristes sont utilisés pour déstabiliser des pays comme en Syrie, Irak, Libye, soit il permet aux Occidentaux d’envoyer des troupes d’occupation comme dans les pays du Sahel avec l’opération Barkhane. Les islamistes, comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, sont les idiots utiles de l’Occident et on le voit encore avec leur présence aux côtés des Ukrainiens, dont les nazis du bataillon Azov, menés par les Américains et leurs toutous européens sous la houlette de l’OTAN : tous unis pour en découdre avec la Russie ! Et ils voudraient nous faire croire qu’ils combattent le terrorisme islamiste ?
Nous ne sommes donc pas dupes de cette énième tentative européenne dont la France est le fer de lance pour faire main basse sur les richesses du continent africain. L’Europe n’en a pas fini avec son passé colonial et espère concrétiser un nouveau projet de «partenariat», cette fois-ci «stratégique», avec les Africains. C’est un mot que les Occidentaux nous agitent souvent sous le nez en cherchant à nous appâter pour mieux nous plumer. A nous d’être circonspects et d’exiger un vrai partenariat, «stratégique» ou non, mais qui soit gagnant-gagnant.
M. A.
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