Quand le politicien de trottoir Manuel Valls rejoint le harem de Mohammed VI
Par Abdelkader S. – «Veleta» (girouette), «camaleónica» (caméléon), diraient les Espagnols qui l’ont bouté hors de leur pays après qu’il eut échoué à vendre sa camelote politique dans son pays d’origine. Lui, c’est Manuel Valls. «Il faut dépasser cette question du Sahara qui est liée à la Guerre froide et à un conflit d’un autre monde», «les solutions existent à travers la position des Etats-Unis qui ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara et à travers aussi la position de la France», «nous devons aider nos amis marocains qui mènent un combat juste», «le mouvement séparatiste [le Polisario, ndlr] ne correspond en rien aux intérêts stratégiques et aux valeurs de l’Union européenne», s’est-il lâché dans les médias du Makhzen.
Les Bérézina successives qu’il a essuyées dans toutes les élections auxquelles il a participé n’ont pas suffi à arrêter l’ancien socialiste qui s’est vendu au mouvement fondé par Emmanuel Macron pour, rêvait-il, se voir offrir l’opportunité de demeurer dans les salons mondains de la monarchie déguisée française. Il n’en fut rien. Coutumier du trottoir politique, le Catalan francisé cultive l’art de la virevolte, virant sa cuti au gré de ses intérêts propres. C’est ainsi qu’il a vendu la cause palestinienne contre un hypothétique appui du lobby sioniste. Ce même lobby sioniste qui l’a jeté dans les bras du régime monarchique de Rabat. «Combien le Maroc paye-t-il le mercenaire Manuel Valls pour défendre le Makhzen ?» interrogeait, en 2020, Algeriepatriotique, qui rappelait que l’ancien chef du gouvernement sous François Hollande n’en était déjà pas à sa première ignominie.
L’ancien candidat malheureux à la mairie de Barcelone avait joint sa voix à celle des outils de propagande du Makhzen qui accusaient le Front Polisario de «trafic d’armes, d’êtres humains et de drogue». «Lors de la diffusion de l’émission Espejo Publico sur Antena 3, Manuel Valls a été interrogé sur les relations diplomatiques hispano-marocaines alors qu’ils discutaient de la crise migratoire qui s’est déchaînée aux Canaries après l’arrivée de centaines de migrants sur des bateaux. Valls est allé plus loin, en accusant directement et explicitement le gouvernement sahraoui de trafic de drogue, de trafic d’êtres humains et d’armes dans tout le Sahel», rapportaient les médias espagnols.
Dispensant ses conseils au gouvernement espagnol, le machiavélique ancien candidat à la présidentielle française, accusé par les militants du Parti socialiste d’avoir été le «traître fossoyeur du PS», avait, en effet, affirmé que «les déclarations ou positions du Podemos concernant le Sahara espagnol et le Polisario sont irresponsables, surtout quand on sait que le Polisario a beaucoup changé, qu’il a participé au trafic d’armes, d’êtres humains, de drogue». «Le gouvernement espagnol doit être très responsable et à la hauteur du défi que nous avons et une coopération bien sûr avec le Maroc», avait-il insisté.
Les virevoltes de Manuel Valls ne datent pas d’aujourd’hui. En 2014, l’ancien locataire de Matignon réaffirmait son allégeance à l’entité sioniste, fortement applaudi par Bernard-Henri Lévy. Il promettait de combattre en France les manifestations d’antisionisme qu’il amalgamait avec l’antisémitisme. Faisant preuve d’une dualité criante, de 1980 à 2008, Valls donnait l’impression d’être pleinement engagé en faveur du combat antisioniste des Palestiniens, en se proclamant «militant de la cause palestinienne». Après 2008, opérant un revirement total, il devient chantre du sionisme, «éternellement lié à la communauté juive et à Israël», comme il l’avait hurlé, sur le ton du fanatisme, dans une déclaration filmée.
Le vrai visage de Manuel Valls a été dévoilé par l’écrivain français Emmanuel Ratier dans un livre qui porte ce titre. C’est cette dualité qui le poussera certainement à multiplier les gages à l’entité sioniste pour prouver que son revirement n’était pas une manœuvre d’opportuniste aveuglé par ses ambitions de pouvoir mais l’expression de vraies convictions.
En décembre 2013, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait interrompu une visite officielle en Algérie pour rester à Paris et ne pas rater la cérémonie du 70e anniversaire du Crif, la très influente organisation de la communauté juive en France. Ce sont les musulmans de France qui paieront cher le repositionnement de Valls, d’autant plus que, menacé par le Front national, il était contraint par des considérations électoralistes de chasser sur les terres de l’extrême-droite raciste.
Ce n’est donc évidemment pas à titre gracieux qu’il s’adonne à la calomnie aujourd’hui, dans le sillage des hostilités qui ont repris de plus belle entre le Maroc et la République sahraouie.
A. S.
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