RFI crée une bisbille entre Tebboune et Sissi : à quoi joue la presse de Macron ?
Par Kamel M. – «Tensions.» «Crise muette.» Radio France International se délecte quasiment d’une brouille fictive entre l’Algérie et l’Egypte. Dans un article intitulé «Aux sources des tensions entre Le Caire et Alger», le média gouvernemental français affirme qu’«une rencontre prévue au Koweït mercredi entre les dirigeants de l’Algérie et de la Libye, qui s’y trouvaient en même temps, a été annulée et le président Sissi a quitté la capitale koweïtienne plus tôt que prévu». «Il devait pourtant discuter avec Abdelmadjid Tebboune de plusieurs dossiers en vue du prochain Sommet arabe qui sera organisé à Alger. Des différends sur des sujets africains ont eu raison de cette rencontre», écrit encore RFI, qui ajoute qu’«aucune déclaration officielle n’a été faite sur l’annulation du sommet», mais que «des fuites ont cependant révélé les raisons de la colère égyptienne».
Des sources informées ont, pourtant, indiqué à Algeriepatriotique que tout ceci n’est qu’un «tissu de spéculations politiquement motivées» et qu’aucune rencontre n’était à l’ordre du jour entre les chefs d’Etat algérien et égyptien au Koweït. RFI suppute, en réalité, et présente ses déductions comme des informations avérées. Le média français invoque deux raisons à ce supposé désaccord entre l’Algérie et l’Egypte : l’audience accordée par Abdelmadjid Tebboune au Libyen Abdelhamid Dbeibah à Koweït alors que Le Caire soutient son rival Fethi Bachagha, et la création du G4 africain qui regroupe l’Algérie, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Ethiopie et dont l’Egypte ne fait pas partie. Sissi y verrait, toujours selon RFI, un rapprochement entre Alger et Addis-Abeba en pleine crise du barrage de la Renaissance.
Or, la position de l’Algérie par rapport à cette question a été clairement soulignée par Ramtane Lamamra, qui avait tenté une difficile médiation entre les trois pays concernés par cette crise, à savoir l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan. L’Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, avait mis en avant sa volonté de voir le problème réglé par le dialogue pour parvenir à un accord qui ne lèse aucune des trois parties. Quant à la rencontre entre Tebboune et Dbeibah, Alger a toujours fait prévaloir le fondement de sa politique étrangère qui consiste en deux principes immuables : ne jamais s’ingérer dans les affaires internes d’Etats tiers et ne discuter qu’avec les représentants officiels de ceux-ci. Dans le cas libyen, le conflit qui oppose l’actuel Premier ministre et son successeur coopté par le Parlement est considéré par l’Algérie comme une crise interne qui ne concerne que les Libyens eux-mêmes.
L’article orienté de Radio France International intervient dans le contexte de l’intervention militaire russe en Ukraine qu’accompagne une gigantesque opération de propagande menée tambour battant par les journaux et les télévisions américains, britanniques et français notamment, via les relais officiels et officieux, ainsi que les réseaux sociaux. Le représentant permanent de la Russie aux Nations unies en a dévoilé une partie lors de son intervention au Conseil de sécurité, ce samedi. Une mise au point cinglante qui en dit long sur le «professionnalisme» et l’«impartialité» de ces médias dominants, donneurs de leçons en matière d’éthique et de déontologie, et détenus par une poignée d’oligarques à l’obédience connue.
K. M.
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