Sanctions anti-russes : Nourine appelle à dénoncer les instances mondiales
Par Nabil D. – «Il est nous est loisible de constater à l’occasion des derniers événements qui se déroulent en Ukraine que l’histoire et le temps m’ont donné raison», a affirmé Fethi Nourine. «Nous voyons comment les grandes fédérations et organisations sportives internationales, à l’instar de la FIFA et de la Fédération internationale de judo, se contredisent dans leurs décisions et dans leurs jugements», a ajouté le judoka algérien, selon lequel ces dernières «font preuve d’hypocrisie car une sanction a été prise à mon encontre sous le prétexte que j’avais introduit la politique dans le sport en me retirant du combat face au représentant de l’entité sioniste aux Jeux olympiques de Tokyo, alors que le tout premier pas que celles-ci ont fait en soutien à l’Ukraine a été de mêler la politique au sport».
«Nous voyons bien que lorsqu’il s’agit de causes qui concernent les musulmans et les Arabes, ces instances mondiales nous appliquent les règlements à la lettre et quand ce sont des pays européens qui sont impliqués, ils ignorent ces mêmes règlements», a déploré Fethi Nourine, pour lequel «ceci confirme que la sanction qui m’a été imposée était une décision injuste et abusive». «C’est une occasion pour nous de relancer l’affaire et d’introduire un recours officiel parce que l’argument sur la base duquel j’ai été puni devient caduc à partir du moment où ces mêmes instances qui en sont les responsables font elles-mêmes de la politique», a-t-il insisté. «Le peuple algérien libre et digne est de mon côté, de même que le peuple palestinien, et je suis satisfait de ce que j’ai accompli», avait réagi le sportif algérien. «L’histoire jugera et les traîtres finiront à la poubelle de l’histoire», avait-il conclu.
«La résistance de Fethi Nourine et son coach à cette dérive de l’olympisme, pleine de dignité, d’humanité et d’esprit de responsabilité, n’est pas un cas isolé», avait commenté le philosophe Youcef Benzatat dans une tribune parue dans Algeriepatriotique. «Notre période contemporaine a connu plusieurs épisodes similaires. Par le passé, la violation de la Charte de l’olympisme fut systématiquement brandie pour justifier le boycott des jeux contre les Etats dont les dirigeants du CIO se rendaient coupables de complaisance avec leur forait, en leur permettant d’y participer dans l’impunité totale», avait-il expliqué, en donnant l’exemple des Jeux olympiques de 1976 lorsque les pays africains avaient boycotté la manifestation sportive de Montréal pour protester contre la présence de l’Afrique du Sud, pays raciste et dont la pratique politique se fondait sur l’apartheid au sein du CIO.
Bien avant, en 1973 déjà, l’équipe de football de l’URSS refusa de rencontrer son homologue chilienne pour protester contre l’assassinat par une puissance étrangère, en l’occurrence les Etats-Unis, du président légitime de ce pays, Salvator Allende, et désigner un gouvernement qui leur est acquis pour orienter sa politique en faveur des intérêts de cette puissance au détriment des intérêts du peuple chilien. «Cet évènement sera le début d’une nouvelle ère pour l’olympisme, où sa Charte deviendra un enjeu géostratégique pour continuer la guerre froide entre les blocs de l’Est et de l’Ouest qui durait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», notait Youcef Benzatat, en rappelant qu’«en réponse au boycott du match de football par l’URSS contre son homologue du Chili, les Etats-Unis boycottèrent à leur tour les JO de Moscou en 1980, en invoquant l’ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain, l’Afghanistan». «En 1984, le bloc de l’Est surenchérit à son tour en boycottant par représailles les Jeux olympiques de Los Angeles», rappelle encore l’auteur de la contribution intitulée «Les dessous de la condamnation du judoka algérien Fethi Nourine».
«Tout récemment encore, en 2004, les pays occidentaux et leurs alliés joignirent leurs voix à celle des Etats-Unis pour appeler au boycott des JO prévus en Chine, pour le même motif de violation de la Charte de l’olympisme, à savoir la violation des droits de l’Homme et la privation des libertés politiques dans ce vaste pays», poursuit-il, en estimant que «de toute évidence, cette solidarité dans le boycott des JO entre Etats n’est pas l’apanage de groupes soucieux de la préservation de la Charte de l’olympisme, mais bien de lobbies réunis autour d’idéologies et d’enjeux géostratégiques qui n’ont rien à voir avec l’olympisme, mais plutôt animés par des motifs sournois qui s’inscrivent dans des stratégies guerrières non avouées».
«Fethi Nourine et son coach se sont fait suspendre par un jury indigne de représenter l’esprit olympique, car ayant pris leur décision au profit des intérêts du lobby auquel appartiennent ses membres, partialement et non pas objectivement, pour avoir au préalable accepté la participation à ces Jeux d’un Etat qui ne respecte pas ce même esprit de la Charte olympique», notait justement Youcef Benzatat.
N. D.
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