Exaspération à Alger après une série de dérapages à la Grande Mosquée de Paris
Par Mohamed K. – La Grande Mosquée de Paris appartient-elle à l’Etat algérien ou au CRIF ? Cette question lancinante taraude les fidèles algériens en France qui voient, sans pouvoir agir, le recteur offrir cette institution religieuse au lobby sioniste sans que le ministre des Affaires religieuses ne bouge le petit doigt. Dernière trouvaille en date, une visite des imams et des étudiants de l’Institut El-Ghazali, présentés ostentatoirement dans l’accoutrement traditionnel musulman à une exposition sur les juifs d’Orient au très marocain Institut du Monde arabe que dirige Jack Lang. «Hafiz les transforme en objet d’exposition», s’indigne-t-on à Paris, après le scandale de la cérémonie d’installation du Conseil des imams de France, en novembre dernier, lorsque le recteur de la Mosquée de Paris avait enjoint aux présents de se lever à l’entrée du président du Conseil représentatif des institutions juives de France qui prononcera un discours dans lequel il proférera un certain nombre de contre-vérités sur le prophète de l’islam.
Ce samedi, c’est à Alger que la colère est montée d’un cran, après que le recteur de la Grande Mosquée de Paris a organisé une rencontre dans le cadre, lit-on dans l’invitation, de la «création d’un réseau des hautes personnalités franco-algériennes», tenue dans une salle de ce lieu de culte «devenu tout, sauf une mosquée», ironise-t-on au sein de la communauté musulmane en France. Nous avons, en effet, appris de sources sûres que les ministres algériens de la Jeunesse et des Sports, de l’Industrie et de l’Economie de la Connaissance et des Start-up, qui devaient intervenir par visioconférence à partir d’Alger, ont fait faux bond, et pour cause. Les plus hautes autorités algériennes, informées de cette démarche entreprise par le recteur à l’insu des institutions officielles du pays, leur ont interdit de prendre part à cette soirée.
«Le recteur a demandé à ses invités de lui présenter une centaine de projets pour leur organiser un déplacement en Algérie et les introduire auprès des responsables algériens aux fins d’obtenir des marchés juteux», révèlent des sources informées, selon lesquelles «Hafiz a voulu se servir des entrepreneurs franco-algériens pour élargir ses prérogatives de recteur d’une mosquée à celles d’acteur économique, alors que sa position ne lui permet pas un tel écart». Pour justifier l’absence des membres du gouvernement algérien à ce fiasco, la Grande Mosquée de Paris a évoqué un «empêchement de dernière minute», mais le fait est que le Premier ministre a dû intervenir in extremis pour déjouer le plan du successeur controversé de Dalil Boubakeur.
Selon d’autres sources présentes à la Grande Mosquée de Paris ce samedi, les photos illustrant l’intervention d’Arnaud Montebourg à cette rencontre sont bien antérieures à ce rendez-vous raté, l’ancien ministre de l’Economie sous François Hollande n’ayant pas fait le déplacement à la place du Puits de l’Ermite. «Les autorités algériennes, au nom desquelles s’exprime Hafiz, réagiront-elles après ce énième dérapage depuis son élection contestée de janvier 2020 ?» s’interrogent des sources algériennes fortement préoccupées par la dérive programmée de cette instance religieuse censée être une voie d’élévation spirituelle mais qui mue peu à peu en un club d’affaires et de militantisme politique tacitement subordonné à un influent groupe de pression extra-musulman.
M. K.
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