Analogie entre notre victoire sur l’OTAN et l’eugénisme combattu par Poutine
Une contribution de Saadeddine Kouidri – «Le capitalisme libéral est dans la voie d’une contradiction entre les valeurs de civilisation qu’il revendique en prétendant les incarner et une impitoyable domestication du monde.» L’OAS est comme l’OTAN aujourd’hui. L’Organisation de l’action secrète, qui devient l’Organisation de l’armée secrète, est née le 11 février 1961. Deux mois et quelques jours après, le 22 avril, la radio d’Alger diffuse le communiqué suivant : «Les généraux Challe, Jouhaud, Zeller, Salan ont pris le pouvoir à Alger. L’armée a la situation en mains. Il n’y a pas, il n’y aura pas, il n’y aura jamais d’Algérie indépendante !» Ce refus de connaître leur échec est l’unique héritage que les pieds noirs fidèles à l’OAS gardent de leurs aïeux colonialistes, génocidaires, tortionnaires et racistes.
Si des historiens continuent à qualifier la résistance de l’Emir Abdelkader comme une défaite, comment voulez-vous que ces radicaux de la colonisation ne cultivent pas cette aberration à leur compte et la prolongent en illusion dans une éternelle Algérie française ? Il semble que nous n’ayons pas été capables d’imprégner dans les mémoires la simple vérité, celle de rappeler que notre première victoire sur le colonialisme de peuplement est dans notre survie, au prix de plusieurs millions de morts, entre 1830-1848, et au-delà, et plus de 100 000 soldats français tués seulement à cette période.
A l’occasion de l’anniversaire de notre deuxième éclatante victoire le 19 Mars 1962, il est nécessaire de répéter que le colonialisme français qui nous a fait la guerre depuis 1830 pour occuper notre pays a rencontré une très longue résistance populaire héroïque. Après dix-sept ans de combat, l’Emir Abdelkader a abdiqué, pour ne pas périr, face à une armée plus forte matériellement, en sus, armée de traîtres algériens et marocains, qui forment depuis la cinquième colonne de la France au Maghreb. Le rapport de force dictait à l’Emir Abdelkader, à ses compagnons poètes et guerriers d’arrêter la résistance pour échapper au génocide.
Certains affirment que le système colonial n’est pas un crime contre l’humanité, parce qu’il n’a pas été que criminel et qu’il a permis la construction de ponts de routes. Hitler, avec beaucoup moins de temps d’occupation, a construit plus en France que la France en Algérie. Pourquoi le génocide de centaines de tribus africaines n’est pas reconnu comme un crime contre l’humanité, à l’instar de la Shoah ?
De jeunes communiste français célébraient dans un grand cinéma parisien, il y a dix ans, le cessez-le-feu du 19 Mars 1962 avec l’intitulé «Pourquoi la Guerre d’Algérie ?» Si notre Révolution avait juste été qualifiée de Guerre de libération, la question aurait été superflue.
Mohamed Téguia, militant communiste et ancien officier de l’Armée de libération nationale (ALN) de la Wilaya IV, a intitulé son livre L’Algérie en guerre. Une tentative de Téguia de soustraire notre lutte de libération à l’histoire de la France qui l’intitule «La guerre d’Algérie». Une idée qui semble marginaliser son œuvre.
Il est bien entendu que pour l’histoire et le cinéma français, la colonisation comme la décolonisation ont été accomplies par la France. Dans leurs littératures, les leaders «arabes» qu’ils exhibent sont leurs éternels auxiliaires. Ils illustrent l’indigène. Ils savent que ces rôles sont invraisemblables à Ben M’hidi, à Boudiaf, à Didouche, à tous les révolutionnaires du 1er Novembre 1954.
C’est une ségrégation de l’histoire que de ne pas condamner un mal aussi terrible que l’esclavagisme, l’apartheid, le racisme. Cette ségrégation renforce le néocolonialisme, et l’absence de condamnation de la colonisation de peuplement en Algérie comme crime contre l’humanité est un facteur de la poursuite des guerres dans les ex-colonies et ailleurs.
La domination des libéraux anglo-saxons sur le monde depuis des siècles est une catastrophe aux yeux de la majorité des peuples. Leur malice a été de faire croire qu’ils étaient démocrates. Ce subterfuge a été dévoilé encore récemment par leur réaction raciste face à la Russie qu’ils n’ont pas pu mettre à genoux, à l’instar de la France et de l’Allemagne. La résistance de la Russie, menée par Poutine, face au racisme anglican entrouvre un nouveau paradigme.
«L’armée russe annonce avoir pris les laboratoires de recherche bactériologique» et rappelle que tous les pays voisins membres de l’OTAN disposent de tels laboratoires. Les armes bactériologiques ont cette spécificité de porter préjudice à la vie uniquement. On est dans l’eugénisme de Galton et du «darwinisme social» de Spencer qui ont cours en Occident et dans les pays arabo-musulmans, que beaucoup d’universitaires de la gauche confondent avec le théoricien de l’évolution Charles Darwin. Ce dernier n’est pas seulement à l’opposé de ces idées inhumaines car il les combat intellectuellement, pratiquement et moralement toute sa vie. Pour Darwin, l’antiracisme est une progression dans la reconnaissance de l’autre comme semblable.
L’eugénisme traverse de part en part l’histoire du monde dit civilisé et on se demande si Poutine n’est pas en train d’y mettre le holà.
Quand on sait que l’idéologie étasunienne est issue de la matrice de son ex-colonisateur, on peut lire qu’avec «l’Angleterre et son expansionnisme irrépressible, le capitalisme libéral est dans la voie d’une contradiction entre les valeurs de civilisation qu’il revendique en prétendant les incarner et une impitoyable domestication du monde».
Sur la Toile, un internaute écrit : «Vous avez tout fait pour l’empêcher, vous n’y êtes pas arrivés ! Donc, vous avez été incapables. Si l’empêcher ne vous a pas été facile, l’arrêter vous sera sans nul doute difficile.» Ma réponse est oui, il est difficile de stopper la domestication du monde qui est du ressort de toutes et tous et, dans ce cas, on ne peut pas clamer la neutralité comme l’a fait le président du Sénat de mon pays l’Algérie à la télévision, surtout à la veille de l’anniversaire d’une victoire mémorable sur une domination de 132 ans et qui a fait des millions de morts et toute la misère qui en découle.
S. K.
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