Pétard mouillé des Etats-Unis contre le trio Russie-Chine-Iran
Une contribution d’Ali Akika – La presse dominante a fait l’impasse sur une délégation américaine visitant Venezuela, oui je dis bien Venezuela, et sur l’agacement des Américains qui aimeraient vite signer les accords de Vienne avec l’Iran. Qui dit Venezuela et Iran, dit pétrole ! J’y reviendrai mais, avant, un mot sur cette même presse qui s’est réveillée le 14 mars 2022 dès que le Pentagone menaça la Chine de représailles sous prétexte que la Russie a demandé une aide économique et militaire à cette grande puissance. Ai-je besoin de répéter que l’obsession des Américains est de briser l’alliance entre ces deux pays pour leur permettre de demeurer le gendarme du monde. En se réveillant, ladite presse, ayant les yeux sur le guidon, sortit de sa besace ses balivernes habituelles sur ces deux puissances. Des balivernes qui se nourrissent évidemment de préjugés et des craintes suscités par ces deux grands pays qui leur taillent des croupières, l’un par sa puissance militaire, l’autre également par son armée mais aussi et surtout par son économie qui flirte avec la première place dans le monde.
C’est ce trio Russie-Iran-Chine contre lequel butent les Etats-Unis et qu’ils veulent démanteler. Ils prennent ainsi le risque de voir l’Europe se poser des questions sur la fiabilité du parapluie nucléaire censé la défendre. Questions somme toute normales quand l’Europe se retrouve au premier rang pour recueillir des millions de réfugiés et de subir des contrecoups de sanctions alors que les Etats-Unis, si loin, ne sont pas touchés par les drames de la guerre et profitent de celle-ci pour engranger des milliards en vendant des armes et son gaz de schiste devenu rentable grâce à la hausse vertigineuse du pétrole. Ainsi, pour briser ce coriace trio, les Etats-Unis utilisent l’arme du pétrole et «l’art de la désinformation» mais, hélas, pour eux, un art qui a été déglingué pour finir par exploser sous la pression des fameuses armes de destruction massive de l’Irak. Voilà pourquoi les Américains ont fait le voyage à Canossa pour rencontrer le président Maduro du Venezuela.
Pour les Américains, on efface le passé et, en bons pragmatiques, ils mettent sur la table la «théorie» du gagnant-gagnant. En clair, ils disent aux Vénézuéliens, nous allons réparer avec générosité les misères endurées à cause de notre stupide embargo et vous ouvrez les robinets du pétrole pour que nos alliés dans le monde ne souffrent pas de pénurie de cette indispensable matière première. La même comédie, ils tentent de la jouer avec les Iraniens à Vienne. Ils sont pressés de conclure et signer les accords avec l’Iran pour que ce pays mette sur le marché leur pétrole, toujours pour que les alliés ne meurent pas du manque de ce produit et stabiliser le cours du pétrole. Ces deux tentatives en direction du Venezuela et l’Iran ne semblent pas être un succès. Ces deux pays n’ont pas envie de trahir des amis qui les ont aidés. Ils ont aussi une conception différente de ceux qui mettent en avant les délices du dollar au lieu de défendre leur pays pour qu’il ne disparaisse pas de l’histoire.
Voyons maintenant l’accusation du Pentagone sous forme de menaces contre la Chine pour l’empêcher de répondre à la soi-disant demande d’aide économique et militaire de la Russie (1). Déclaration frivole et mensongère faite uniquement pour dévaloriser, rabaisser et faire croire que la Russie est au bord de la faillite économique et de la débâcle militaire. Une fake news élaborée en direction des commentateurs qui ont besoin de la caution de la CIA pour débiter leurs «lumières» dans les médias. Lumières qui nous apprennent dès le premier jour de la guerre les difficultés des armées russes alors qu’elles avancent et encerclent des villes. Pour une armée qui n’avance pas et qui est sous le feu des résistants qui défendent leur pays, elle se débrouille pas mal. Passons sur ces médiocrités et intéressons-nous à ce qui se cache derrière la réaction du Pentagone. Rappelons la visioconférence réunissant Macron, Scholz et Xi Jinping que j’ai relaté dans mon dernier article. Elle a été suivie par une rencontre le 14 mars à Rome entre le responsable des Affaires étrangères du Parti communiste chinois et du conseiller américain à la Sécurité nationale. Le niveau politique des représentants des deux pays est un indicateur de l’importance des sujets abordés. Que nous a dit la presse dominante qui fait la loi en l’absence de voix moins serviles (2) ?
Cette presse se cache derrière le vote de la Chine au Conseil de sécurité qui s’est abstenue de condamner la Russie. Cette abstention a suffi à nos spécialistes des arcanes de l’ONU pour qualifier cette posture d’ambiguë. Pour cette presse, ambiguïté signifie se pencher du bon côté, c’est-à-dire de l’Occident. Elle passe outre la déclaration officielle de la Chine indiquant la solidité des relations sino-russes. Pour donner de la consistance à cette analyse pour le moins schématique pour ne pas dire bidon, on fait appel à des économistes distingués qui nous expliquent que la Chine pense à ses intérêts (quelle trouvaille) et qu’elle ne va pas risquer d’affronter les Etats-Unis, les maîtres du monde. Ces messieurs oublient deux choses. Que la Chine n’a pas dans ses réserves stratégiques des produits à valeur frisant le zéro mais des produits à très haute valeur technologique capables de perturber la machine industrielle et qui plus appuyée sur un marché de consommateurs intérieur et extérieur qui mettrait en faillite les entreprises au moindre signe de l’Etat chinois.
Cette puissance se vérifie dans la mise au pas des milliardaires chinois qui doivent leur statut à l’Etat et non, comme en Occident, à l’accumulation et à la transmission des richesses entre familles bourgeoises durant des siècles. Il en est de même des oligarques russes qui sont redevables à «Poutine»(3) et donc incapables de menacer le pouvoir de ce dernier. Les perroquets ont espéré vendre le soulèvement de ces oligarques contre Poutine dans le seul but de donner du grain à moudre à une opinion qui n’est pas au fait de la complexité de l’histoire de la Russie confrontée à la machine de guerre de l’OTAN. En vérité, ce qui inquiète les Etats-Unis, c’est le commerce Russie/Chine qui se passe du dollar et affaiblit leur arme favorite dans la finance internationale appelé Swift. Leur commerce par le biais du «Swift» chinois utilise l’euro et le yuan, devises fortes acceptées dans le commerce international. Rogner la puissance de la circulation du dollar, c’est affaiblir le rôle de l’économie américaine déjà bousculée par les produits concurrentiels de la Chine.
Quant à la puissance militaire, la démonstration de force des Russes en bombardant une base militaire et d’entraînement créée par l’OTAN près de la Pologne est un signe politique et militaire. En clair, la Russie ne va pas être détournée de son objectif politique de la guerre. Et cette détermination est soutenue par les missiles envoyés à partir de la Russie et de la mer Noire, traversant des centaines de kilomètres et avec une précision d’une montre suisse. Une façon de ridiculiser la CIA qui annonça que les armées russes sont arrêtées par manque d’essence et de munitions. Des blablas répétés à satiété par les «experts» en «art de la guerre enseigné à science politique». Ladite puissance russe et les plans de guerre de l’armée russe ont eu un écho chez le président de l’Ukraine puisqu’il vient de renoncer à demander de faire partie de l’OTAN. Un des buts énoncés par le président Poutine. Attendons un peu pour voir l’explication que va donner l’armée tonitruante de la désinformation.
A. A.
1- Une voix bien informée d’une spécialiste de la Chine et soutenue par un ancien ambassadeur français a été à contrecourant contre l’ambiguïté supposée de la Chine qui serait un signe de l’abandon de la Russie par la Chine.
2- Signalons que certains généraux ont dit quelques vérités pour contrer les bêtises de certains «spécialistes». Ils n’ont pas voulu cautionner les délires de certains hâbleurs parce qu’ils étaient à la retraite et n’étaient plus astreints au devoir de réserve mais aussi pour ne pas se décrédibiliser devant leurs pairs qui regardent la télé.
3- «Poutine», parler des troupes de Poutine au lieu de l’armée russe est une forme méprisable des acteurs de la désinformation qui veulent faire croire qu’il est une sorte de chef d’une secte. Lamentable et dire que l’armée russe a été la première à libérer les camps des prisonniers et déportés.
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