Le racisme génocidaire est occidental
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Le jour où le président français, le général De Gaulle, est allé voir ses bidasses, saluer ses troufions et bénir ses généraux criminels, futurs membres actifs de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), notre Armée de libération nationale (ALN) avait déjà passé le relais à ses révolutionnaires de la diplomatie. Au moment des négociations, les combattants de la libération n’étaient plus en embuscades, ils étaient à leurs postes, mobilisés, pendant que d’autres de leurs camarades faisaient rugir les canons de gros calibres aux frontières amies, face à l’adversaire pour faire entendre à l’ennemi qu’ils peuvent se passer, dans le cas échéant, du cessez-le-feu et expulser l’armée coloniale du sol national, comme l’ont fait les vietnamiens à Biên Phu, la veille du 8 mai 1954.
De Gaulle, avec son plan de Constantine et ses opérations militaires aux noms de pierres précieuses, épuisa son or, presque tout le butin de la France, et fut comme pris au collet. Pour ne pas étouffer, abdiquât, ordonnant à son ministre de signer les accords d’Evian que lui tendait le chef maquisard ministre des Affaires étrangères, chef de la Diplomatie, chef de la délégation du GPRA aux négociations avec la délégation française, Krim Belkacem, et néanmoins membres des six responsables de la Révolution qui jugent opportun de reprendre le fusil le 1er Novembre 1954 pour abattre le colonialisme, en inscrivant dans leur Proclamation : «Conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi obstiné et aveugle, qui s’est toujours refusé d’accorder la moindre liberté par des moyens pacifiques.»
La France a soumis le peuple depuis 124 ans, une période presque suffisante pour le mettre à genoux. Une position non honorable qui a permis néanmoins aux deux-tiers de la population d’échapper à la mort. La survie du peuple était préférable à sa mort, semble suggérer l’abdication volontaire de l’Emir, qui a déposé les armes de son plein gré, avec le consentement de ses poètes et de ses guerriers le 21 décembre 1847. Une photo latente depuis 164 ans, que nos historiens, que dis-je, nos romanciers doivent développer. Une image subliminale, formée au temps où le rapport de force était inégal et qui doit être ressuscitée pour le récit national.
Abdelkader avait abdiqué pour faire taire les canons et les fusils pour préserver son peuple du génocide programmé par l’ennemi dont la haine viscérale s’est estompée après plus de 100 000 morts dans son armée, comme assez de perte humaine qui transforme la haine génocidaire en haine ordinaire.
Le rapport de force va changer crescendo, du tout au tout, grâce aux résistances successives, souvent héroïques, qui demeuraient sans succès jusqu’au 19 mars 1962 où le FLN/ALN obligea la France membre de l’OTAN à s’asseoir à la table des négociations pour abdiquer, car elle n’était plus capable de subvenir à ses dépenses militaires, incapables de soutenir la polémique à l’ONU face aux délégués algériens. Incapable de sécuriser son propre territoire, face à l’activité du FLN/ALN en métropole, à l’activité des fida, aux porteurs de valises, aux discours de Jean-Paul Sartre, à l’opinion des anticolonialistes français… La France qui soumettait les peuples, s’agenouillait à son tour.
Le colonialiste est raciste et le colonialisme de peuplement est génocidaire. Ce dernier a réussi dans une région de l’Amérique et a échoué en Algérie, face à un peuple à majorité lettrée d’une morale d’Hommes civilisés, puisqu’il a pu résister durant des décennies au prix de la vie d’un Homme sur trois de sa population et riche, puisqu’il prêtait de l’argent au royaume de France et lui vendait du blé à crédit.
Ce n’est, malheureusement, pas le cas des Amérindiens. On peut considérer que l’échec du génocide en Algérie est une grande victoire sur le colonialisme dont le tribut a été des plus lourds qu’un peuple ait pu consentir pour son existence. Si l’Europe de 1940 à 1945 avait l’Union Soviétique pour sauver le monde du nazisme et le peuple juif de la Solution finale, les Algériens avaient la solidarité des peuples, y compris français dans leur lutte de libération, qui a duré de 1954 à 1962.
Les Etats-Uniens ont comme ancêtres des aventuriers et des marginaux, qui fuyaient leurs pays. Pour Darwin, les premiers arrivants dans ce pays sont des émigrants turbulents, souvent indésirables en Angleterre, qui s’embarquèrent alors avec un reliquat de barbarie et Patrick Tort de préciser que les Etats-Unis sont une nation fondée par les repris de justice, encadrés par des pasteurs.
Pour dominer, le pouvoir a besoin des valeurs au nom desquelles il peut faire supporter sa domination. Celui des Etats-Uniens est capable pour cela, opportunément, de prôner, tout à la fois l’anticolonialisme et l’anticommunisme, parfois l’anti-apartheid, jusqu’à l’antiterrorisme mais jamais l’antiracisme car son système politique a comme base le libéralisme économique qui, lui, est consubstantiel à l’absence de l’exercice politique des peuples, de tous les peuples.
La première puissance mondiale est à la tête de l’OTAN. Il suffit de rappeler ce que cette alliance a fait de la Yougoslavie pour la condamner à perpète. Elle est un facteur permanent de l’injustice. Elle est comme l’épée de Damoclès sur la tête des peuples. En sus, elle a littéralement encerclé la Russie. On ne peut pas être aveugle au point de ne pas deviner la suite. Le peuple ukrainien est malheureusement la victime de l’Occident comme l’ont été les peuples yougoslave, irakien, libyen, syrien et toutes les nouvelles Républiques africaines et arabes.
Il faut sans cesse rappeler que les Etats-Uniens ont accaparé la terre des Amérindiens après les avoir tués. Ce n’est qu’après que ces aventuriers se sont aperçus qu’ils manquaient de bras pour le travail, alors ils ont organisé des expéditions dans les colonies anglaises en Afrique et avec la bénédiction de Londres, pour ramener des esclaves. Depuis, leur racisme structure leur société dont les pouvoirs politiques sont toujours aux mains de ces exterminateurs qui demeurent à ce jour la principale force des Anglo-Saxons, et comptent le rester. Pour cela, il leur faut toujours plus de richesses. Il faut rappeler dans ce cas l’exemple du Texas qui a été usurpé au Mexique. Aujourd’hui, ils se demandent : pourquoi la Sibérie doit-elle demeurer russe ? dixit Poutine. Dans ce cheminement, ils revendiqueront le Sahara algérien si par malheur la Russie n’arrive pas à dissuader son désir d’expansion en Ukraine.
L’histoire rapporte que c’est au nom du gouvernement français que le Maréchal Jean de Dieu Soult défendra le colonel Pélissier qui enfuma la tribu des Ouled Riah du 18 au 20 juin 1845 à l’est de Mostaganem, en ces termes : «Je déplore ce qu’il s’est passé. En Europe, un tel acte serait horrible et détestable. En Afrique, c’est la guerre même.» Deux poids, deux mesures est leur règle, et elle s’est répandue car le capitalisme est dans la contradiction entre les valeurs de civilisation qu’il revendique, en prétendant les incarner et une impitoyable domestication du monde et, dans ce cas, la guerre ne résout pas, elle énonce le problème politique seulement. Gorbatchev en est la preuve, lui qui a cru que le capitalisme est pour la paix. C’est grâce à cette erreur stratégique que Poutine a compris que non. Il n’y a pas de solution politique dans le monde capitaliste sans la guerre. La guerre est l’unique solution des Etats-Unis surarmée de l’OTAN. Une puissance hypertélique. Un monstre que seule la force nucléaire des autres pays arrive à dissuader. Il ne faut surtout pas rajouter l’Iran dans ce club ou Israël, le nain est juché sur l’épaule du monstre.
L’Espagne est un ancien colonisateur. Il n’est, pour la cause sahraouie, que par intérêt et non par principe. Son revirement dans la cause sahraouie ressemble à une réplique de la France à l’Algérie, par l’intermédiaire de Madrid, suite à sa défaite au Mali. Un rééquilibrage du rapport de force entre le mouvement de libération des peuples (palestinien et sahraoui) et le colonialisme (français, israélien, marocain adossés à l’UE et l’OTAN). Ce rapport de force est spécifique à chaque région. Il ne change que grâce à la pression populaire.
L’antiracisme est la progression continue dans la reconnaissance de l’autre comme semblable, nous dit Darwin. Ce n’est pas Joe Biden qui implore Dieu en Pologne pour que Poutine ne reste pas au pouvoir qui va approuver.
Ce mardi 29 mars, au moment où l’Ukraine en négociation avec la Russie accepte le statut neutre en échange de garanties de sécurité, Antony Blinken en visite au Maroc sème le doute, une façon du diplomate américain de refuser l’échec de Kiev.
S. K.
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