Zemmour déterre le drame d’une femme assassinée pour casser de l’Algérien
Par Nabil D. – Le candidat à la présidentielle française Eric Zemmour ne s’encombre d’aucun scrupule pour se faire élire à l’Elysée. Chassé comme un malpropre d’un stade à Marseille par le frère de Zinedine Zidane, celui-là même dont le sang est algérien et qui a fait le bonheur de la France, mais qu’il n’évoque jamais dans ses laïus fielleux, ce néophyte en politique surfe sur le drame d’une famille française endeuillée par l’assassinat de sa fille par un sans-papier originaire d’Algérie qu’elle avait accueilli chez elle mais qui l’a tuée pour avoir refusé de régulariser sa situation. Exploitant ce drame, un cas isolé qui remonte à quatre ans, il diffuse le témoignage de la mère de la victime, Marion Courty, qui appelle à voter pour lui.
«Je m’appelle Catherine, j’ai 58 ans, j’habite en Haute-Vienne, à Limoges, j’ai trois enfants, en fait, j’avais trois enfants, parce que mon aînée, Marion, a été assassinée en juin 2018 par un Algérien en situation irrégulière qu’elle avait rencontré sur son lieu de travail. Elle l’a hébergé gentiment et lui étant venu en France pour avoir les papiers et contracter un mariage, elle a refusé, il l’a tuée de onze coups de couteau et l’a enterrée dans le jardin», raconte cette pauvre maman meurtrie. «Cet Algérien en situation irrégulière […] a été arrêté quatre fois, quatre fois relâché. Si M. Zemmour avait été au gouvernement, je pense que ça n’aurait pas pu arriver, je pense qu’il aurait été expulsé dès la première arrestation», regrette-t-elle dans un récit qui semble lui avoir été dicté par la direction de campagne du candidat.
«Je mets tous mes espoirs dans sa candidature, c’est maintenant ou jamais, moi je crois en lui, depuis Villepinte je crois en lui, je sais que c’est lui», a-t-elle insisté, en ajoutant qu’«il ne faut plus qu’il y ait de Marion, il ne faut plus qu’il y ait de familles endeuillées, notre vie a basculé le 7 juin 2018, la vie de mes petits-enfants qui n’auront jamais de maman a basculé également». Et de supplier les Français de voter pour Eric Zemmour : «Croyez en lui, je vous en conjure, c’est le seul à pouvoir trouver une solution à cette immigration clandestine qui nous ronge.»
Le récit poignant de la mère de la défunte est appuyé non sans un zèle malsain par le porte-parole de Reconquête, le parti créé par Eric Zemmour au moment d’entrer en lice pour la succession d’Emmanuel Macron. «Le corps de la jeune Marion a été déterré dans le jardin de son immeuble huit jours après. Lacéré de coups de couteau par un clandestin algérien, connu pour des faits de vol. Aujourd’hui, Catherine, sa maman, revient sur cette tragédie. Ecoutez son message ! Likez et commentez la vidéo ! Ensemble, écrivons l’Histoire !» lit-on dans le commentaire incitatif qui accompagne l’enregistrement qui «s’adresse à tous les Français».
Effet direct du discours raciste ambiant en France, véhiculé notamment par ce candidat à l’élection présidentielle française qui se tient dans quelques jours, deux «Arabes» ont été tabassés à Paris, en janvier dernier, selon le quotidien régional Le Parisien qui, parlant d’un «déchaînement de violence», avait rapporté que «deux ados d’origine maghrébine ont été passés à tabac par une bande de jeunes issus de la communauté juive».
Les victimes, d’origine algérienne, sont deux jeunes sans histoires qui ont dû faire face à une meute formée d’une trentaine de personnes qui se sont servies de leurs casques moto pour frapper les deux «miraculés», selon la police qui a confirmé l’existence d’injures racistes proférées par les agresseurs, qualifiées de «malsaines» et d’«intolérables» par le maire de la localité où se sont déroulés les faits. «Je sais que ces jeunes sont juifs, comme moi. Leur attitude dans la ville est désolante, mais c’est une minorité de petits cons», a-t-il commenté. «C’est beaucoup plus grave que cela», avaient réagi des sources qui lient ce grave dérapage au discours islamophobe et anti-algérien d’Eric Zemmour qui veut supprimer l’accord algéro-français du 27 décembre 1968 s’il est élu.
N. D.
Comment (53)