Un spécialiste de l’espionnage dénonce la soumission des médias français
Par Abdelkader S. – Le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) a crevé l’abcès. Il s’est insurgé contre le discours monotone des médias français s’agissant de la guerre en Ukraine. Attaqué de toute part, Eric Denécé dénonce la soumission totale des journalistes au pouvoir politique, lui-même inféodé aux Etats-Unis. «Devant les attaques infondées et orientées émanant d’individus dont les fonctions devraient les conduire à la retenue et à l’objectivité, de journalistes qui oublient leur propre déontologie pour se complaire dans l’exploitation d’informations invérifiées et souvent inexactes, le CF2R réaffirme qu’il maintiendra l’indépendance de ses analyses au sujet de la guerre en Ukraine», décrète le politologue dans un communiqué au vitriol.
«Dans le contexte d’un conflit qui n’est pas seulement militaire mais médiatique, alors que la grande majorité des commentateurs reprennent les narratifs élaborés par les Ukrainiens et les Anglo-Saxons, CF2R s’efforce de tenir la ligne de l’honnêteté, de la neutralité et de l’objectivité. Il se refuse à participer au matraquage unilatéral et à l’entreprise de déformation de la réalité orchestrée par des acteurs partiaux qui n’ont pas toujours fait preuve de la même pugnacité quand l’agresseur appartenait à leurs rangs», s’indigne-t-il.
«Il est légitime de s’interroger sur les motivations de ceux qui cherchent à imposer cette lecture et à empêcher toute réflexion raisonnée et indépendante. Nous sommes tentés de les qualifier de conspirationnistes ; pour eux, tout est systématiquement la faute de la Russie et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs analyses sont des agents d’influence de Poutine – et des négationnistes – car ils ne prennent en compte que les éléments servis par le narratif ukrainien et anglo-saxon, excluant systématiquement toute information d’une autre origine», poursuit le patron du think tank privé qu’il a créé en 2000.
«Le renvoi du général commandant la DRM [Direction du renseignement militaire, ndlr] s’inscrit dans cette logique car ce service de qualité n’a pas adhéré et n’a pas voulu reproduire la version des faits que les Américains voulaient imposer à tous les membres de l’OTAN. La critique qui lui a été faite est donc totalement infondée et injuste», conclut Eric Denécé, très remonté contre le complexe politico-médiatique de son pays, de plus en plus dépendant de Washington.
Le directeur de CF2R rejoint ainsi la journaliste Anne-Laure Bonnel, lynchée par ses confrères pour avoir pointé un doigt accusateur en direction des médias français qui n’ont pas couvert les massacres commis par l’armée ukrainienne et les mercenaires d’Azov – affublés du très euphémique titre de régiment en France et dans l’ensemble des Etats membres de l’OTAN – dans le Donbass depuis de longues années sans que personne bouge le petit doigt.
Celle qui affirme travailler «sans filtre, sans Photoshop, sans recadrage» essuie des tirs de la part de ses propres confrères dont elle dénonce la partialité et le manque d’éthique dans la couverture des événements qui ont cours en Ukraine. Accusée d’appartenir au Rassemblement national de Marine Le Pen pour la discréditer, Anne-Laure Bonnel a répondu qu’elle n’appartenait à aucun parti. «Car je n’ai aucune confiance en la politique», a-t-elle cinglé, avant de dénoncer la censure de son film sur le Donbass par Amnesty International qui l’a effacé de ses fichiers. «Mais sur le site de cette ONG, on ne voit que des images sur l’Ukraine, côté Kiev. Ils auraient peut-être pu, pour équilibrer, faire une contextualisation et rappeler ce qui s’était passé en 2014 et 2015 et les bombardements que j’ai prouvés en montrant des vidéos», a-t-elle signalé.
La journaliste a décidé de déposer plainte contre Libération – journal du défunt Parti socialiste zélateur du qui-tue-qui – «qui refuse d’admettre qu’il y a diffamation» en mettant en doute son travail sur le terrain. «Reconnaissez que vous n’avez pas fait votre travail !» «Comment osez-vous ne même pas me répondre ?» «Comment une chose pareille est-elle possible ?» «Si vous voulez la neutralité, ne désinformez pas !» a-t-elle demandé, en s’adressant à la rédaction de Libération dont aucun responsable ne répond à ses appels insistants. «Vous cherchez le scoop et en plus vous me l’écrivez ?» a-t-elle interrogé, sidérée par le cynisme des médias français.
A. S.
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