Le rapport du FMI sur le chômage en Algérie nécessite des éclaircissements
Par Houari A. – «Le dernier rapport du Fonds monétaire international sur le taux de chômage en Algérie demande des éclaircissements», a indiqué le professeur Abderrahmane Mebtoul dans une déclaration à Algeriepatriotique. L’expert international explique que cette institution financière «doit nous éclairer sur la méthodologie des calculs de projection» en estimant qu’elle se contredit. «Comment avec un taux de croissance démographique entre 2020-2021 qui se situe entre 1,8 et 2% une demande d’emploi d’environ 350 000 à 400 000 par an qui s’ajoute au taux de chômage actuel, estimé en 2021 à 14,3%, avec un tel taux de croissance le taux de chômage peut-il être inférieur à 10% ?» demande l’économiste, qui exhorte le FMI à ne pas induire l’opinion publique algérienne en erreur.
«Par ailleurs, ajoute-t-il, pour le calcul du taux de chômage, a-t-on séparé les emplois créateurs de valeur ajoutée des emplois-rente qui constituent un transfert de valeur ?» s’est encore interrogé le professeur Mebtoul, selon lequel «ces données du FMI contredisent les règles élémentaires de l’économie où le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité». «C’est une loi universelle», fait-il remarquer, en notant que le FMI prévoit un taux de croissance pour 2022 de 2,4% pour l’Algérie, avec une baisse du taux de chômage, revoyant ainsi à la baisse ses projections pour les années 2022 et 2023, en tablant sur un taux de chômage respectivement de 11,1% et 9,8%, alors qu’elle prédisait dans son rapport d’octobre une hausse de chômage à 14,7% en 2021, l’estimant en 2021 à 13,4%, contre une prévision de 14,1% en 2021 du fait d’un taux de croissance de 4% pour la même année.
Ces contradictions révélées par l’économiste algérien de renom va-t-il faire réagir l’institution financière internationale pour corriger ses erreurs ? Quoi qu’il en soit, l’ancien ministre délégué aux Privatisations dans les années 1990 démontre le peu de rigueur d’un organisme censé analyser l’état de l’économie et des finances mondiales Etat par Etat, avec la précision du métronome, pour aider les gouvernements à orienter leurs politiques budgétaires et leurs choix économiques en fonction des chiffres ainsi fournis par le FMI, qui a salué, dans un récent rapport, les «annonces» du gouvernement algérien qui «vont dans la bonne direction en ce qui concerne le renforcement de la transparence et du cadre institutionnel de lutte contre la corruption, l’amélioration de la résilience face aux changements climatiques, ou les initiatives en faveur des technologies numériques, des investissements directs étrangers et de la concurrence pour encourager l’investissement privé et la création d’emplois».
«Le renforcement du cadre de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme demeure également prioritaire», a rappelé le Fonds monétaire international, pour lequel la transition de l’Algérie vers un nouveau modèle de croissance «nécessite des réformes fondamentales, dont certaines sont déjà en cours et d’autres figurent dans le plan d’action du gouvernement, pour renforcer la transparence et la gouvernance des institutions juridiques, budgétaires et monétaires dans l’ensemble du secteur public afin de réduire les risques de corruption et les obstacles à l’entrée dans le secteur formel», a souligné le FMI, en notant qu’après une «détérioration significative» en 2020, le solde des transactions courantes de la balance des paiements s’est «nettement amélioré au cours du premier semestre 2021».
H. A.
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