Espionnage de Sanchez par le Makhzen : la lune de miel a été de très courte durée
Par Karim B. – Le mariage contrenature entre le gouvernement socialiste espagnol et le Makhzen n’a pas encore été consommé qu’un scandale est venu perturber la nuit de noces du couple. La révélation officielle par Madrid d’une opération d’espionnage ayant ciblé le président du gouvernement et la ministre de la Défense tombe comme un cheveu dans la soupe dans ce qu’on croyait être une idylle entre le Maroc et son voisin du Nord avec lequel tout semblait aller vers un divorce annoncé depuis le fameux coup des 10 000 migrants clandestins envoyés par les services de Mohammed VI envahir Ceuta et Melilla à la nage, avant d’être renvoyés chez eux par les autorités espagnoles qui avaient dû déployer l’armée.
A peine Pedro Sanchez a-t-il opéré une virevolte dans le dossier sahraoui qu’il apprend que le régime de Rabat l’avait intégré dans sa liste des personnalités visées par les écoutes téléphoniques via le logiciel israélien Pegasus. La question se pose, cependant, de savoir si réellement les Espagnols étaient naïfs à ce point pour croire que l’Etat voyou du Maroc, pris en otage par une famille régnante prédatrice couvée par la France officielle et l’entité sioniste, allait les épargner dans sa vaste opération de voyeurisme ou si, au contraire, Pedro Sanchez savait que les Marocains détiendraient sur lui des communications ou des actes répréhensibles qui pourraient mettre fin à sa carrière politique au cas où ceux-ci seraient divulgués.
Le gouvernement socialiste espagnol aura perdu sur toute la ligne dans sa furtive amourette avec le Makhzen connu pour ses talents de maître chanteur et de ses pratiques qui ne s’encombrent d’aucune vergogne pour obtenir ce qu’il veut, dans ses gigotages enfantins. A l’origine, il semble que Pedro Sanchez et son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, n’auraient pas souhaité rendre public le changement de cap brutal dans la position de l’Espagne au sujet du plan d’autonomie que Rabat tente, vainement, de vendre à ses partenaires en contrepartie de promesses que tout un chacun sait qu’il ne tiendra jamais, que ce soit vis-à-vis de Paris, de Madrid ou encore de Washington, Mohammed VI et sa clientèle qui règnent en maîtres absolus sur un Maroc aux abois étant connus pour leur inclinaison à se vendre au plus offrant.
Soit la lettre adressée en catimini par le chef de l’Exécutif espagnol au monarque alaouite et révélée par El-Pais a été fuitée à ce dernier par les services secrets marocains pour créer une crise diplomatique entre l’Espagne et l’Algérie, auquel cas Yassine Mansouri aura tapé dans le mile puisque l’Espagne se retrouve prise dans le tourbillon d’une double crise – interne marquée par une levée de boucliers contre l’attitude inconsidérée de Sanchez et externe au regard des mesures de rétorsion que l’Algérie pourrait mettre en œuvre pour priver l’Espagne d’une ressource énergétique vitale en plein conflit en Ukraine –, soit elle a été glissée au très sérieux quotidien madrilène par une source espagnole irritée par la décision hasardeuse du gouvernement.
Il sera extrêmement difficile de réparer les dommages causés par Pedro Sanchez dans les relations jusque-là amicales entre l’Algérie et l’Espagne. Le coup de poignard que le président du gouvernement socialiste a porté dans le dos du partenaire historique algérien aura de lourdes conséquences dont les effets ne s’estomperont pas de sitôt. Seule une démission ou un limogeage du principal concerné de cette grave erreur stratégique pourra réparer les dégâts et rétablir le climat de confiance troublé par une mesure irréfléchie. Le président Tebboune y a fait allusion lors de son dernier entretien télévisé.
K. B.
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