Pourquoi 79 députés ont-ils voté contre la levée d’immunité à l’ex-légionnaire ?
Par Abdelkader S. – Instinct de survie ? Esprit de corps ? Calculs politiciens ? Pourquoi soixante-dix-neuf députés ont-ils, contre toute attente, opposé un refus net à la levée de l’immunité à leur collègue du FNA, Mohamed Bekhadra, pour avoir appartenu à un corps militaire étranger, à la limite de la milice, connu pour servir de chair à canon pour le compte de l’armée française dans ses opérations extérieures ? Le nombre de membres de l’Assemblée populaire nationale qui ont voté non laisse, en effet, pantois.
Comment cet «élu» au curriculum vitae qui ne le disposait aucunement à occuper un siège à la chambre basse du Parlement a-t-il pu atterrir à l’hémicycle Zighout-Youcef alors qu’il a fait partie de la Légion étrangère française ? Le député déchu était engagé dans ce corps de l’armée de terre de 2002 à 2007, à Aubagne, une commune dans le département des Bouches-du-Rhône. Il est ensuite passé au 4e Régiment de la Légion étrangère avec lequel il a participé à des opérations militaires au Tchad, avant d’être affecté au 1er Régiment étranger de génie, au grade de caporal. Il a été naturalisé français en 2006. Plus grave, ce député est marié à une Marocaine qui anime un compte sur Facebook sous le pseudonyme de «Fatima Bekh», dédié entièrement à la promotion de son pays, le Maroc.
Il est dès lors ébouriffant d’apprendre qu’autant de «représentants du peuple» se soient rangés de son côté, cautionnant ainsi la présence d’un tel intrus sous le toit d’un édifice qui porte le nom d’un grand martyr de la Guerre de libération nationale dont il souille la mémoire. Ces députés qui semblent ne trouver aucune anormalité à ce qu’un ancien soldat d’active de l’armée française siège à leurs côtés et vote des lois qui régissent la vie politique, économique, sociale, culturelle et sécuritaire des Algériens. Combien d’autres Mohamed Bekhadra sont toujours infiltrés au sein de l’instance législative algérienne ?
Le même problème s’était posé s’agissant du secrétaire général actuel du parti du Front de libération nationale dont le cursus universitaire, la carrière professionnelle, le parcours politique, les accointances et les relations familiales ont statué en sa défaveur, l’empêchant de briguer la députation. Comment, alors, le candidat sous la bannière du parti de Moussa Touati en France a-t-il pu passer entre les mailles du filet ? La question demeure posée, même après la levée de l’immunité.
Le vote par non des soixante-dix-neuf députés est d’autant plus déroutant que la réaction de la présidence de l’APN ne s’est pas fait attendre. Cette dernière ayant retiré la carte au député qui a menti sur son passé et lui interdisant jusqu’à l’accès au siège du Parlement, en attendant son exclusion lors de la plénière qui vient de sceller définitivement son sort.
A. S.
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