Algérie : l’emploi des femmes progresse mais beaucoup reste à faire
Lundi 16 mai dernier, une rencontre sur l’égalité des genres en milieu professionnel s’est tenue en Algérie à l’initiative de l’Association des femmes cadres algériennes (AFCARE), de Philip Morris International (PMI) et d’Emploitic. Les participants ont débattu de la question de l’inclusion économique des femmes dans la sphère professionnelle. Et le bilan est unanime : bien qu’il progresse, le taux d’activité des femmes reste trop faible dans ce pays du Maghreb.
Même si elles se sont imposées sur le marché du travail, le taux d’activité des femmes en Algérie reste trop mince. C’est le constat établi par les participants à la conférence-débat sur l’égalité des genres en milieu professionnel, organisée lundi 16 mai à Alger. Piloté par l’Association des femmes cadres algériennes, en partenariat avec Philip Morris International et Emploitic, l’événement a permis de débattre de la question de l’inclusion professionnelle des femmes du pays. Plusieurs aspects liés à cette problématique ont été traités, à savoir l’équité salariale, l’accès des femmes aux postes à responsabilité et les freins de la société à leur accès au travail.
«Le taux d’activité des femmes en Algérie reste faible bien qu’il ait connu une évolution positive. Les femmes, certes, commencent à s’imposer sur le marché du travail. Mais cela n’est pas venu facilement. C’est le fruit d’un long combat», a tout d’abord déclaré Mme Aïcha Kouadri, présidente de l’Association des femmes cadres algériennes.
Les participants ont ensuite rappelé que les entreprises avaient un grand rôle à jouer en matière d’égalité salariale. Ce principe est même central dans la politique de Philip Morris International. «Nous nous sommes engagés à fournir un environnement de travail de qualité où priment l’équilibre entre les genres, la diversité ainsi que l’inclusion, qui représentent en même temps des leviers majeurs de notre transformation et qui nous ont valu de nombreuses distinctions en matière de pratiques managériales. Nous attachons beaucoup d’importance à l’égalité salariale. D’ailleurs, PMI a été la première multinationale à obtenir la certification Equal-Salary, une preuve de la consécration de l’équité salariale dans notre groupe», précise Christian Akiki, le directeur général de Philip Morris Algérie.
D’après les données fournies par l’ONS (Office national des statistiques), le taux d’activité des femmes dans le pays est de 20% en 2019. Un pourcentage qu’il faut toutefois nuancer du fait du manque de visibilité concernant la participation des femmes à l’activité économique. En effet, les chiffres ne prennent pas en compte le travail des femmes dans le secteur agricole, les aides familiales et les travailleuses à domicile, encore moins celles qui exercent dans l’informel. Par conséquent, l’emploi et le chômage féminins restent sous-évalués. Le volume de l’emploi féminin s’élèverait plutôt à 2 620 000 personnes en 2019, soit 20,4%. Il est majoritairement urbain et salarié, avec un pourcentage de 78,51%.
S’agissant du champ administratif, il est important de signaler que les femmes occupent un espace important dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice. Selon les chiffres de la Direction générale de la fonction publique (DGFP), plus de 61% des femmes exercent dans les administrations en qualité de cadres et cadres supérieurs. Pour autant, cette forte présence ne se traduit pas par un accès égal aux postes de décision. En 2018, sur 100 postes d’encadrement supérieur, 25 étaient occupés par des femmes. Deux ans plus tard, ce ne sont plus que 22 postes sur 100.
Toujours d’après la DGFP, le taux de présence des femmes dans les hautes fonctions de l’Etat est passé de 21% en 2016 à 16,4% en 2018. Ce taux est néanmoins remonté à 18,34% en 2020. «Il reste cependant très faible par rapport aux potentialités réelles des femmes qui représentent plus de 60% de la catégorie cadres et cadres supérieurs avec un niveau d’enseignement supérieur. Pourtant, la législation plaide pour l’égalité des genres en matière d’emploi et de recrutement», souligne la présidente de l’AFCARE.
Cette disparité peut s’expliquer par de nombreux obstacles qui entravent l’accès des femmes aux postes de décisions. On peut notamment citer le manque de structures permettant de concilier vie professionnelle et vie familiale (crèches, garderies d’enfants…). Les femmes rencontrent également plusieurs freins en matière de mobilité et de disponibilité pour occuper des postes de responsabilité et de hautes fonctions de l’Etat.
Sur ce sujet, Louai Djaffer, directeur général d’Emploitic, évoque toutefois des indicateurs positifs sur le marché du travail : «L’égalité des chances homme/femme pour l’accès à l’emploi et aux postes de management devient un véritable avantage compétitif pour les entreprises conscientes de l’impact de l’inclusion et de la diversité sur l’attraction et la rétention des talents, et donc sur leur performance. L’une des dernières études que nous avons menées montre que près de 60% des candidats pourraient refuser une offre d’emploi si l’entreprise en question ne partageait pas leurs valeurs en termes de diversité et d’inclusion.»
En conclusion de cette conférence-débat, Aïcha Kouadri a tenu à rappeler que les progrès étaient là et qu’il fallait continuer à lutter pour l’égalité des genres en milieu professionnel. «Les femmes sont, aujourd’hui, présentes dans la quasi-totalité des secteurs et en particulier ceux qui leur étaient traditionnellement fermés. Elles ne sont plus cantonnées aux secteurs sociaux !» se félicite-t-elle. L’ouverture économique, la mondialisation, les nouvelles technologies ou encore l’entrepreneuriat créent de nouveaux types d’emplois que les femmes peuvent parfaitement occuper.
R. N.
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