Au-delà des termes clivants «Arabe» et «Berbère» : opter pour le vocable chamito-sémitique
Une contribution de Khider Mesloub – De quoi le berbère est-il le nom ? D’emblée, dissipons tout malentendu. Explicitons notre point de vue sur le terme berbère. Nous employons le terme berbère par simple commodité éditoriale, autrement dit pour satisfaire aux exigences terminologiques habituelles usitées dans les médias et le cercle restreint académique.
Nous considérons le terme berbère comme linguistiquement erroné et idéologiquement connoté, œuvre de puissances étrangères. Historiquement, le mot berbère, tout comme son dérivé berbérisme, est d’origine étrangère, forgé pour désigner des populations autochtones d’Afrique du Nord qui ne se sont jamais nommées berbères.
Car les notions de peuple, de nation, Etats-nation, étaient étrangères à ces populations tribales antiques. Chaque région du Maghreb, à plus forte raison d’Algérie, étant constituée de plusieurs tribus (dont, pour prendre un exemple plus récent, notamment les grandes tribus Sanhadja Zouaouas, Zénète, Masmouda, Kutama, Awarba, Berghouata, Houaras), chaque tribu était décomposée en des sous-tribus. Toutes ces sous-tribus avaient une indépendance territoriale et décisionnelle. Chaque tribu constituait quasiment une «nation», viscéralement attachée à son autonomie, éprise d’indépendance.
Historiquement, le nom berbère est issu du mot barbarus, par lequel les Grecs, puis les Romains désignaient tout peuple dont ils ne comprenaient pas la langue, qui s’exprimaient par «onomatopées» : «bar-bar», et qui ignoraient les coutumes et la civilisation gréco-romaines. Par la suite, les Romains ont maintenu l’usage du mot «Berbères» pour désigner les peuples d’Afrique du Nord qu’ils n’ont jamais réussi à soumettre totalement, même après la prise de Carthage. Le terme est récupéré par les Arabes en barbar, devenu sous l’occupation coloniale française berbère. A plus forte raison le vocable berbérisme est connoté idéologiquement, étant l’œuvre de la puissance coloniale française.
En Algérie, le terme berbère est, à juste titre, controversé. Et, surtout, politiquement clivant. Comme on l’a indiqué ci-dessus, alors que, pour la société tribale de l’Afrique du Nord, les notions de peuple, de nation et d’Etat-nation étaient totalement inconnues, aujourd’hui, depuis deux décennies, les berbéristes s’ingénient à employer le terme Amazigh (au singulier) et Imazighen (au pluriel) pour désigner les populations nord-africaines. Ou Tamazgha, néologisme idéologique fabriqué par les berbéristes. [1]
Pourtant, aux yeux de l’habitant du Maghreb, sa «conscience nationale» ne dépassait pas sa famille, au mieux son village, sa tribu. Or, les berbéristes postulent l’existence d’un peuple berbère. Et, aujourd’hui, d’un peuple kabyle.
Comme s’il y avait un «peuple berbère» qui vivait comme une communauté nationale, étatique et territoriale, alors qu’à cette longue époque antique et «moyenâgeuse» les habitants du Maghreb ne parlaient pas le même dialecte d’un village à l’autre.
Comme tout le monde le sait, la langue berbère appartient à la famille des langues chamito-sémitiques. A titre d’information, les langues de la famille chamito-sémitique (dénommée également afro-asiatique ou afrasienne) couvrent une aire géographique extrêmement vaste. Cette aire s’étend du nord de l’Afrique (du Maghreb jusqu’au Nigeria, en passant par la corne de l’Afrique – l’Ethiopie, l’Erythrée et la Somalie), le Proche-Orient, pour s’interrompre aux frontières de l’Iran. Ces langues étaient parlées par les différentes populations ethniquement apparentées. Ces populations, étroitement apparentées originellement à la même généalogie, sont classifiées en trois groupes. On emploie les termes Chamites pour désigner les habitants de la Vallée du Nil, en l’espèce les Egyptiens ; Hamites pour nommer les habitants de l’Afrique du Nord, c’est-à-dire les «proto-berbères» ; et les Sémites pour désigner les habitants du Proche-Orient et la péninsule arabique, les Arabes.
Sur le fondement des récentes techniques d’extraction de l’ADN ancien (plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’années), permettant de mieux comprendre l’histoire des peuplements humains, leurs circulations passées et leurs métissages, les recherches modernes ont montré qu’il existe une correspondance étroite entre les groupes linguistiques et les groupes génétiques. En d’autres termes, pour ce qui est des habitants du Proche-Orient et du Maghreb en passant par la corne de l’Afrique, il existe un apparentement génétique entre les populations parlant les langues chamito-sémitiques (arabe, berbère).
Aussi, pour circonscrire définitivement les stériles controverses sur l’appellation des populations de l’Afrique du Nord, plus précisément de l’Algérie, désignées pour les uns sous le vocable d’Arabes, pour les autres de Berbères, il serait plus commode de les désigner sous le terme de Chamito-Sémitique, pour signifier leur parenté millénaire. Au vrai, il n’y a pas de peuple berbère, ni de peuple arabe, notion moderne, étant entendu que les Etats-nations ont été créés par le capitalisme.
Il a existé des peuplades apparentées, disséminées, au gré des vicissitudes de l’histoire et des nécessités alimentaires, au fil de leur évolution commune millénaire, du Proche-Orient au Maghreb, en passant par la corne de l’Afrique. Toutes les populations contemporaines de ces régions appartiennent au même rameau. Elles sont le fruit de ce métissage. Il a existé surtout une civilisation arabo-musulmane qui s’étendait du Proche-Orient et la péninsule arabique au Maghreb, en passant par la corne de l’Afrique.
De toute évidence, de ce métissage humain entre ces populations maghrébines et orientales sont issues les affinités culturelles et cultuelles millénaires. Qu’à cette promiscuité lignagère entre ces différentes tribus berbéro-orientales a correspondu une proximité linguistique. Et une civilisation commune. Et une religion commune. Quand le judaïsme naquit au Moyen-Orient, il se répandit tout naturellement jusqu’au Maghreb, où les populations, par «affinités électives» (osmose et symbiose), se convertirent spontanément à ce dogme ; de même, quand le christianisme naquit au Moyen-Orient, il se répandit tout naturellement jusqu’au Maghreb ; pareillement, quand l’islam apparut au Moyen-Orient, il prit aussitôt racine au Maghreb.
Une chose est sûre : les populations du Maghreb et du Proche et Moyen-Orient, c’est-à-dire les Berbères et les Orientaux (arabes), autrement dit les Chamito-Sémitiques, avant de devenir des «frères en religion», étaient des frères de sang. Avant d’embrasser la même religion islamique, ces populations avaient, depuis des temps immémoriaux, partagé intimement les mêmes traditions et coutumes, adopté le même mode de production, fondé sur une économie de subsistance, sillonné, par leur nomadisme millénaire, les mêmes routes, accompli les mêmes pérégrinations et pèlerinages. Ils ont appartenu à la même aire civilisationnelle.
Pour preuve. Cette commune parenté entre ces multiples populations était tellement évidente pour les habitants du Maghreb qu’au lendemain de leur islamisation ils se mirent à établir (rétablir ?) des généalogies établissant leur origine arabe, c’est-à-dire orientale. Le sentiment d’arabité, ancré parmi les populations maghrébines, est très ancien.
Du fait de cette parenté et de l’existence d’un substrat monothéiste commun, les populations du Maghreb, donc de l’Algérie, adhérèrent aisément à la nouvelle religion, l’islam. Et corrélativement adoptèrent tout aussi commodément la langue arabe, ce patrimoine linguistique commun. Certes, à l’arrivée des propagateurs de l’islam, il y eut quelques poches de résistance, essentiellement parmi les derniers occupants, les Byzantins, ou les tribus traditionnellement réfractaires à toute incursion étrangère. Mais cette résistance fut rapidement circonscrite, favorisée par la remarquable osmose culturelle et cultuelle créée entre les populations autochtones et les Arabes.
Sans conteste, par l’apparentement des langues chamito-sémitiques, du strict point de vue essentiellement linguistique, il était assurément plus aisé pour les habitants du Maghreb, donc de l’Algérie, de passer de leur langue berbère (punique) à la langue arabe que du berbère au latin. Il en fut de même, des siècles plus tôt, avec le punique, langue sémitique, aisément et massivement adoptée par les habitants du Maghreb.
C’est cette parenté entre les populations maghrébines et orientales qui expliquerait la spontanée et naturelle arabisation linguistique des berbères. Contrairement aux autres populations d’autres continents, notamment les Perses, les Turcs ou les Pakistanais, par exemple, qui, en dépit de leur profonde islamisation, ne se sont absolument pas arabisés linguistiquement, ni cultuellement.
Ainsi, le processus d’arabisation des habitants du Maghreb fut assurément favorisé par les similitudes des modes de vie entre les populations maghrébines et orientales. Le professeur berbériste Salem Chaker, même s’il applique son constat historique uniquement à la période post-hilalienne, le reconnaît lui-même : «Les ressemblances du mode de vie des pasteurs berbères des hautes plaines et des piémonts sahariens avec celui des bédouins arabes arrivés au Maghreb à partir du XIe siècle ne peuvent qu’avoir facilité la fusion entre les deux groupes ethniques.».
Ironie de l’histoire, c’est que le Maghreb n’a jamais été aussi uni que lors des premiers siècles de l’islamisation et de l’arabisation. En particulier, au lendemain des deux siècles qui ont suivi l’arrivée de ces Sémitiques hilaliens, désignés comme des hordes barbares, accusés d’avoir anéanti la «société berbère», par les berbéristes culturalistes et sécessionnistes.
Or, s’ils étaient perçus comme des envahisseurs, des barbares, cette union historique n’aurait jamais pu se concrétiser. Et comment expliquer cette union entre les tribus hilaliennes et berbères, source de stabilité emblématique du Maghreb durant au moins deux siècles, sinon par leur apparentement ethnique, culturel, civilisationnel. Par leurs «affinités électives», «harmonie affective».
Au demeurant, c’est cette parenté ethno-linguistique qui amena tout naturellement les populations maghrébines, donc algériennes, à conférer spontanément à la langue arabe un caractère sacré, un statut honorable. A telle enseigne que la langue arabe finit par s’imposer comme langue vernaculaire et administrative. Il est vrai que, initialement, l’arabisation linguistique et culturelle fut principalement citadine. En outre, quand les lettrés berbères commencèrent à rédiger, pour la première fois, leur histoire, ce fut en arabe.
De même, c’est cette parenté ethno-linguistique chamito-sémitique qui détermina les Arabes à associer spontanément les populations maghrébines à leurs conquêtes du sud de l’Espagne et de la Sicile, en conférant la direction des opérations militaires à des «Berbères», c’est-à-dire Hamites. Preuve, encore une fois, de leurs affinités électives, fruit de leurs parentés intimes.
La longue histoire d’affinités électives des Chamito-sémitiques
Nous employons le concept d’affinité élective dans le sens sociologique du terme, et non romantique, tel qu’il a été popularisé par le romancier allemand Goethe.
Dans les sciences sociales, le sociologue Max Weber fut le premier à utiliser le concept d’affinité élective, notamment dans son célèbre livre L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme. Mais le concept était employé depuis l’époque médiévale, en particulier dans le domaine de l’alchimie, pour désigner le phénomène d’attraction et de fusion des corps.
Comme le rapporte le sociologue Michael Löwy, la thématique de l’affinité élective était très en vogue chez les alchimistes. «L’affinité est une force en vertu de laquelle deux substances diverses se recherchent, s’unissent et se retrouvent, dans une sorte de mariage, de noce chimique, procédant plutôt de l’amour que de la haine.»
D’abord popularisé par le romancier allemand Goethe (1749-1832), à l’époque de l’éclosion du romantisme, dans son roman éponyme publié en 1809, le concept désigne un type de lien particulier entre les âmes. Cette thématique sera transmuée en concept sociologique par Max Weber qui lui conservera néanmoins son acception originelle «choix réciproque», «attirance et combinaison».
Pour Max Weber l’affinité élective fonctionne quand deux éléments (entités, groupes humains), par congruence et attraction réciproque, sont liés par «un degré d’adéquation particulièrement élevé et entrent en rapport d’affinité élective, ils s’adaptent ou s’assimilent réciproquement, jusqu’à ce que, finalement, un développement d’une intime et inébranlable unité s’installe». Telle est la configuration des populations «chamito-sémitiques» (Maghrébins et Orientaux), au degré d’adéquation civilisationnel tellement élevé qu’ils se sont assimilés réciproquement, en vertu de la loi humaine de l’affinité élective.
Pour le sociologue Michael Löwy, «l’affinité élective est le processus par lequel deux formes culturelles – religieuses, intellectuelles, politiques ou économiques – entrent, à partir de certaines analogies significatives, parentés intimes ou affinités de sens, dans un rapport d’attraction et influence réciproques, choix mutuel, convergence active et renforcement mutuel.» Autrement dit, l’affinité élective désigne la mise en relation entre deux formes culturelles (politiques, économiques, intellectuelles, idéologiques, etc.) par le biais de parentés intimes, «d’affinité spirituelle» ou de «conformité intellectuelle et existentielle».
Cette définition s’applique aux caractéristiques anthropologique, historique, sociologue, culturelle, religieuse des populations chamito-sémitiques, autrement dit «berbères» et orientales, quoi qu’en disent (médisent) les berbéristes tribalistes, jamais en peine de tribulations atrabilaires.
Une chose est sûre, pour en finir avec l’ethno-différentialisme propagé par les berbéristes, afin d’éviter d’essentialiser la question identitaire algérienne, il serait plus pertinent d’user du terme Chamito-Sémitique pour désigner les populations maghrébines et orientales.
En finir avec l’ethno-différentialisme propagé par les berbéristes
Historiquement, après avoir surfé sur l’idéologie identitaire linguistique, matérialisée par les revendications légitimes de la reconnaissance de la langue kabyle, le berbérisme a fini par sombrer, depuis deux décennies, dans l’ethno-différentialisme.
Fondamentalement, c’est dans le contexte international de surgissement de la montée des extrêmes droites identitaires et nationalistes qu’il faut inscrire l’émergence de l’ethno-différentialisme berbériste, incarné, en Algérie, par le MAK, une mouvance ethniciste extrémiste et sécessionniste.
Le discours berbériste ethno-différentialiste se fonde sur une conception biologique de la race, l’éloge d’un enracinement ethnique, la fidélité au sang des ancêtres, la défense des traditions purement kabyles.
De manière générale, l’ethno-différentialisme est un concept élaboré par l’extrême-droite néofasciste. Selon ce courant ethno-différentialiste, des régions indépendantes divisées par ethnies devraient être instaurées. Ce mouvement prône la reconnaissance d’un héritage culturel inhérent à chaque ethnie, ethnie qu’il convient de préserver de toute altération raciale et pollution culturelle par l’érection d’un Etat indépendant, unique moyen de sauvegarder la communauté, car menacée de disparition, selon ces ultra-sectateurs.
Ainsi, sous couvert de la préservation de leurs langues, de leurs traditions, les partisans de l’ethno-différentialisme, notamment les berbéristes, prônent le repliement communautaire ethnique, l’autonomisme, l’indépendantisme. La rhétorique différentialiste s’emploie toujours à valoriser la différence ethnique, la spécificité culturelle, la pureté raciale, en l’espèce, dans le cas de l’Algérie, berbère, kabyle, aujourd’hui Tamazgha. Au nom de la préservation de la communauté, les chantres de l’ethno-différentialisme refusent tout métissage racial et culturel. Car, pour ces partisans de la pureté ethnique et culturelle, le métissage est assimilé à un génocide organisé à petit feu. Aussi, pour les ethno-différentialistes identitaires, seule une politique de repliement ethnique, matérialisée par la création d’un Etat indépendant, pourrait assurer la pérennité de la communauté. Telle est l’idéologie dominante du berbérisme ethniciste, notamment de sa mouvance extrémiste, le MAK.
Une chose est sûre : le surgissement de la mouvance berbériste ethniciste s’inscrit dans une phase aigüe de crise économique systémique mondiale sur fond de résurgence des populismes et des organisations néofascistes. Par ailleurs, ce mouvement réactionnaire identitaire berbériste s’insère dans un processus de décomposition socioéconomique et politique du système algérien. Processus accentué par une phase historique contemporaine, dominée par l’affrontement des puissances impérialistes qui n’hésitent pas à fomenter et à attiser les divisions au sein des pays pour mieux les asservir, les dominer, les exploiter.
K. M.
1- Tamazgha : nouveau concept construit par les berbéristes, véhiculant le mythe d’une «civilisation» tamazight qui aurait existé depuis le Maroc jusqu’à l’Egypte pharaonique en passant par les Iles Canaries. La perniciosité de ce concept, c’est qu’il postule l’unité sur une base ethnique exclusive, c’est-à-dire au détriment de l’arabité, pour ne pas dire contre les Arabes, en dressant le Maghreb (supposément ethniquement amazigh) contre le Machrek (l’Orient arabe). Ainsi, les partisans de Tamazgha prônent l’unification du territoire mais sur la division ethnique, matérialisée par l’exclusion (l’expulsion) des Arabes, considérés comme des étrangers. Ce concept de Tamazgha, idéologie pan-berbériste, recèle un potentiel projet de nettoyage ethnique. D’aucuns n’hésitent pas à proférer, en guise de menaces d’excommunication, des propos racistes : «Vous êtes venus d’Arabie, vous devez y retourner.» Ironie de l’histoire, la reconnaissance officielle de tamazight est purement idéologique. Pire : cette reconnaissance constitue une imposture linguistique.
Car, pour les locuteurs berbérophones, la langue amazighe n’est la langue maternelle de personne. Comme il n’existe pas une langue européenne, mais une multiple variété de langues européennes disparates, il n’existe pas de langue amazighe. Il existe la langue kabyle, la langue chaouia, targuie, etc. Cette reconnaissance s’intègre également dans le processus d’institutionnalisation du concept Tamazgha. Cette novlangue, fabriquée par des universitaires, demeure incompréhensible à la majorité des kabylophones, frustrés de ne pas comprendre le journal télévisé diffusé en tamazight, ni de pouvoir lire cette littérature académique truffée de termes hermétiques. Au reste, cette «crise de méconnaissance linguistique», qui vient se greffer elle-même sur une crise identitaire, a induit l’échec massif de la généralisation de l’enseignement en tamazight en Kabylie. Paradoxalement, les habitants de la Kabylie préfèrent inscrire leurs enfants dans des écoles privées françaises payantes que dans des écoles publiques dotées pourtant de classes tamazight.
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