Comment l’argent de l’essence va dans les poches du roi et d’Akhannouch
Une contribution d’Ali Youcef – Le comédien américain disait : «Le secret d’un bon discours, c’est d’avoir une bonne introduction et une bonne conclusion. Ensuite, il faut s’arranger pour que ces deux parties ne soient pas très éloignées l’une de l’autre.» Donc avant de commencer, laissez-moi faire une petite introduction taquine. «Taquiner le corbillard», disait Paul Eluard.
Il paraît que le Makhzen et son parrain sont très susceptibles quand un autre terme que Mohammed VI est utilisé pour désigner le chef de la famille alaouite. La condamnation du journaliste rifain Rabie Ablak une seconde fois en l’espace de cinq ans serait due au fait d’avoir utilisé le terme «Ibn El-Hassan» pour désigner l’actuel monarque. Cette supposition est très vraisemblable, si l’on croit l’autre journaliste et opposant rifain Ali Mrabet. Ce dernier raconte sur sa chaîne YouTube comment la non-utilisation du terme colonial «sa majesté» dans l’un de ses articles lui a valu des ennuis.
Il faut dire que dans le royaume imaginaire du maréchal Lyautey, tout est fantasmé. En finir avec les fantasmes pourrait être la fin de la sacralité du chef de la famille alaouite. Donc, parce que le Makhzen est susceptible et parce qu’on est taquin, on va abuser de Mohammed El-Alaoui à la place de l’alias Mohammed VI.
Fin de l’introduction, mais la taquinerie continue.
Pour le commun des mortels, le responsable de la hausse des prix de l’essence au royaume imaginaire du maréchal Lyautey est Aziz Akhannouch. L’actuel Premier ministre de Mohammed El-Alaoui, alias Mohammed VI, est le propriétaire de la principale société marocaine de distribution et d’importation du carburant au royaume, Akwa Group.
Ce que sait un peu moins le peuple marocain, c’est qu’Aziz Akhannouch est un membre de la famille alaouite. Le lien entre ce dernier et Mohammed El-Alaoui est donc bien plus qu’un simple lien de subordination politique, c’est un lien familial. Le lien entre les deux hommes ne s’arrête pas là. Selon l’opposant et universitaire Aboubakr Jamaï, la relation entre Mohammed El-Alaoui et Aziz Akhannouch est aussi un lien d’affaires. Dans une interview donnée sur une chaîne YouTube, Aboubakr Jamaï affirme que si Aziz Akhannouch est devenu aussi riche et puissant, c’est grâce à Mohammed El-Alaoui, dans le cadre d’un deal gagnant-gagnant.
Propriétaire de la plus grande banque du royaume, Attijari Wafa Bank, Mohammed El-Alaoui a tout simplement financé Akhannouch et obligé la concurrence à vendre ses parts au Premier ministre actuel. En effet, vers 2004-2005, SOMEPI, appartenant à la famille Amhal, considérée comme la principale société activant dans le domaine de la distribution des carburants, est obligée de vendre ses parts au cousin par alliance du roi. Endettée, SOMEPI n’a d’autre choix que de passer par la principale banque du royaume, Attijari Wafa Bank. Selon Aboubakr Jamaï, les conseillers du roi refusent la demande de prêt de SOMEPI et obligent les Amhal à tout vendre à Akhannouch à un prix préétabli, bien entendu.
Cette vente fait d’Aziz Akhannouch le premier pompiste du royaume. L’histoire de ce mariage économique consanguin ne s’arrête pas là, toujours selon Aboubakr Jamaï. Selon ce dernier, il y a de fortes rumeurs au sujet du prix d’achat du carburant sur le marché international par le groupe du Premier ministre qui surfacturerait les factures. Pire, il y aurait, selon lui, une entente sur les prix dans l’ensemble du secteur.
Bien sûr, une partie des bénéfices va dans les poches du roi prédateur.
A. Y.
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