Le pape François : «Le respect mutuel est garant de la concorde et du dialogue»
De Rome, Mourad Rouighi – Rome, capitale de la chrétienté, s’interroge en cet été caniculaire des retombées cycliques d’une liberté d’expression devenue étouffante et sombrant dans une rhétorique pernicieuse, faite de propagande récurrente, servant les mêmes clichés et propageant les mêmes idées selon lesquelles il y aurait des peuples et des civilisations hors du temps, n’acceptant pas les valeurs de la modernité et de la raison.
Rome, où siège le pape François, qui n’a eu de cesse, depuis le début de son pontificat, de s’opposer aux idées néo-conservatrices et au spectre présenté comme inéluctable d’un ennemi commun, menaçant la civilisation humaine et incompatible avec ses principaux fondements.
Droit dans son engagement, Jorge Mario Bergoglio est resté loin de cette stigmatisation continue et s’est même engagé dans une démarche de rencontre fraternelle et respectueuse envers les musulmans. Son appel au dialogue islamo-chrétien considère ses points d’ordre comme étant un enrichissement de la connaissance et un approfondissement de la foi.
Un pape qui s’est opposé à la guerre contre la Syrie et qui a toujours dénoncé ceux qui s’attellent à «promouvoir un exclusivisme raciste et une vocation à la guerre perpétuelle».
Avec lui, fini le temps de l’ambiguïté où les propos d’Orianna Fallaci, auteur d’écrits racistes et islamophobes, pouvaient bénéficier d’une certaine bienveillance.
Pour le souverain pontife, il est difficile de comprendre les raisons de publications irrespectueuses envers les symboles chrétiens et musulmans, sous prétexte d’une liberté d’expression, bafouant les convictions éthiques et religieuses de milliards de personnes.
Tout au contraire, cette liberté aurait dû se conjuguer avec le respect de l’autre, la connaissance de ce qui le révulse et de ce qui le blesse, dans un effort de compréhension et une prise en compte de ses valeurs.
Car depuis une trentaine d’années, l’on assiste à un phénomène nouveau qui touche et plus particulièrement le christianisme et l’islam. D’improbables intellectuels, en quête de popularité et d’ascension sociale rapide, s’amusent à dénigrer ces deux grandes religions universelles, à les tourner en dérision en se drapant chaque fois du droit à la critique absolue et totale.
Avec le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Taieb, le pape François a maintes fois rappelé que chaque être humain a droit au respect de ses principes éthiques, de ses traditions et des figures fondantes de sa foi et que c’est à l’Etat moderne que revient l’obligation de veiller à faire respecter ces droits.
De fait, continuer à se draper du mot liberté pour semer discorde et discrimination a fini par entamer le capital crédit de milieux dont la conduite s’est révélée dangereuse et sans issue.
Et c’est tout le sens des nombreuses mises en garde du pape François 1er.
M. R.
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