Les reproches apeurés de Ben Jelloun à Macron à la veille de sa visite en Algérie
Par Karim B. – Le Makhzen surveille le déplacement d’Emmanuel Macron à Alger, ce 25 août, comme le lait sur le feu. D’abord, cette sorte de mise en garde de Mohammed VI à l’endroit de Paris et Madrid dans son dernier discours, par le biais duquel il a appelé ses partenaires européens à adopter une «position claire» sur la question du Sahara Occidental. Le message est implicitement adressé au président français dont il craint qu’il crie trop fort la position de la France dont les chaînes officielles veillent à tracer ostensiblement la ligne séparant l’excroissance de Lyautey et le territoire sahraoui. Il est également dirigé vers le gouvernement espagnol dont le Maroc n’ignore pas qu’il s’échine à prendre langue avec les autorités algériennes pour trouver une issue à la crise qu’il a provoquée maladroitement dans un contexte complètement défavorable à l’Espagne.
Puis vient cette tribune du scribouillard du palais, au français tout juste moyen mais néanmoins affublé du titre d’écrivain par le complexe politico-culturel français, fabricant de faux intellectuels pour les besoins de la francophonie. Dans un article paru dans les colonnes du Point, Tahar Ben Jelloun simule une offuscation de ce que le Maroc ne jouisse plus des «relations privilégiées» avec la France, reprochant au pensionnaire de l’Elysée son «obsession» (sic) par «l’Algérie» avec laquelle il «pense qu’il parviendra à assainir les relations». Il ironise : «Nous lui souhaitons bonne chance.» Traduire : c’est peine perdue. Voilà donc ce qui turlupine l’auteur de La Nuit sacrée : la visite du chef de l’Etat français en Algérie. «Il est en train de sacrifier la bonne entente avec le Maroc dans l’espoir d’obtenir des militaires algériens de meilleures dispositions à l’égard de son pays», geint-il.
«Macron se trompe», décrète le Fassi, convaincu que «l’Algérie ne lui donnera rien». «S’il fait ce voyage, c’est qu’il n’a pas compris le mécanisme d’un système qui ne fait aucune concession», surenchérit-il, en mimant «sa majesté» dont il rappelle la «main tendue» au voisin de l’Est avec lequel il «souhaite des relations apaisées». Puis, inattendu aveu qui dédit son roi dont la «révolution» autocélébrée est l’occasion, une fois par an, de discourir sur une insurrection imaginaire. «Le Maroc n’a pas de rente mémorielle avec la France. Il a été un protectorat, et la lutte pour l’indépendance n’a pas été une tragédie, comme ce fut le cas pour le peuple algérien», confesse Tahar Ben Jelloun qui fait tomber inconsciemment un mythe au royaume des fables et des illusions.
K. B.
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