Pourquoi Bencheikh remplace Hafiz dans la délégation de Macron en Algérie
Par Kamel M. – L’information révélée par Algeriepatriotique sur le refus exprimé par Alger de voir le recteur de la Grande Mosquée de Paris faire partie de la délégation d’Emmanuel Macron, ce jeudi, s’est confirmée. Selon des sources proches du dossier, Chems-Eddine Hafiz ne sera pas du voyage, bien qu’il en ait émis le vœu auprès de ses contacts dans les cercles de décision algérois.
Mais le président français, qui sera accompagné par le grand rabbin de France, Haïm Korsia, ne pouvait se passer d’un représentant du culte musulman car cela aurait fait désordre et aurait créé un déséquilibre, expliquent nos sources. Ce sera donc Ghaleb Bencheikh, le président de la Fondation Islam de France (FIF), qui prendra part au voyage officiel, apprend-on. Pourquoi Ghaleb Bencheikh et non Chems-Eddine Hafiz ? Ce changement n’est pas dû à quelque considération liée au personnage. Il est motivé par une raison éminemment politique, explique-t-on.
En effet, accueillir le recteur de la Grande Mosquée de Paris parmi une délégation officielle française accompagnant le chef de l’Etat équivaudrait à considérer ce lieu de culte comme appartenant à la France et son recteur comme une autorité religieuse française. Or, les autorités algériennes n’ont eu de cesse de répéter que l’institution dont la fondation remonte aux années 1920 est un bel et bien algérienne, preuve en est le financement de ses activités et des imams qui lui sont rattachés par les ministères algériens des Affaires étrangères et des Affaires religieuses.
Emmanuel Macron se serait retrouvé face à un dilemme s’il devait effectuer son second déplacement en tant que président de la République dans le pays musulman conservateur et connu pour ses positions hostiles à Israël et son soutien indéfectible à la Palestine qu’est l’Algérie avec, à ses côtés, le représentant du culte juif sans qu’il soit accompagné de son équivalent musulman. La solution a donc vite été trouvée et le choix s’est naturellement porté sur une instance religieuse fondée par l’ami de l’Algérie, Jean-Pierre Chevènement, et présidée par un théologien connu pour son érudition et respecté en Algérie où il anime des conférences sur des sujets philosophiques et exégétiques dont il a une grande maîtrise.
Le voyage du président français en Algérie aura fait couler beaucoup d’encre avant même qu’il ait été effectué. C’est dire la sensibilité qui caractérise les relations entre l’Algérie et la France, deux pays divisés sur la quasi-totalité des dossiers internationaux, quand bien même à Alger comme à Paris on use d’un discours adouci pour sauvegarder un minimum d’entente, les deux pays étant liés par des liens historiques et humains si imbriqués qu’ils semblent impossibles à défaire.
K. M.
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