La mise en place d’une commission d’historiens relève de la «mauvaise foi»
Par Houari A. – «En dépit de petits pas effectués par le président français, salués avec enthousiasme par les coryphées qui l’entourent, les déclarations [de Macron] demeurent partielles et partiales, et laissent toujours dans l’ombre des réalités qu’il se refuse à nommer et à reconnaître de façon précise», écrit Olivier Le Cour Grandmaison, dans une tribune libre publiée dans Mediapart. «Les amateurs d’éléments de langage rebattus, de formules creuses, de phrases ronflantes et de clichés, élaborés par les scribes de l’Elysée et répétés ad nauseam lors du dernier voyage officiel d’Emmanuel Macron en Algérie, auront été servis», ironise-t-il.
«Sublime sommet de rhétorique étatique, extatique aussi, confortée par de multiples mises en scène et photos officielles d’embrassades, d’effusions réciproques et de déambulations main dans la main destinées à sceller la énième réconciliation du prétendu couple franco-algérien dont nul n’ignore les relations tumultueuses, pour le moins», poursuit le politologue, selon lequel le voyage de Macron en Algérie «confirme [que] les rapports qu’il entretient avec l’histoire coloniale sont purement instrumentaux parce qu’ils sont déterminés par des considérations politiques et/ou diplomatiques».
«Si les recherches relatives à la conquête et à la colonisation de l’Algérie pendant 132 ans doivent évidemment se poursuivre, suggérer qu’il est indispensable de mettre en place une commission composée d’historiens hexagonaux et algériens pour établir les faits relève d’une mauvaise foi confondante et de l’esquive», déplore l’auteur de Racismes de France. «Une fois encore, rappelle-t-il, cette dernière est destinée à repousser la reconnaissance indispensable des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par la France.» Et d’inviter les députés du parti de Jean-Luc Mélenchon à déposer «au plus vite» une proposition de loi relative à la reconnaissance par l’Etat des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie […]» et d’y intégrer un article qui «précisera que l’Etat s’engage, dans un délai raisonnable, à construire un musée national d’histoire de l’esclavage et de la colonisation». Car «la justice et la vérité l’exigent», estime Olivier Le Cour Grandmaison.
H. A.
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