Alexandre Douguine : seul face aux élites mondialistes
Une contribution de Khaled Boulaziz – «La douleur et la souffrance sont toujours inévitables pour une grande intelligence.» (Fiodor Dostoïevski, homme de lettres russe.) Alexandre Dougine vient de perdre sa fille unique Daria, assassinée dans un attentat à la voiture piégée le 21 août de cette année, à Moscou. Avec une plume acerbe, le philosophe russe à ces dernières années réduit en cendres les mythes fondateurs d’un Occident décadent, dont les actions conduiront l’humanité vers l’apocalypse nucléaire.
Il paye le prix fort pour le courage de ses idées.
Avec un regard sans faille et une intensité sans concession, Alexandre Dougine a décortiqué la déliquescence spirituelle et culturelle au cœur de la civilisation occidentale et ses conséquences inférées sur la condition humaine moderne.
Issu de la grande tradition intellectuelle russe et porteur d’une perennis philosophia, Dougine n’a épargné rien ni personne dans ses écrits. Ecrits qui nous éclairent sur ce que nous avons perdu et vers où nous nous dirigeons.
Tour à tour prophétique, révolutionnaire et pourfendeur des dérives d’une modernité dévoyée, il nous dessine une profonde métaphysique de l’histoire et montre comment et pourquoi nous avons perdu contact avec la dimension transcendante de l’être.
Dougine prône la révolte comme seule réponse logique pour ceux qui s’opposent au matérialisme destructif et au non-sens ritualisé de la vie, prêché par les élites des ténèbres, adoratrices du Veau d’or.
Mais la révolte exhortée par Dougine ne ressemble en rien aux jérémiades familières des libéraux ou des conservateurs. Et ses critiques ne se limitent pas à exposer la nature insensée du consumérisme, la marche effrénée du progrès, la montée de la technocratie ou la domination de l’individualisme, bien que ces sujets et d’autres relèvent de son champ de recherche.
Plutôt, il tente de retracer dans l’espace et dans le temps les causes et les processus lointains qui ont exercé une influence corrosive sur ce qu’il considère comme les valeurs, les idéaux, les croyances et les codes de conduite supérieurs – le monde de la tradition – portées assidûment par les mystiques et les prophètes et qui sont à la base de toute civilisation.
En dialogue permanent avec les grandes traditions transcendantales et les religions monothéistes, il démontre aussi que l’histoire est le mouvement d’énormes cycles et que le temps présent est celui du désordre et de la décrépitude.
A travers une étude approfondie des structures, des mythes, des croyances et des traditions spirituelles des grandes civilisations occidentales, l’auteur compare les caractéristiques du monde moderne à celles des sociétés traditionnelles.
Chercheur infatigable, il a avec lucidité et dextérité étudié des domaines vastes, allant de la politique, le droit, la montée et la chute des empires, l’histoire de l’Eglise, la doctrine des deux natures, la vie et la mort, les institutions sociales et le système des castes, les limites des théories raciales, le capitalisme et le communisme, les relations entre les sexes et la signification de la guerre.
Mais à chaque réflexion, Dougine fustige les facéties les plus chères d’une vision occidentale, élevée à la vérité unique, explicative et agissante sur la totalité des aspects fondamentaux de la vie moderne.
Universitaire hors pair, philosophe et penseur social d’un monde où le vivre-ensemble est du domaine du possible à l’inverse du concept de la guerre de tous contre tous, cher aux élites des ténèbres, Dougine dérange et vacille tous les prophètes du choc des civilisations.
A cet effet, Il a sûrement allumé le plus grand incendie de ce siècle, celui qui brûle toutes les chimères d’un Occident prétendument porteur de liberté, d’égalité et de fraternité.
Une autorité et un visionnaire, Alexandre Dougine est reconnu à juste titre comme le théoricien de la nouvelle Russie.
Les élites mondialistes lui vouent haine et annihilation sans limite. N’ayant pas pu le faire taire, ils ont assassiné sa fille.
Aujourd’hui, la douleur d’Alexandre Dougine est la nôtre mais aussi celle de ceux qui portent au prix même de leur vie la parole des sans-voix ; les damnés de la terre.
K. B.
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