Ces cinq dossiers qui empoisonnent les relations tendues entre Alger et Le Caire
Par Houari A. – Cinq grands dossiers compliquent les relations entre l’Algérie et l’Egypte. C’est ce que fait constater Al-Arabi Al-Jadid dans un long article consacré aux relations entre les deux pays, des relations en apparence fraternelles mais qui, ces dernières années, achoppent sur de nombreux sujets qui les divisent profondément. Selon le média à capitaux qataris, la réunion prévue dans la capitale algérienne entre les factions palestiniennes est source d’inquiétude au Caire. Mais les autorités algériennes évitent de polémiquer, souligne Al-Arabi Al-Jadid, qui explique que celles-ci ne veulent pas parler de l’existence d’une crise avec l’Egypte, mais ne nient pas, non plus, la présence de divergences.
Ce qui dérange Le Caire dans ce rendez-vous palestinien à Alger, selon un diplomate égyptien au sein de la Ligue arabe, c’est le fait que le président algérien ait considéré que l’Algérie «est le seul pays qui n’a aucun calcul étroit s’agissant de la cause palestinienne», estimant que «de nombreuses activités récentes de la diplomatie algérienne sur un certain nombre de dossiers ont un impact négatif sur l’Egypte». Le diplomate a ajouté que les plus hautes autorités égyptiennes ont assuré «à plusieurs occasions» à Alger qu’elles ne visaient aucunement à porter atteinte aux intérêts de l’Algérie en Libye. Al-Arabi Al-Jadid fait parler un ancien ambassadeur égyptien pour lequel «les efforts de l’Algérie relatifs à la question palestinienne sans une coordination avec l’Egypte, considérée comme le principal parrain de ce dossier au niveau arabe, sont considérés comme hostiles au Caire», en ajoutant que «si l’Algérie voulait sérieusement préparer le terrain à un apaisement interarabe avant le Sommet de novembre, il aurait fallu qu’elle coordonne avec l’Egypte pour en garantir le succès, sachant l’implication de celle-ci dans le dossier palestinien et sa grande expérience dans d’autres qui perturbent les relations entre les deux pays».
Le média dirigé par Azmi Bishara cite, en se référant à des «observateurs égyptiens», un certain nombre de ces dossiers, hormis la crise libyenne et le conflit palestinien, notamment – et il fallait s’y attendre – le «rapprochement» entre l’Algérie et l’Ethiopie. La récente visite du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, à Alger n’a pas été digérée par les responsables politiques égyptiens qui y ont vu un «soutien» à Addis-Abeba dans la crise du barrage de la Renaissance à propos duquel on considère, au Caire, que la médiation algérienne n’était pas «sincère». Al-Arabi Al-Jadid croit savoir, par ailleurs, que des joutes verbales ont émaillé la dernière réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au sujet de la Syrie que l’Algérie a essayé de réintégrer au sein de la Ligue arabe, avant que celle-ci, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, fasse part de son souhait de ne pas prendre part au prochain Sommet d’Alger pour, vraisemblablement, éviter d’aggraver le fossé profond qui sépare les Etats membres d’une Ligue arabe plus divisée que jamais.
Toujours selon Al-Arabi Al-Jadid, Le Caire verrait d’un mauvais œil «l’influence sécuritaire et militaire» de l’Algérie en Tunisie et l’approche algérienne dans le dossier sahraoui, l’Egypte soutenant ouvertement le Maroc et sa politique expansionniste sous le couvert de la défense de «l’intégrité territoriale des Etats arabes». Ce qui n’est assurément pas du goût des autorités algériennes, attachées à la stricte application des résolutions de l’ONU dans cette question de décolonisation.
H. A.
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