La Marine italienne renforce la sécurité des gazoducs en mer Méditerranée
De Rome, Mourad Rouighi – Les navires de la Marine militaire italienne patrouillent depuis quelques jours la zone dite gazoducs dans les Pouilles et en Sicile. Le récent sabotage du Nord Stream a, selon les experts, mis en alerte les autorités italiennes qui ont décidé d’accroître le système de sécurisation de ces infrastructures stratégiques, a fortiori en cette période cruciale pour l’approvisionnement en gaz en vue de l’hiver.
Il est clair, nous dit-on à Rome, qu’au vu du contexte international des plus turbulents, il est primordial de sécuriser au maximum les infrastructures énergétiques italiennes, d’autant plus dans un scénario de réduction à zéro de l’approvisionnement en gaz russe.
Plus en détail, les navires de la Marine surveillent de près le Tap (Trans Adriatic Pipeline) au large de San Foca, sur la côte de Melendugno, dans les Pouilles, au niveau du dernier tronçon du gazoduc qui transporte le gaz de l’Azerbaïdjan vers l’Italie.
Ces activités de surveillance de la Marine sont visibles depuis la côte et sont menées en accord avec la société qui gère le TAP : «Nous opérons, comme d’habitude, en pleine coordination avec les autorités portuaires et toutes les mesures visant à gérer le risque sont en place», souligne un fonctionnaire du ministère chargé du dossier.
Relié au gazoduc transanatolien (Tanap) à la frontière gréco-turque, le Tap traverse le nord de la Grèce, l’Albanie et la mer Adriatique pour se connecter ensuite au réseau gazier italien. Avec ses 878 kilomètres de longueur et un débit maximal de 20 milliards de mètres cubes de gaz, on estime qu’à pleine capacité ce gazoduc peut alimenter plus de dix millions de foyers en Europe.
De même, un millier d’hommes de la Marine italienne sont en action pour surveiller le canal sicilien : les sites à sécuriser sont le Transmed, le gazoduc qui atteint Mazara del Vallo depuis l’Algérie et le Greenstream, qui amène du gaz à Gela depuis la Libye. La Marine surveille les infrastructures, avec pour tâche d’intercepter toute activité suspecte de véhicules inconnus ou non autorisés, également avec le soutien d’avions de reconnaissance le long de la Méditerranée.
Aujourd’hui, l’Algérie est le premier partenaire pour l’importation de gaz en Italie et représente environ 30% de l’approvisionnement total. C’est dire que la sécurisation du Transmed-Enrico-Mattei aux yeux de l’Italie est de la plus grande importance.
A noter que la distribution du gaz en Italie est gérée par la filiale du groupe ENI, Snam, grâce à un réseau de gazoducs qui couvrent le pays de manière capillaire, en cinq points d’entrée principaux sur le territoire national en correspondance avec les gazoducs suivants : le TAG (Trans Austria Gas) qui achemine le gaz de Russie vers l’Italie via l’Ukraine, la Slovaquie et l’Autriche. Le Passo Gries, dans le Piémont, qui achemine le gaz des gisements de la mer du Nord, de propriété de la Norvège et de la Hollande.
Mazzara del Vallo en Sicile et le gazoduc Transmed qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie jusqu’au point d’entrée de Mazara del Vallo, qui gère, comme indiqué précédemment, plus d’un tiers du volume importé.
Sans oublier l’autre gazoduc en provenance d’Afrique, qui débouche sur Gela, le Greenstream, en provenance de Libye. Il s’agit du gazoduc le plus long de la mer Méditerranée.
Enfin, celui des Pouilles, le Tap (Trans Adriatic Pipeline) qui transporte le gaz azerbaïdjanais vers l’Europe du Nord.
M. R.
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