Un tournant ?
Par Mrizek Sahraoui – Les Américains votent, ce mardi, pour renouveler un tiers du Sénat et l’ensemble de la Chambre des représentants – au nombre de 435 représentants. Ces élections de mi-mandat, midterms, interviennent dans une Amérique plus que jamais fracturée, divisée en deux camps irréconciliables – faute de meilleure épithète, avec deux visions de l’avenir diamétralement opposées. Et dans un contexte international bouillonnant qui, à chaque instant, risque de tourner à la fin du monde.
Si, lors des midterms de 2018, le vote avait été perçu comme un référendum sur l’impérium narcissique et déréistique de Donald Trump, le scrutin de 2022 s’annonce clairement comme une sanction du bilan de Joe Biden, ont indiqué les médias américains, selon lesquels, se basant sur les derniers sondages, les démocrates pourraient perdre les deux chambres. D’ailleurs, même des figures démocrates de premier plan, Barack Obama qui a animé de nombreux meetings au premier chef, n’ont eu de cesse, ces dernières semaines, d’alerter sur le risque d’une cinglante mandale électorale au profit des républicains et, surtout, au seul intérêt bien compris de Donald Trump, le Tullius Détritus de la démocratie américaine.
Sur le plan international, les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, prévues ce mardi donc, pourraient totalement changer la donne dans le conflit ukrainien. Cela eu égard aux déclarations de nombreux sénateurs républicains qui réclament l’arrêt immédiat du soutien financier et militaire à l’Ukraine – près de 60 milliards de dollars d’argent du contribuable américain ont été engloutis en aide financière et militaire dans cette guerre par procuration. Des annonces auxquelles s’ajoute notamment «l’appel à des négociations maintenant» de l’ex-conseiller spécial du président Obama, Charles Kupchan, selon lequel «les alliés occidentaux doivent désormais parler ouvertement de la manière d’arriver à la paix».
Mais il ne faut jamais pécher par excès de naïveté ou de crédulité car, avec les Américains, rien n’est moins sûr. La loi d’airain depuis toujours et à jamais, c’est l’Amérique et les dollars d’abord, les Alliés, les partenaires et tous les autres bien plus tard, la Weltanschauung à la sauce américaine.
Avec tout de même, depuis l’irruption et l’arrivée de Trump au pouvoir, une légère entorse à cette règle immuable : celui-ci avait passé son mandat à défaire l’œuvre de son prédécesseur. C’est ce qui pourrait arriver si les républicains venaient à reconquérir le Sénat et la Chambre des représentants, même si la Maison-Blanche vient de déclarer que «le soutien à l’Ukraine restera inébranlable, quel que soit le résultat des élections».
Le Wall Street Journal a révélé, ce lundi, que «Washington et Moscou continuent d’échanger en coulisses». Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale auprès de Joe Biden, s’est régulièrement entretenu avec Nicolaï Patrouchev et Iouri Ouchakov, respectivement chef du Conseil de défense russe et conseiller diplomatique du président Poutine, ajoute le média américain.
C’est bon signe, le chemin de la paix passe par les échanges, le maintien du dialogue et puis par la négociation, et non en remuant le remugle des instincts mortifères.
M. S.
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