Racisme : Zekri dénonce un rapport de l’ONU qui enfonce des portes ouvertes
Par Nabil D. – «Le rapport du Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) tente de démontrer une vérité d’évidence en enfonçant des portes ouvertes», a réagi, non sans colère, le président de l’Observatoire contre l’islamophobie en France dans une déclaration à Algeriepatriotique. «Tout ce que contient ce document, je le dévoile au grand jour depuis des lustres sans qu’aucune décision officielle vienne y mettre un terme», s’insurge Abdallah Zekri. Ce dernier est loin d’être d’accord avec le CERD qui «salue les efforts déployés par les autorités» françaises dont il affirme avoir «noté la détermination et la volonté politique pour ce qui est de lutter contre le racisme et la discrimination raciale sous toutes leurs formes», tout en demeurant, cependant, «préoccupé par la persistance et l’ampleur des discours à caractère raciste et discriminatoire, notamment dans les médias et sur internet».
Le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) explique comment le système judiciaire et politique en France lèse particulièrement la communauté musulmane et révèle un fait jusque-là inconnu du grand public. «Lorsqu’un acte antisémite est commis, la justice s’autosaisit et quand une action islamophobe est enregistrée, non seulement une plainte doit être déposée, mais celle-ci doit être accompagnée du paiement d’une caution de 5 000 euros», relève Abdallah Zekri, pour lequel cette obligation financière «est une manière de dissuader les plaignants». «Ce que dénonce Genève je le fais depuis des années et particulièrement ces dernières années après la banalisation des actes antimusulmans et les discours haineux qui passent en boucle sur certaines chaînes d’information en continu», insiste le président de la Mosquée de la Paix à Nîmes.
«Depuis 48 heures, on ne parle que des expulsions des logements sociaux des parents dont les enfants ont commis des délits, etc. Qui vise-t-on au juste ? Comme si le père ou la mère était responsable des actes commis par leurs enfants dont certains sont majeurs», dénonce encore Abdallah Zekri, qui a assimilé cette pratique de l’Etat à «un pays où, quand un jeune commettait un acte terroriste, on faisait dynamiter la maison familiale».
Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie ne parle assurément pas dans le vide. Pour étayer son propos, il indique, s’agissant de la plainte qu’il a déposée au nom du CFCM contre l’homme d’affaires Michel-Edouard Leclerc et le journaliste Vincent Hervouët pour avoir diffamé les musulmans, qu’en l’absence de règlement de la consignation dans l’affaire référencée, le doyen des juges d’instruction du TJ [tribunal judiciaire, ndlr] de Nîmes a rendu une ordonnance d’irrecevabilité.
Le CFCM avait déposé plainte contre X des chefs de «diffamation publique envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée» et de «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence». «La constitution de partie civile du CFCM devait être déclarée recevable en ce qu’il engage toutes ses ressources pour défendre les intérêts et la dignité des musulmans et de leur culte contre toute personne qui y porterait atteinte, et qu’il subit un préjudice personnel, directement causé par les infractions en cause, lesquelles portent atteinte aux intérêts collectifs qu’elle défend et constituent le fondement même de son action», a souligné Maître Khadija Aoudia.
«Des faits de diffamation à caractère racial et d’incitation à la haine raciale à l’endroit de la communauté musulmane portent nécessairement atteinte à leurs intérêts et à leur dignité», a-t-elle ajouté. Les arguments de l’avocate se sont fracassés contre le deux poids, deux mesures qui caractérise la justice française.
N. D.
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