Lutte du peuple sahraoui face aux défis de l’année charnière 2023 et au-delà (II)
Par Hocine-Nasser Bouabsa – Consciente des défis et dangers qu’affronte le peuple sahraoui, la Conférence européenne de soutien et solidarité avec le peuple sahraoui, Eucoco 2022, réunie entre les 2 et 3 décembre à Berlin en présence de plus de 220 participants, a recommandé un programme de travail à partir de 2023. Dans la précédente partie, nous avons publié les recommandations concernant la politique générale et la diplomatie. Dans celle-ci, nous traitons de la consolidation de l’Etat sahraoui. A ce propos, la conférence recommande :
Consolidation de l’Etat sahraoui
1- Axer les priorités de l’appui au développement de l’Etat sahraoui sur : (i) le renforcement des systèmes nationaux de santé et d’éducation, (ii) le renforcement de la fonction publique, (iii) la création d’emplois dans les camps, en particulier pour les femmes et les jeunes et (iv) la participation démocratique de la population aux affaires de la collectivité nationale sahraouie.
Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place un système d’incitations et de motivations pour maintenir les travailleuses et travailleurs sahraouis qui assurent ces services publics dans les camps de réfugiés, en évitant leur émigration et en assurant le service de la population dans des conditions minimales. Pour ce faire, un projet de coopération doit être élaboré en coordination avec les différents gouvernements et institutions, sans que cela entraîne une diminution de la coopération humanitaire.
Pour obtenir les ressources nécessaires à la mise en place d’un système d’incitation dans la fonction publique, il faut impliquer : (i) l’Etat espagnol en tant que puissance administrante du Sahara Occidental, (ii) l’Union européenne et les institutions des Nations unies et (iii) les villes et gouvernements régionaux et nationaux, particulièrement en Europe. A cette fin, la commission de suivi et pilotage encouragera une action de lobbying permanente pour collecter les fonds destinés à couvrir les objectifs décrits ci-dessus. De même, la nécessité de mesures incitatives pour assurer la viabilité des projets doit être justifiée sur le plan technique.
2- Augmenter substantiellement les projets axés sur : (i) le combat des effets du Covid-19 dans les camps, (ii) la coopération humanitaire pour répondre aux besoins essentiels, (iii) la coopération au développement pour créer des emplois et permettre des actions de développement, (iv) les projets pour le développement des territoires libérés, (v) les ressources pour couvrir les besoins dans les zones occupées et (vi) les projets pour le soutien des fonctions administratives des wilayas et des daïras. A cette fin, le ministère de la Coopération de la RASD est appelé à élaborer une proposition pour 2023 et après.
3- Continuer la coordination avec d’autres pays, de nouvelles villes et de gouvernements régionaux ou nationaux afin de collaborer dans : (i) la formation technique des travailleurs sahraouis, (ii) le conseil technique sur des questions ponctuelles, (iii) l’expérience en matière de gestion des services publics, (iv) le fonctionnement administratif, (v) l’apport de ressources économiques et matérielles. Dans ce but, de nouveaux jumelages avec les wilayas et les daïras sahraouies seront encouragés. A cette fin, l’organisation d’une conférence internationale des villes solidaires et jumelées en Espagne et d’une conférence internationale en Italie dans le courant de 2023 est programmée.
Par ailleurs, un espace de coordination et de communication devrait également être créé entre le Mouvement de solidarité européenne et celui d’Amérique latine pour la sensibilisation et la réalisation de campagnes conjointes. La coopération en matière de formation de jeunes sahraouis et responsables de la gestion administrative sera également encouragée par la collaboration avec l’université de Tifariti et les universités algériennes, notamment celle de Tindouf, et d’autres universités de différents pays.
4- Optimiser les ressources grâce à l’utilisation intensive des nouvelles technologies à l’appui de la gestion du gouvernement à tous les niveaux, en poursuivant les objectifs suivants : (i) création d’un groupe de travail pour conduire et superviser cette tâche, (ii) rédaction de la base juridique pour le traitement des informations, (iii) identification des processus spécifiques qui seront informatisés, (iv) développer les infrastructures technologiques nécessaires et organiser la formation continue des ressources humaines.
5- Intégrer le discours et la sémantique dans tous les rouages de la gouvernance et l’Etat sahraouis en faveur des objectifs du développement durable (ODD). C’est un accord politique accepté par presque tous les gouvernements de la planète et applicable dans tous les contenus à la situation du Sahara Occidental.
6- Renforcer la coopération humanitaire par la promotion du programme élaboré par le ministère de la Coopération de la RASD en promouvant les conventions pour plus de durabilité.
H.-N. B.
(Suivra)
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