Ce qu’il faut retenir du scénario de la pseudo-médiation entre Alger et Rabat
Par Mohamed K. – Tout a commencé avec les confidences d’une prétendue «source diplomatique algérienne» à un média espagnol, La Vanguardia, portant sur un projet de médiation jordanienne entre le Maroc et l’Algérie. En témoigne la réaction reprise à satiété par certains médias marocains qui traduisent traditionnellement les positions officielles du palais royal. D’autres titres ont rapporté, par ailleurs, l’existence de plusieurs médiations dont celles des présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et français, Emmanuel Macron. D’autres tentatives de médiation saoudienne, égyptienne, américaine, qatarie et koweïtienne ont été rapportées par le passé.
Face à cette excitation médiatique, une interrogation s’impose : qui, dans le contexte actuel, a le plus besoin d’une médiation ?
Dans son intervention télévisuelle d’hier, le président de la République a réagi aux informations fantaisistes de certains médias, annonçant une «médiation jordanienne pour résoudre la crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc, avec l’objectif d’un dégel rapide».
Si le président Abdelmadjid Tebboune a salué la bonne foi du roi Abdallah II et sa sagesse, il n’en demeure pas moins qu’il s’est contenté de dire qu’«en Algérie, la primauté de l’information va au peuple algérien», ajoutant que «s’il y avait une médiation, je l’aurais dit au peuple algérien».
Au-delà, il ne se passe désormais plus un jour sans que certaines «feuilles de chou» n’inventent des médiations imaginaires en vue d’un rétablissement des relations du Maroc avec son voisin oriental. Si rien n’est moins vrai, la manœuvre répond à d’autres objectifs non-dits et apporte, in fine, la preuve de l’échec de la stratégie belliqueuse adoptée par Rabat à l’encontre d’une «Algérie belle, mais surtout rebelle».
Chaque fois qu’une éminente personnalité d’un pays ami visite l’Algérie, la phénoménale course aux intox, liées à une médiation pour rétablir les relations diplomatiques entre Alger et Rabat, est l’exercice préféré des «titres spécialisés marocains» qui ne dérogent guère à leur tradition acquise en la matière.
La dernière soi-disant médiation en date est donc liée à la visite du roi de Jordanie Abdallah II bin Hussein en Algérie, les 3 et 4 décembre derniers. Outre la réconciliation algéro-marocaine, les fake news évoquent aussi la réactivation du Gazoduc Maghreb-Europe.
Ces fake news ne peuvent être qualifiées que de propagande malsaine pratiquée par certains médias bien connus au Maroc, qui distribuent le rôle de «médiateur» à plusieurs pays, comme ce fut le cas avec le royaume hachémite de Jordanie. Cela tient à plusieurs raisons particulières, dont la nature des relations bilatérales, d’une part, et la position de l’Algérie en la matière, qui reste grandement «sans ambiguïté», d’autre part.
En soutenant crânement que des efforts de médiation jordaniens ont fait l’objet de discussions entre les deux parties, La Vanguardia, qui n’est à cette occasion rien d’autre qu’un incubateur de fausses informations, prend les désirs de ses commanditaires pour la réalité.
«Les raisons qui ont présidé à la décision de rupture des relations avec le Maroc n’ont pas changé, et la position de l’Algérie, à cet égard, ne changera pas non plus.» Cette synthèse est on ne peut plus claire à propos de toute initiative de médiation.
Tout cela pour dire que la fine équipe d’intrus récidivistes agitent l’épouvantail d’une diabolisation de notre pays par exercices et autres démonstrations de pacotille, les allégations et les mensonges comme seul langage davantage destiné à présenter à la consommation intérieure l’Algérie comme «Etat voyou» refusant le dialogue et la main tendue du Maroc.
Encore faudrait-il ne pas céder à l’instrumentalisation de prétendues médiations, quelles qu’elles soient et, surtout, ne pas s’imaginer que l’Algérie avalerait l’histoire du «merlan en colère» en restant hypnotisée par l’image. Elle ne mésestime ni ne surestime les valeurs des uns et autres. Elle est simplement consciente que ceux qui ont diffusé ce mensonge (médiation, ndlr) sont ceux-là mêmes qui ont regretté qu’il ne soit pas vrai. Si cette histoire est, en extrapolant, facile à narrer, à raconter, il est difficile en revanche de savoir la déchiffrer.
M. K.
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