Indice de développement humain 2022 : l’Algérie devance le Maroc de très loin
Une contribution d’Abderrahmane Mebtoul – L’édition du rapport annuel 2021-2022, publiée le 8 septembre 2022 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), rapport intitulé «Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation», note avec amertume que «nous vivons dans un monde d’inquiétude». Dans la dernière édition de l’organisme onusien, l’Algérie a donc été classée à la 91e place sur 191 pays notés avec un indice de 0,745, occupant ainsi la première place en Afrique du Nord en termes de développement humain, classée dans la catégorie «élevé», suivie par l’Egypte et la Tunisie qui sont classées à la 2e place, la Libye au 3e rang alors que le Maroc arrive au bas du tableau, dans la catégorie «moyen». En Afrique, l’Algérie s’est positionnée au 3e rang, derrière les Seychelles et l’Ile Maurice, devançant l’Egypte et la Tunisie, à la 4e place, la Libye à la 5e, l’Afrique du Sud à la 6e et le Maroc à la 10e place, selon le même document.
Sur les 191 pays classés par le rapport du PNUD, l’Algérie occupe le 91e rang devant la Tunisie et l’Egypte (97e), la Libye (104e), l’Afrique du Sud (109e) et le Maroc (123e). La tête du classement mondial est occupée par la Suisse, suivie respectivement par la Norvège et l’Islande, alors que le Soudan du Sud, le Tchad, le Niger, la République centrafricaine, le Burundi, le Mali, le Mozambique et le Burkina Faso viennent en bas du classement, dans la catégorie des IDH «faibles».
Malgré des efforts louables fournis par l’Algérie, il reste beaucoup d’efforts à consentir dans l’éducation et la santé en termes d’investissement. Mais il faut reconnaître l’existence d’une gestion mitigée, laquelle s’explique, par exemple, par le fait que bon nombre de responsables ou de personnes fortunés se soignent à l’étranger et envoient leurs enfants poursuivre des études à l’étranger ou dépensent sans compter pour des cours particuliers. Dans le domaine de l’éducation, nous assistons à la baisse du niveau – l’Etat ayant misé sur la quantité et non la qualité, tant à l’école qu’à l’université –, une inadaptation de la formation professionnelle aux nouvelles mutations, une importante déperdition du primaire au secondaire, puis du secondaire aux universités. Un constat qui a conduit le Conseil des ministres à revoir le fonctionnement de l’université dont le niveau est fonction du niveau de l‘école, du primaire au secondaire. La mise en place d’un grand ministère de l’Education nationale et de l’Economie est souhaitable pour une meilleure synchronisation des actions.
Il faut prêter une attention particulière aux Indices du développement humain du PNUD qui constituent une percée importante dans le domaine de l’utilisation d’indicateurs plus crédibles que le Produit intérieur brut (PIB). Mais la composante de l’IDH devrait être perfectionnée car les indicateurs retenus, la qualité et la fiabilité des données sont très variables d’un pays à l’autre, une moyenne étant peu significative qui doit tenir compte des inégalités tant socioprofessionnelles que spatiales. L’analyse qualitative doit suppléer nécessairement la déficience quantitative.
Il est, par ailleurs, souhaitable de compléter cet indice par de nouveaux indicateurs qui prennent en compte la bonne gouvernance dont, notamment, les indices de corruption, les libertés économiques et publiques, la durabilité environnementale et, pour les pays du tiers-monde, le poids de la sphère informelle, tout cela supposant un appareil statistique performant et adapté à chaque situation sociale.
A. M.
Professeur des universités, docteur d’Etat (1974), expert international
Ndlr : Le titre est de la rédaction.
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